Brassard avec tampon du Comité national de la Résistance Police
Légende :
Un des modèles de brassard porté par les policiers résistants en août 1944
Genre : Image
Type : Brassard
Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris Droits réservés
Détails techniques :
Brassard en tissu
Date document : Août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Analyse média
Brassard réalisé à partir d'un ruban d'inauguration tricolore sur laquelle ont été ajoutés au pochoir le V et la croix de Lorraine. Le cachet porte la mention "RF Comité national de la Résistance Police". Ces brassards ont été portés par les policiers résistants lors des combats de la libération de Paris et notamment à la Préfecture de police comme l'attestent plusieurs photographies (voir album). Ce type de brassard devait simplement être porté tenu par deux épingles à nourrice.
Fabrice Bourrée
Contexte historique
La grève générale de la police parisienne
Les archives internes du FN de la Police permettent de préciser certains ressorts de cette spectaculaire mobilisation qu'aucun état-major résistant n'a orchestrée - André Carrel rapporte que, le 29 juillet 1944, à la commission militaire du CPL, "personne ne savait par quel bout prendre les forces de police dans l'insurrection". Le 11 août 1944 encore, l'initiateur de la grève générale de la police est loin d'entrevoir le possible d'une telle action. Ce jour-là, écartelé entre l'animation d'un appareil qui pilote désormais trois groupements - policiers, gendarmes et gardes républicains - et la présidence du CDL de Seine-et-Oise dont le départ pour Versailles est imminent, Serge Lefranc demande à André Carrel d'envisager son remplacement par Arthur Airaud et Lucien Saintier à la tête du FN de la police. Suggestion sans lendemains. Dans la soirée du 12 août 1944, Serge Lefranc et Léon Pierre se voient proposer par Henri Ribière et Joseph Lamboley une réunion à trois (FN de la Police, Honneur de la Police, Police et Patrie) destinée à traiter d'épuration et de nominations. A la demande des dirigeants du FN, l'ordre du jour prévoit finalement aussi le débat sur l'action commune.
Rendez-vous est pris pour le 14 août à 14 heures. La veille, le comité directeur du FN de la Police, élargi aux directions de divisions (soit 14 présents), se réunit au domicile de Marcel Torchy, 18 rue Vulpian (Paris, XIIIe arrondissement). Informés en séance - vers 11 heures - du désarmement par l'occupant des commissariats de Saint-Denis, Saint-Ouen et Asnières, et entraînés par Serge Lefranc, les présents décident unanimement d'appeler à la grève générale pour le 15 août à 7 heures. A 12h 15, Serge Lefranc et Léon Pierre rencontrent Joseph Lamboley et Edgar Pisani qui adhèrent au projet et proposent de faire imprimer l'appel à la grève. Par la suite, Serge Lefranc rencontre Henri Rol-Tanguy puis André Carrel qui, d'abord surpris, donne son accord à 17 heures. Entre-temps, le comité directeur du FN Gendarmerie a appelé les gendarmes d'Ile-de-France à se mettre en tenue civile. Dans la soirée, la nouvelle se répand dans les commissariats. Inquiet, l'occupant rend les armes confisquées.
Comme convenu, le 14 août à 14 heures, se tient la première réunion du Comité de libération de la police : Yves Bayet (Honneur de la Police), Roger Priou, Edgar Pisani et Joseph Lamboley pour Police et Patrie, Serge Lefranc et Léon Pierre pour le FN de la police, en présence de Lucien Saintier et 'Jacques', gardes du corps, et d'Henri Rol-Tanguy, chef régional FFI. Les présents s'accordent à désigner un triumvirat composé d'Yves Bayet, Achille Peretti et Arthur Airaud pour assurer l'intérim de Charles Luizet, mais ils s'en remettent au CPL pour désigner le président du Comité de libération de la police parisienne, poste revendiqué par le FN. Suivent les débats sur l'appel à la grève générale. Serge Lefranc raconte : " [...] Je demande à Edouard [Edgar Pisani] où sont les 20.000 tracts promis. Edouard [Edgar Pisani] regarde Durand [Roger Priou] et paraît ennuyé. Dupuis [Léon Pierre] tranche dans le vif en disant : ‘j'ai compris, tu as reçu l'ordre de ne pas les faire imprimer, réponds franchement !'. Edouard [Edgar Pisani] est visiblement gêné, mais ne répond pas à la question... J'explique à tous, les raisons qui ont motivé notre décision de grève générale [...]. Durand [Roger Priou] de Police et Patrie prend la parole. Il demande si j'ai bien pesé les conséquences d'un échec possible de cette grève, il déclare qu'il faut réfléchir avant de prendre une telle décision. Boucher [Yves Bayet] d'Honneur de la Police pense qu'il faut préserver l'avenir et qu'il serait préférable, tout au moins, de donner l'ordre de cesser le travail sans faire figurer dans le texte les mots ‘grève générale'. Je réponds que la condition initiale du succès est l'accord sans réticences d'Honneur de la Police et de Police et Patrie. [...] [Le colonel Henri Rol -Tanguy intervient]. Durand [Roger Priou] demande que l'appel des FFI soit imprimé au verso de l'appel de grève[55]. L'accord est fait et le mot d'ordre lancé par le FN de la police, le 13 août à 11 h du matin, pour le 15 août à 7h du matin est confirmé par toutes les organisations. [...] ".
