Libération n°132, 8 juin 1943
Légende :
Journal Libération zone occupée n°132, 8 juin 1943
The Liberation newspaper for the occupied zone n°132, June 8th 1943
Genre : Image
Type : Journal
Source : © Bibliothèque Nationale de France (Gallica) Droits réservés
Détails techniques :
Document ronéotypé de quatre pages.
Date document : 8 juin 1943
Lieu : France
Analyse média
Ce numéro s'ouvre sur trois événements importants de l'année 1943 :
- la déclaration du Comité de la Libération
- le message du général de Gaulle au Conseil de la Résistance
- la déclaration du Conseil de la Résistance.
Les trois textes sont reproduits dans leur intégralité.
This edition focuses on three important events that occurred during 1943:
- the declaration of the Comité de la Libération (the Liberation Committee)
- General de Gaulle’s address to the National Council of Resistance
- the declaration of the National Council of Resistance
The three texts are reproduced in their entirety.
Traduction : Gabrielle Ciceri
Contexte historique
Les soixante et un premiers numéros de Libération sont conçus et rédigés par Christian Pineau qui signe sous divers pseudonymes comme "François Berteval" ou "Capitaine Brécourt" pour les articles traitant de sujets militaires. Jean Texcier reprend la rédaction du journal après le passage de Christian Pineau en zone Sud, aidé par Jean Cavaillès. Gaston Tessier donne régulièrement des articles, sous les pseudonymes de Jean Delarc, de Jeanne Lafrance ou de P.Loutil, Maurice Harmel signe Jean Fournès, le Dr Yves Porch'er "Capitaine Bricourt", Marcel Ferrières, beau-frère de Jean Cavaillès signe des articles à teneur économique du nom de Barafort. A ces collaborateurs réguliers s'ajoutent des participations occasionnelles comme celles de Louis Vallon, d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie ou de Pierre Brossolette.
Du premier numéro, daté du 1er décembre 1940, au dernier qui porte le numéro 190, la régularité hebdomadaire est tenue de manière exemplaire. Le format ne dépasse jamais la forme du tract, ronéotypé recto-verso puis imprimé à partir de septembre 1943. Le tirage augmente très progressivement et demeure modeste comparé aux autres feuilles clandestines : sept exemplaires pour les premiers numéros, une centaine en 1941, 350 au printemps 1942, un millier fin 1942, 4 000 au printemps 1943 puis à 40 000 exemplaires à la fin de l'Occupation.
Le journal constitue l'activité initiale pour la plupart des mouvements de Résistance, moyen d'informer face aux propagandes allemande et vichyssoise mais aussi moyen de sonder l'opinion afin de rassembler les bonnes volontés et de passer des consignes générales de combat. La diffusion demeure longtemps artisanale même si elle bénéficie très tôt des filières socialistes et syndicalistes. Yvonne Tillaut, secrétaire, amie de Christian Pineau, employée à la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail", 211 rue, Lafayette, tape les textes et tire plusieurs centaines d'exemplaires sur la ronéo de la Caisse, à la nuit tombée. Elle se charge également des envois par la poste, relayés par le recopiage et... le bouche à oreille. Puis Charles Laurent assure la multiplication d'un certain nombre d'exemplaires à la Fédération des Fonctionnaires, rue Mazarine. Auguste Bostsarron se charge un temps de la fabrication, sur la ronéo de la Foire de Paris.
Les informations nécessaires à la rédaction des articles proviennent de diverses sources, professionnelles, administratives, personnelles ou tirées de la presse suisse et de la radio anglaise. Les thèmes abordés sont politiques - les acteurs et faits de la collaboration sont rapportés par le menu, de manière souvent ironique - mais traitent majoritairement de la vie quotidienne, des problèmes de ravitaillement et des diverses formes du pillage allemand. S'y ajoutent de nombreux articles faisant preuve d'un optimisme patriotique ou militaire exacerbé, destinés à soutenir le moral des sympathisants ou à démoraliser l'ennemi.
Fabrication et diffusion se perfectionnent peu à peu. Norgeu, imprimeur spécialisé dans l'imagerie religieuse, installé au 34, rue du Moulin-Joli à Belleville, apporte le premier son concours à la fabrication du journal. A partir de juillet 1942, la famille Norgeu entière, qui se déclare à la fois "socialiste, syndicaliste et gaulliste", s'y consacre. Le papier manque, l'argent aussi. Pierre Fortassier, jeune normalien de la rue d'Ulm sert d'agent de liaison à Jean Texcier. Les colis de journaux partent par le train ou par la poste. Marthe Norgeu tape les enveloppes. Toute une équipe s'affaire et l'entreprise prend de l'ampleur. Jean Texcier s'adresse alors à un linotypiste alsacien Schulé, rue de Bondy, qui fabrique des plombs. Celui-ci assure, à partir du numéro 145 (7 septembre 1943), la composition du journal, tandis que les tirages sont effectués chez Racine, rue de Romainville. Le tirage s'élève alors à quelques dizaines de milliers d'exemplaires. Au mois d'avril 1944, une souricière est tendue par la Milice. Racine, prévenu, prend la fuite. Le journal cesse de paraître pendant un mois (21 avril-20 mai 1944) puis est de nouveau ronéotypé sur deux pages par Pierre Fortassier sur le duplicateur de la maison Norgeu. Les deux derniers numéros du journal sont imprimés sur les presses du journal L'Auto, 10, rue du Faubourg Montmartre.
