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Témoignage de Jacques Colombani sur les activités du mouvement Franc-Tireur, 1949

Légende :

Témoignage du résistant Jacques Colombani recueilli les 14 et 16 mars 1949 par le correspondant marseillais du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale

Genre : Image

Type : Témoignage

Source : © AD des Bouches-du-Rhône 44 J 43 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié sur papier pelure de deux pages (voir recto-verso).

Date document : 14 et 16 mars 1949

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Jacques Colombani revient pour le Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale sur son action dans la Résistance.

Il est contacté en 1941 par Constantin Mélidès, l’un des fondateurs du mouvement Franc-Tireur à Marseille et, à nouveau, en 1942 par le chef régional de Franc-tireur, John Ulysse Mentha, assureur à Toulon. On ne sait si la première approche n'a rien donné ou s'il y a un manque de coordination entre le niveau local et le niveau régional.


Le document montre les différents aspects de l'activité du mouvement Franc-Tireur :

- la propagande à travers la diffusion du journal et des tracts du mouvement, assurée à partir de l'entreprise Pivolo par les frères Brunini (voir les notices en médias liés) et des actions ponctuelles comme l'incrustation de photos du général de Gaulle sur des timbres à l'effigie du maréchal Pétain ;

- le renseignement militaire  et l'action armée ;

- l'aide aux réfractaires du STO ;

- l'organisation de coups de main pour faire évader des résistants détenus à la prison marseillaise du boulevard Chave et à Aix-en-Provence.


Les résistants appartenant à un mouvement pouvaient être contactés par un autre. Jean-François Guérini, socialiste et apparenté à Jean-François Leca, responsable Franc-Tireur pour Marseille, approche Jacques Colombani pour le mouvement « Libérer et Fédérer » fondé en 1942 par Silvio Trentin, professeur de droit et député du Parti Démocratie sociale pour la circonscription de Venise, exilé dans le Sud-Ouest de la France en 1926. Jacques Colombani ne donne pas de précision sur le résultat de cette démarche.

Jacques Colombani échappe aux arrestations qui déciment le mouvement Franc-Tireur de mars à août 1943 (arrestations de Constantin Mélidès, de Jean-François Leca, de Pierre Brunini pour ne citer que les résistants nommés dans le document) et participe aux combats pour la libération de Marseille dans les rangs des Milices patriotiques, liées au Parti communiste.


Sylvie Orsoni

Contexte historique

Le témoignage de Jacques Colombani est riche d'enseignements sur le fonctionnement de la Résistance. Il nous montre comment les mouvements recrutaient. Les responsables tentaient des approches auprès de personnes susceptibles d'être réceptives. Il était fréquent que le membre d'un mouvement ou d'un réseau soit sollicité par d'autres organisations car le vivier de personnes prêtes à risquer leur vie était relativement réduit.

Le mouvement Franc-Tireur recrute principalement dans les milieux commerçants (Constantin Mélidès est importateur-exportateur, les frères Brunini, fabricants de glaces) et les fonctionnaires, municipaux (Jean-François Leca) ou d'État (Jacques Colombani).
À partir de 1942, Franc-Tireur joint à son action de propagande la formation de Groupes Francs (G.F.), destinés à des actions armées. Jamais Franc-Tireur ne pourra rivaliser dans ce domaine avec d'autres mouvements, tels Combat. L'implantation géographique du mouvement qui naît à Lyon se diffuse à toute la zone Sud, comme en témoigne Jacques Colombani.
Le mouvement Franc-Tireur est décimé à partir de mars 1943 par le SIPO-SD [voir la notice  consacrée à Pierre Brunini, en médias liés].  Raymond Deleule, responsable des G.F. de Franc-Tireur pour la région R2 et Albert Hagège, qui succède à Jean-François Leca pour Marseille, ne trouvent guère qu'une dizaine de combattants potentiels.

Le parcours de Jacques Colombani, qui finit la guerre dans une organisation liée au Parti communiste, montre que beaucoup de résistants n'accordaient pas trop d'importance aux étiquettes politiques éventuelles  des formations auxquelles ils adhéraient, du moment que celles-ci leur permettaient de lutter contre l'occupant et Vichy.


Auteur : Sylvie Orsoni

Sources :

Madeleine Baudouin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine. Thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977, 3 vol., 820 pages.

Jean-Pierre Lévy, avec la collaboration de Dominique Veillon, Mémoires d'un franc-Tireur. Itinéraire d'un résistant (1940-1944). Bruxelles Complexe/ IHTP, 1998.

Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3. Paris, Syllepse, 2011.

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 4. Paris, Syllepse, 2014.

Dominique Veillon, Le Franc-Tireur. Un journal clandestin, un mouvement de résistance. 1940-1944. Paris, Flammarion, 1977.