En somme, une décision portée par le terrain - les dirigeants du FN de la police mais aussi certains cadres de Police et Patrie - que, tout comme Yves Bayet et Roger Priou, Alexandre Parodi entérine peu après. De son côté, en aval immédiat de la réunion du Comité de libération de la police, le FN de la gendarmerie appelle désormais à "la grève perlée" et préconise, en cas de réquisition, de faire montre d'une "inertie totale". Le 15 août 1944, dès 7 heures, la grève générale est effective dans les commissariats. L'impression produite sur la population est considérable. Au Comité de libération de la police parisienne, en fin de matinée, Yves Bayet et Roger Priou confient à André Fournet et ‘David' - Honneur de la Police -, Edgard Pisani et Joseph Lamboley - Police et Patrie -, le soin de conférer avec Léon Pierre et Serge Lefranc. Le 16 août 1944, ce dernier rend compte à André Carrel : " [...] La grève est totale, il faut maintenant passer au stade actif, j'ai donné des ordres à nos camarades dans ce sens. Au Comité de Libération de la Police nous avons siégé hier soir jusqu'à 19h30. Les grands chefs de ‘Police et Patrie' (Durand) [Roger Priou] et de ‘Honneur de la Police' (Boucher) [Yves Bayet] ne sont pas revenus siéger de l'après-midi, ils ont délégué à leur place des camarades de seconde zone, ces messieurs doivent avoir peur pour leur peau ; je dois donc te dire que c'est moi qui dirige le mouvement, je n'ai aucun mal pour convaincre les camarades présents. Deux tracts paraîtront ce matin, c'est moi qui les ai rédigés, ils ont été acceptés à l'unanimité : l'un s'adresse aux policiers, l'autre au Peuple de Paris. [...] Nous orientons donc les gars vers la bagarre, j'ai donné des ordres à tous nos camarades dans ce sens afin qu'ils entraînent la masse. Mon cher Vallès [André Carrel] il faut faire démarrer rapidement la RP pour la grève générale afin que les flics ne se sentent pas seuls, c'est une nécessité urgente [...]."
Dans le rapport qu'il rédige le 17 août 1944 Serge Lefranc montre qu'en dépit de l'ampleur du mouvement des policiers et des consignes du FN aux gendarmes, ceux-ci peinent à emboîter le pas : " La grève continue à 100% sauf une légère reprise à Aubervilliers [...]. L'appel que j'ai rédigé ‘Au peuple de Paris' sortira aujourd'hui en tract et demain en affiche. [...] J'ai vu Rocca hier soir : les gendarmes refusent tout service mais l'attentisme continue, certains gendarmes sont mêmes allés à la Cité remplacer les flics, il est vrai que cette question n'avait pas été réglée, j'ai donné des ordres impératifs à Ursus [lieutenant-colonel Capdevielle], il doit déclencher une grève immédiate de solidarité dans la garde de Paris (3.000 hommes) et les gendarmes doivent tous se mettre en civil et passer à l'action contre le boche par groupe de 4. [...] Nous siégeons en permanence, et c'est toute notre organisation FN Police qui fait tout le travail, avec nos dévoués permanents hommes et femmes, je n'ai pas vu un seul homme de liaison ni de Honneur de la Police, ni de Police et Patrie, heureusement que notre organisation est solide, car tout se serait effondré. [...] Bussières s'est promené dans les arrondissements mais sans succès; tu liras son papier. Le Kommandant du Grand Paris a fait savoir hier soir à ce dernier que si le service n'était pas repris ce matin, la police allemande se substituerait à la police française, bravo ! [...] Mais ce qui ne va pas, Vallès [André Carrel], c'est au CPL, l'ordre de grève générale devrait être lancé, on perd du temps, il faut faire vite, très très vite, vous allez vous trouver dépassés par les événements, et ça il ne le faut pas. [...] "
Les écrits ultérieurs de Serge Lefranc confirment qu'au soir du 18 août 1944, les dirigeants du FN de la Police ignorent tout du plan d'occupation de la préfecture de police dressé, ce même jour, par Yves Bayet et Henri Ribière qui, à 18 heures encore, anime, dans un local proche de la mairie du VIIIe arrondissement une séance du Comité de libération de la Police parisienne consacrée à l'épuration.
Extrait de Daniel Virieux, "Le Front national dans la Police et la Gendarmerie d'Ile-de-France" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004
Groupe de FFI de la Préfecture de Police posant devant un camion sur lequel ont été peints un V avec une croix de Lorraine et la mention police. Le deuxième homme porte le brassard avec le tampon du Comité national de la Résistance Police.
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Groupe de FFI de la Préfecture de Police (détail)Ce FFI porte le brassard avec le tampon du Comité national de la Résistance Police.
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Groupe de résistants de la Préfecture de PoliceDes résistants de la Préfecture de Police arborant des brassards FFI ou CPL (Comité parisien de la Libération) posent avec leurs armes devant un drapeau pris aux Allemands.
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Groupe de résistants de la Préfecture de Police (détail)Détail de la photo du groupe de résistants de la Préfecture de Police, août 1944.
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