Drôme, Sainte-Croix - Saint-Julien-en-Quint : Les Tourettes

Légende :

Défilé, tunnels sur la route départementale 129 de Sainte-Croix à Saint-Julien-en-Quint.

Genre : Image

Type : Paysage

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur.

Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Contexte historique

Le combat du passage des Tourettes dans la vallée de Quint

Les Allemands, voulant dégager au plus large la Nationale 93, poussent donc des reconnaissances et des opérations de nettoyage par les vallées transversales des affluents, de part et d'autre de la vallée de la Drôme, mais n'ont pas la possibilité d'occuper le terrain en permanence. Le nettoyage est sans pitié : ainsi, au col des Tourettes près de Saint-Andéol, les Allemands trouvent à la ferme Bertrand deux membres de la compagnie Pons, Louis Vallet ou Viallet et Paul Brozille, qui avaient refusé de suivre leurs camarades et voulaient tenter leur chance isolément. Ils tuent les deux maquisards et incendient la ferme.
À 7 heures, ce 27 juillet 1944, une compagnie allemande portée attaque au pont des Tourettes entre Sainte-Croix et Saint-Julien-en-Quint. Venue de Combovin après l'attaque du 22 juin, la compagnie du lieutenant Henri Prongue ("Perrin"), qui garde le passage, fait sauter par explosif l'accès à la petite route de Vachères, résiste avec succès toute la journée et empêche les Allemands de franchir le passage. Vers midi, une deuxième attaque allemande oblige cette fois la compagnie à se replier, elle décroche à 17h30 après avoir fait sauter le pont des Tourettes. Un Allemand antinazi ayant rejoint la compagnie, se sacrifie en tenant en échec la colonne allemande jusqu'à épuisement de ses munitions pour permettre à ses camarades de s'échapper. Il est achevé par les Allemands. On ne connaît que son prénom : Rudolph. Trois résistants sont morts et cinq blessés. Les Allemands ont de nombreux tués et cinq camions hors d'usage. Ils contournent le pont et passent par le col de Marignac où le détachement de la compagnie Pons, commandé par Marion, évacue sa position sans que la riposte soit bien vigoureuse. Deux maquisards sont fusillés. Les Allemands descendent à Saint-Julien-en-Quint et Breton réoccupe le col. Peu après, De Lassus est bien décidé à dégrader l'officier qui commandait à Marignac : il le fait d'abord emprisonner puis poster avec une mitrailleuse au sommet d'un piton rocheux où il restera quinze jours.

