Libération et après-libération dans la Drôme
Une première invasion du nord du département en juin 1940, la zone non occupée, une deuxième invasion allemande en novembre 1942, l’occupation italienne puis allemande, quatre ans de vie perturbée, de privations, de brimades, d’exactions, de massacres, de lutte pour reconquérir la liberté. En 1944, la Libération était attendue avec impatience. Le débarquement du 6 juin a marqué un saut dans cet espoir ; celui du 15 août en Provence a été le déclic de la fin de l’occupation puisque les armées alliées étaient aux portes de la Drôme moins d’une semaine après. Les derniers combats des FFI et des Alliés ont été rudes et ont laissé des traces indélébiles. La Drôme était définitivement libérée le 1er septembre 1944 dans la liesse populaire : c’était la fin de la période d’oppression. Commençait alors la reconstruction dans les esprits, dans les institutions, dans les villes et les villages.
Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.
Après le 6 juin 1944 haut ▲
Les résistants, et la majorité des Drômois, vivent dans l’attente des Alliés. Des messages à la radio compris par les seuls responsables de la Résistance annoncent le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. C’est le signal d’une véritable levée en masse des volontaires. De nombreux jeunes, comme ceux de Romans et de Bourg-de-Péage, le 9 juin, rejoignent les maquis. Les armes sortent des cachettes et sont distribuées à ces résistants, la plupart inexpérimentés, comme le 6 juin à Crest. Le combat prend une autre forme, de la guérilla clandestine, il apparaît au grand jour. De 400 résistants avant, le Vercors en compte maintenant 4 000.
Cette période du 6 juin au 31 août 1944 sera, pour la Drôme, la plus intense dans la lutte contre l’occupant et le gouvernement de Vichy, la plus meurtrière aussi.
L’intensification des combats a permis, après le débarquement du 15 août en Provence, que les Alliés progressent beaucoup plus vite tant par la route des Alpes que dans la vallée du Rhône marquée par l’intense bataille de Montélimar.
Les derniers Allemands quittent les communes du nord de la Drôme le 31 août 1944.
Past June 6, 1944
Resistants, as well as the majority of the inhabitants of Drôme, live in expectation of the Allies. Radio messages announcing the landing in Normandy, on June 6 1944, were solely understood by the Resistance leaders. They were followed by a genuine mass uprising of the volunteers. Many young people, such as in Romans and Bourg-de-Péage, join the maquis on June 9. Weapons are taken out of hiding and distributed to these most inexperienced resistants as it occured on June 6 in Crest. The battle takes another form, from that of underground guerilla warfare, it is being disclosed in bright daylight. The 400 resistant grew to 4,000 in Vercors.
This period from June 6 to August 31, 1944, will be, for Drôme, the most intense fight against the occupier and the Vichy government, as well as the most deadly.
The intensification of the fighting has, after the landing in Provence on August 15, led the Allies to progress much faster through the Alps and the Rhône valley, which was marked by the intense battle of Montélimar.
The remaining Germans left the towns north of Drôme on August 31, 1944.
Traduction : Grace Hoffman
Fédération des FFI, Pour l’amour de la France, édition Peuple Libre, Valence, 1989, 494 p.
Assaut allemand sur le Vercors haut ▲
Juillet 1944 reste un symbole de la Résistance française.
Avant d'investir le massif, les Allemands l'ont encerclé après de durs combats sur les Pas (cols), à Saint-Nizier sur le flanc isérois du massif, au sud de celui-ci dans la vallée de la Drôme, aux cols de Cabre et de Grimone. Ils ont pris Die et Saint-Nazaire-en-Royans. Le 21 juillet au matin une attaque aéroportée sur Vassieux prend par surprise l'armée du Vercors.
En trois jours, les Allemands sont vainqueurs laissant des centaines de morts, civils et résistants, des centaines de maisons détruites. Mais dès qu'ils quittent la zone qu'ils pensent avoir neutralisée, les actions de guérilla de la part des résistants reprennent.
Les combats du Vercors ont marqué durablement la mémoire régionale et même nationale, occultant souvent ceux menés ailleurs, notamment autour du massif et dans le reste de la Drôme.
Événement accapareur, le martyre du Vercors symbolise celui de la Résistance et de la population française.
Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.
Bombardements, massacres, déportations (6 juin à fin août 1944) haut ▲
Après le 6 juin, on déplore la mort de nombreux Drômois. Les bombardements allemands, bien que dix fois moins meurtriers que ceux des Alliés, visent les centres de la Résistance et le pourtour du Vercors pour en faciliter l’assaut. Leur brutalité aveugle terrorise la population. Les déportations, tant de « politiques » que de Juifs, se poursuivent, même après la retraite allemande, frappant des gens déjà emprisonnés ou faciles à saisir ou des résistants pris dans les combats. Enfin, l’affolement et la débandade des occupants nazis les conduisent à une sauvagerie extrême et à des massacres.
Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.
Arrivée des Alliés haut ▲
Les Alliés arrivent en Drôme, principalement par la route Napoléon, lors de la phase d’exploitation du débarquement de Provence.
En tête du 6e corps d’armée états-unien, composé des 3e, 36e et 45e divisions d’infanterie la Task Force Butler doit bloquer, dès le 21 août 1944, la retraite de l’ennemi en vallée du Rhône. Ce modeste élément de 1 500 hommes comprend : un escadron de reconnaissance, deux escadrons de chars, un escadron de chasseurs de chars, un bataillon d’infanterie portée, un groupe d’artillerie blindé et une compagnie du génie. Heureusement, Butler est suivi par la 36e division d’infanterie du Major-General Dahlquist au complet. Cette division contrôle Crest, la plaine des Andrans et Nyons, dès le 22 août.
La 3e division d’infanterie du Major-General 0’Daniel est aux portes de Montélimar le 27 août. Le département est libéré en totalité le 31 août.
Funk Arthur L. Les Alliés et la Résistance, Édisud, Aix-en-Provence, 2001. Gaujac Paul, La guerre en Provence. Balliot Pierre, Le chaudron, autoédition, 2007.
Libération des villes et des villages haut ▲
La libération d’une localité n’est assurée qu’à la condition que l’occupant ne soit plus en mesure d’y reprendre pied. Ce qui est généralement le cas avec l’arrivée des Alliés.
Pour avoir mésestimé la réaction de l’ennemi, des tentatives échouent à Valence et à Romans.
Il arrive que les maquis locaux règlent le sort de petites garnisons isolées en pays hostiles et souvent démoralisées. Connaissant le poids des exactions qu’ils ont commises, les Allemands cherchent à prolonger leur résistance parce qu'ils considèrent les résistants comme des francs-tireurs, des terroristes, dont on leur a dit qu'ils ne leur feraient pas de cadeau, et qu'ils veulent se rendre à l’armée régulière états-unienne.
Funk Arthur L. Les Alliés et la Résistance, Édisud, Aix-en-Provence, 2001. Gaujac Paul, La guerre en Provence. Balliot Pierre, Le chaudron, autoédition, 2007.
Après libération haut ▲
Après quatre années de guerre et de gouvernement de Vichy, un bref moment de trouble accompagne la Libération. Ce sont d’abord des jours d’émotion, de liesse pour la grande majorité des Drômois. On fête les résistants, les soldats alliés et de la France libre. Des prises d’armes, des revues sont organisées dans les principales agglomérations, des résistants sont décorés. Les jeunes peuvent organiser des bals publics et exprimer un véritable retour à la vie.
Rapidement après cette brève période d’euphorie, de nombreux problèmes se présentent à tous. S’il faut sanctionner les collaborateurs qui ont contribué à la souffrance des gens, il faut que la justice s’exerce suivant des règles démocratiques. Les fonctionnaires déplacés doivent retrouver leur poste. L’économie doit recréer les conditions de sa reprise. Les transports ne sont pas rétablis magiquement. Les prisonniers et les déportés survivants ne reviendront d’Allemagne qu’à la fin du printemps 1945. Des maquisards se sont engagés dans l’armée jusqu’à la fin de la guerre. L’énergie continue à être contingentée. Les restrictions demeurent parfois jusqu’en 1949 pour certaines denrées. Les municipalités installées par Vichy, sans demander l’avis des habitants, doivent être destituées et remplacées par des conseillers et maires désignés par les mouvements de Résistance, choisis parmi les anciens conseillers évincés ou les résistants, en attendant les élections de 1945. Les Comités de Libération suppléent souvent ces municipalités ou aident celles qui sont restées en place. Il faut reconstruire les ponts, les maisons, les quartiers, les villages détruits par les bombardements ou les combats.
Les journaux collaborateurs – Le Petit Dauphinois et Le Nouvelliste, les quotidiens lus dans la Drôme – sont interdits. Des journaux issus de la Résistance les remplacent comme Les Allobroges, Le Dauphiné Libéré ou Le Travailleur alpin. Des journaux clandestins sont publiés au grand jour, tels Le Résistant de la Drôme, organe du CDL (Comité départemental de Libération) ou Le Patriote romanais et péageois, par exemple, mais leur existence est éphémère.
L’après-libération est aussi une période enthousiasmante. Elle voit la concrétisation des projets contenus dans le programme du Conseil national de la Résistance. C’est, par exemple, la mise en place de la Sécurité sociale en octobre 1945. C’est la possibilité pour les femmes de voter.
François Marcot (sous la direction de), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions R. Laffont. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007. Claude Alphan