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André Dewavrin, dit Passy

Légende :

André Dewawrin, dit colonel "Passy", chef du BCRA de la France libre

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 1942 ou 1943 pour la photo du recto

Lieu : France

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Contexte historique

André Dewavrin est né le 9 juin 1911 à Paris (16e) dans une famille d'industriels. Il fait ses études secondaires au Collège Stanislas puis au lycée Louis-le-Grand. Polytechnicien, de la promotion 1932/1934, il choisit, à sa sortie, le Génie. Il est également licencié en droit. Lieutenant au 4e Régiment du Génie à Grenoble, il est ensuite, en 1938 et 1939, professeur adjoint de fortification à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Après la déclaration de guerre, il commande la 12e Compagnie d'Electromécaniciens à l'Etat-major général à Meaux puis il entre à l'Etat-major du Génie de la 9e armée à Verviers.
En avril 1940, il est commandant du Génie du corps expéditionnaire français en Norvège.

De retour de Narvik avec la division du général Béthouart, il débarque à Brest le 17 juin 1940, et rembarque aussitôt avec l'ensemble de la Division pour l'Angleterre. Installé dans un camp britannique, le capitaine Dewavrin, ayant entendu parler du général de Gaulle, se présente à Londres, à Saint Stephen's House, à l'Etat-major des Forces Françaises Libres à la fin du mois de juin. Il se place sous les ordres du général de Gaulle qui le charge de la direction des 2e et 3e Bureaux. André Dewavrin doit alors organiser un service de renseignements, au départ sans argent ni moyens de communications. Sous le pseudonyme de "Passy", avec le titre de chargé de mission de 1ère classe du Commissariat à l'Intérieur, il met sur pied, avec son adjoint André Manuel, le Service de Renseignements (SR) des Forces Françaises Libres qui devient le Bureau Central de Renseignements et d'Action Militaire (BCRAM) puis le BCRA. Grâce à l'impulsion que le lieutenant-colonel Passy donne à cet organisme, la France Libre peut porter à son crédit une masse considérable de renseignements militaires et civils sur la situation et l'action de l'ennemi en France.

Le BCRA comprend plusieurs sections indépendamment de la section de renseignements :
- Une section AM (Action Militaire) chargée de la formation des agents "action", des liaisons avec eux pendant leurs missions, des opérations d'atterrissage et de parachutage.
- Une section de Documentation Militaire, chargée, par l'exploitation des renseignements obtenus par le SR, de classer toutes les informations recueillies sur l'ennemi et de préparer des plans d'attaque des objectifs ennemis par des opérations paramilitaires. Elle préparera les différents Plans (Vert, Bleu, Violet).
- Une section NM (Non Militaire) chargée de toutes les questions politiques, classant les renseignements non militaires et les transmettant au Commissariat à l'Intérieur du Gouvernement Provisoire.
- Une section de Contre-Espionnage.

Le BCRA, avec à sa tête le colonel Passy, doit parfois se débattre dans les intrigues et la rivalité avec les services secrets britanniques et notamment avec le SOE du colonel Buckmaster. En février 1943, le colonel Passy accueille à Londres le général Delestraint, chef de l'Armée Secrète et Jean Moulin, de retour de France. Il assiste à l'émouvante remise de la Croix de la Libération à ce dernier dans le salon de la maison d'Hamstead des mains du général de Gaulle. A cette cérémonie n'assistent, outre le colonel Passy, que le général Delestraint, Pierre Billotte, André Philip et André Manuel.