Les combats dans la vallée de la Gervanne

Contrastant avec l'activité des autres secteurs du Vercors, la région de Beaufort-sur-Gervanne est restée calme jusqu'à ce jour, troublée seulement par quelques incursions allemandes. Mais les Allemands recherchent le PC de "Legrand", installé à la ferme des Maillets à L'Escoulin. Le 26 juillet, "Gap", de la compagnie "Pierre", aventuré dans Suze, est fait prisonnier par une patrouille allemande et fusillé le soir même devant le mur de l'usine de Blacons. Le 27 juillet, plusieurs colonnes allemandes remontent donc tout au long de la vallée de la Gervanne et se répandent à l'ouest sur les communes de Suze, Gigors, à l'est sur celles de Montclar, Beaufort, Eygluy. La bataille dure toute la journée.
À l'est de la Gervanne, une colonne allemande motorisée (environ cent véhicules et blindés), partie de Blacons, progresse vers Vaugelas tenu par la compagnie Maisonny ("Roger") et son adjoint le lieutenant Roux. Prise sous le feu de canons de 88 mm, cette compagnie ne peut réussir à traverser la rivière Drôme, elle franchit la montagne la Morouse et se replie sur le plateau de Véronne. Cinq résistants blessés échouent dans leur tentative de traverser la Drôme et sont faits prisonniers. Un mort et un blessé grave chez les FFI. Sept morts et huit blessés chez les Allemands.
Une autre colonne précédée de deux automitrailleuses est accrochée au pont de Chantemerle. Après un combat à la grenade, les Allemands arrivent dans la matinée à Beaufort, tenu par la compagnie "Pierre" qui résiste cinq heures : les hommes livrent un véritable combat de rue dans le village, allant jusqu'au corps à corps, essayant de défendre quelque temps le central téléphonique au nord du village, puis ils doivent décrocher à 15 h vers Lozeron et Plan-de-Baix. Une section de la compagnie Morin fait sauter le pont de la route menant à L'Escoulin. Les Allemands redescendent dans la vallée de la Drôme après avoir incendié les maisons épargnées lors des bombardements des 22 et 28 juin et quelques fermes alentour. Les FFI ayant causé des pertes à l'ennemi dégagent les axes d'attaque et se portent sur ses flancs. Trois résistants sont tués dans ce combat : Paul Aubanel, de Saint-Julien-en-Quint, Georges Budelot, de Valence, Louis Martinau, de Villeurbanne. Sept sont blessés. Les Allemands ont à déplorer plusieurs dizaines de tués et une grande quantité de blessés. Le lendemain, à l'aube, des patrouilles de la compagnie "Pierre" redescendent vers Beaufort. Le village est presque entièrement dévasté par le feu, les ruines fument encore. Les fermes qui avaient accueilli les maquisards ont été pillées et incendiées. Les paysans sont désorientés.
Dans la matinée de ce 27 juillet, une colonne allemande de treize camions et une automitrailleuse monte depuis Aouste en direction de Gigors. Vers Cobonne, elle est attaquée de flanc par la compagnie Brentrup renforcée de la compagnie Chapoutat, qui se replient ensuite vers Gigors et son hameau de La Rivière. La compagnie de "Pierre" (lieutenant Challan-Belval) manifeste aussi une forte résistance.
La compagnie Brentrup, environ 120 combattants très jeunes pour la plupart, s'installe en défensive à Gigors et au vieux Suze et, aidée par un groupe de Chapoutat, tient toute la journée face à la colonne de camions allemands. Le contact s'établit vers 8h30 ; une infiltration allemande par le vieux Suze ranime le combat. Le PC d'"Antoine" (Bénézech) à la ferme Bérard est atteint et incendié, mais les Allemands ne parviennent pas à passer et se retirent au soir. Les Allemands ont un nombre indéterminé de tués et quelques blessés. Ils incendient plusieurs fermes de la vallée de la Sye et abattent sauvagement Monsieur Raspail au hameau de la Rivière.
Le 28 juillet, les Allemands qui ont attaqué la veille aux Tourettes, à Beaufort et Gigors, ceinturant ainsi tout le Vercors, sont redescendus dans la vallée de la Drôme, évacuant toute la zone que la Résistance réoccupe progressivement dans la nuit, renforçant la vallée de Quint. L'intervention de l'aviation alliée stoppe une colonne allemande remontant la vallée de Cobonne et se dirigeant vers Gigors. Les avions alliés se font de plus en plus nombreux le long de la vallée de la Drôme. Ils attaquent les rassemblements ennemis. Ils viennent, en battant de l'aile à basse altitude, saluer les maquisards, qui répondent en agitant leurs couvertures.
Le 29 juillet, les FFI ont passé des heures difficiles sans matériel médical et avec quelques blessés urgents. Heureusement aucune plaie ne se trouve infectée et bien peu des blessés meurent malgré le peu de soins qu'on pouvait leur donner. Un sous-lieutenant du maquis de "Wap", Jean-Marc Netter, étudiant en médecine qui refusait de servir en tant que médecin, étant chef de section, reçut l'ordre de descendre dans la plaine en pleine bataille pour rechercher secours et médicaments. Il s'acquitte de sa mission avec succès et revient avec le médecin-capitaine Ferrand dont les services étaient assurés à la Résistance depuis longtemps et qui prend la tête des services de santé du département. Celui-ci installe une infirmerie régimentaire à Suze, puis dans les vastes locaux de la colonie de vacances à Plan-de-Baix. Au matin, Marcel Mermoz, de la compagnie Brentrup, transporte avec son gazogène les blessés de la compagnie à cette infirmerie. Les docteurs Jean et Martin, qui viennent du Sud-Drôme, rejoignent aussi l'infirmerie régimentaire des FFI. Le soir même, suite à la pression allemande, celle-ci doit se replier sur la vallée de la Gervanne puis, pendant la nuit, au quartier des Arbods à Omblèze.
L'attaque de Beaufort vient confirmer l'insuffisance de l'armement des maquisards pour s'opposer efficacement à la progression des unités allemandes. Leurs réserves en munitions sont fortement entamées. Aussi, après avoir réuni ses commandants d'unités à Plan-de-Baix, De Lassus ("Legrand") décide de rendre à chaque groupe son autonomie et lui affecte un secteur de nomadisation autour de L'Escoulin où le PC demeurera tant que possible. Le moral est intact malgré une situation peu brillante. La compagnie "Pierre" se rend dans la région d'Eygluy où, le 30, elle accroche un détachement allemand. Les Allemands se replient, mais incendient des fermes, dont celle de Bérard.
Fin juillet, les Allemands occupent le col des Limouches, le plateau d'Ambel, le col de la Bataille. Une forte reconnaissance allemande sur Eygluy, dans le but d'interdire l'accès de la vallée, est repoussée par la compagnie Chapoutat : les Allemands ont deux tués et trois blessés. Jacquot François, de la compagnie Sabatier, est tué sur le plateau d'Ambel en effectuant une liaison vers le PC de De Lassus à L'Escoulin.
Durant ces journées de fin juillet, 300 hommes, obéissant à l'ordre de dispersion, refluent à L'Escoulin depuis le Vercors.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.