La collection presque complète du journal est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale.
The first sixty one issues of the newspaper Libération were conceived and written by Christian Pineau who signed under a variety of pseudonyms such as “François Berteval” or “Capitaine Brécourt” for the articles dealing with military affairs. Jean Texcier took over the composition of the newspaper after Christian Pineau left for the South Zone, aided by Jean Cavaillès. Gaston Tessier regularly contributed articles under the pseudonyms of J"ean Delarc, Jeanne Lafrance or P.Loutil", Maurice Harmel signed "Jean Fournès", the Dr Yves Porch’er as “Capitaine Bricourt,” Marcel Ferrières, Jean Cavaillès' brother-in-law signed economic articles with the name "Barafort". To this regular collaborators were added, on occasion, Louis Vallon, Emmanuel d’Astier de la Vigerie or Pierre Brossolette.
From the first edition on December 1st 1940, to the last, number 190, the execution of the weekly paper was exemplary. The size never exceeded the shape of a pamphlet, mimeographed and printed double-sided since September 1943. The draft grew slowly and remained modest in comparison to other underground leaflets: there were seven copies for the first editions, one hundred in 1941, 350 in the spring of 1942, one thousand in late 1942, 4 000 the following spring and then 40 000 copies by the end of the Occupation.
The newspaper constituted the initial activity for the majority of the Resistance movements as it was a mode of information contrary to German and Vichy propaganda and also a means of voicing opinions and gathering the desires of the people while setting general fighting guidelines. The distribution remained artisanal for a long time even though it benefited very early on from the support of socialist and union networks. Yvonne Tillaut, a secretary and a friend of Christian Pineau, employed at the Caisse d’Assurances sociales (Social Insurance Fund) “Le Travail”, 221 rue Lafayette, typed and printed hundreds of copies on the Fund’s mimeograph when night fell. Additionally, she was responsible for the distribution by mail. Many copies were made by word of mouth. Then Charles Laurent was in charge of the multiplication of a certain number of copies at the Fédération des Fonctionnaires (civil servants' federation), rue Mazarine, while Auguste Bostsarron was responsible fora certain time of the publication on the mimeograph at the Foire de Paris (Paris fair).
The information was collected from a wide variety of sources that included professionals, administrators, employees or writers of the Swiss press or English radio. They explored political themes – the collaborators and their actions were often portrayed in minute detail with a great deal of irony – but the major focus was on daily life, the lack of provisions and the diverse forms of oppression utilized by the Germans. A great number of issues were dealt with exaggerated patriotic or military optimism so as to support the moral of sympathizers or to demoralize the enemy.
The publication and distribution were perfected bit by bit. Norgeu, a printer who specialized in religious imagery, installed at 34 rue du Moulin-Joli in Belleville, was one of the very first to get involved in the making and publishing of the newspaper. Fom July 1942 on, the whole Norgeu family, sharing "socialist, trade union and gaullist convictions", dedicates itself to the task. Paper and money are scarce. Young graduate from Ecole normale supérieure Pierre Fortassier serves as a liaison agent to Jean Texcier. The newspapers are transported by train or by traditional mail. Marthe Norgeu is in charge of typing names and addresses on mail enveloppes. The team is growing bigger. Jean Texcier then meets Alsacian linotypist Schulé, who is making lead letters, rue de Bondy. From that moment on (September 7, 1943), Schulé takes on the whole composition of the newspaper, while issues are being published at Racine, rue de Romainville. The printing reaches more than 10 000 issues. In April 1944, the Milice sets a trap for the team. Racine is able to run away, as he has been warned. The newspaper then ceassed to be published ( April 21 to May 20, 1944) before being roneoed again on a two-page format by Pierre Fortassier at the Norgeu's. The last two issues are printed on the newspaper L'Auto printing press at 10 rue du faubourg Montmartre.
The almost complete collection of newspaper Libération is nowadays kept at la Bibliothèque nationale.
Alya Aglan " Le journal Libération-Nord " in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Traduction : Gabrielle Ciceri