Au même moment, André Dewavrin sollicite et obtient une mission en territoire occupé qui durera six semaines. Eu égard à sa qualité de chef des Services de Renseignements de la France Libre, l'obtention de cette mission est probablement un fait unique dans les annales des services secrets. Le départ de la mission "Arquebuse", pseudonyme de Passy, a lieu le 26 février 1943 après une tentative ratée quelques jours auparavant. Accompagné, à sa demande et pour bien montrer que les services français et britanniques fonctionnent ensemble et dans un même but, de l'officier britannique Yéo-Thomas, le lieutenant-colonel Passy est parachuté dans la région de Rouen avec pour mission de faire connaître sur le plan civil et militaire les directives du général de Gaulle dans l'ancienne zone Nord en collaboration avec le chef de la mission "Brumaire" (Pierre Brossolette), parachuté un mois auparavant, et "Rex" (Jean Moulin). Ayant retrouvé Brossolette à Paris, il rencontre avec lui les principaux responsables des différents réseaux et mouvements de la zone Nord ainsi que des responsables politiques. Malgré les recherches particulièrement acharnées de la Gestapo à laquelle il échappe plusieurs fois de justesse, il ne cesse son activité, apportant une contribution inappréciable à l'organisation tant civile que militaire de la Résistance. Après son retour à Londres toujours en compagnie de Brossolette, le 16 avril 1943, il remet au général de Gaulle un très long rapport sur les contacts pris et les résultats obtenus. Le 27 mai 1943, le général de Gaulle, à l'Ecole des Cadet de Ribbesford, décore le colonel Passy de la Croix de la Libération en même temps que Pierre Brossolette, Maurice Duclos ("Saint-Jacques"), Pierre Fourcaud, Antoine Bissagnet et René Pleven.

Le 27 juin 1943, le colonel Passy se rend à Alger pour prendre la Direction Technique de la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), résultat de la fusion du BCRA avec les Services Spéciaux du général Giraud. En février 1944, il quitte la DGSS et devient chef d'Etat-major du général Koenig, commandant des Forces Françaises en Angleterre et des Forces Françaises de l'Intérieur. Parachuté le 5 août 1944 dans la région de Guingamp pour assister la résistance bretonne, le colonel Passy, à la tête de 2 500 FFI avec des éléments américains, prend part à la libération de Paimpol qui fera 2 000 prisonniers dans les rangs allemands. Il revient aux Services Secrets en septembre 1944 et est chargé par le général de Gaulle de diverses missions en Amérique, aux Indes, en Chine et en Indochine. Il est alors colonel.

Il rentre en France en mai 1945 pour se voir confier la Direction Générale de la DGER (Direction Générale des Etudes et Recherches, ex-DGSS) puis celle du SDECE (Services de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage). Il démissionne en février 1946 après le départ du pouvoir du général de Gaulle. Dans ce que l’on a appelé l’affaire «Passy», il se voit accusé de détournement de fonds par le gouvernement et subit plus de 200 jours d’arrêt de forteresse sans obtenir le jugement qu’il demande.
En 1953, il est Ingénieur conseil à la Banque Worms puis, de 1963 à 1972, il est directeur général pour les opérations européennes du groupe textile américain D.H.J. et PDG de D.H.J. Industries Europe de 1965 à 1973. De 1967 à 1976, il est P.D.G. des Etablissements Japy.
Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine, André Dewavrin est également membre du Conseil de l'Ordre de la Légion d'honneur de 1981 à 1991.
Il est décédé à Paris le 20 décembre 1998. Il a été inhumé à l'ancien cimetière de Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine.

Décorations :
Grand-Croix de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 20 mai 1943 ; Croix de guerre 1939/1945 (4 citations) ; Médaille de la Résistance ; Distinguished Service Order (GB) ; Military Cross (GB) ; Croix de Guerre norvégienne

Publications : 
Souvenirs t.1. Deuxième Bureau, Londres, Raoul Solar, Monaco, 1947
Souvenirs t.2. 10, Duke Street, Londres (Le B.C.R.A.), Raoul Solar, Monaco, 1948
Missions Secrètes en France, novembre 1942-juin 1943, souvenirs du B.C.R.A, Plon, Paris, 1951

 

André “Passy” Dewavrin

Legend: André Dewavrin, called Colonel “Passy”, head of the BCRA of Free France.

André Dewavrin was born June 9, 1911 in Paris (16th) into an industrialist family. He attended secondary school at Collège Stanislas and then high school at Louis-le-Grand. He was at polytechnical university from 1932-1934 and chose in the end to become a military engineer. He was also licensed in law. Lieutenant of the 4th regiment of the Military Engineers at Grenoble, he was then, in 1938 and 1939, ad joint professor of fortification at the Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. After the declaration of war, he commanded the 12th Company of Electro-mechanics of the Major General at Meaux and then entered the Major General of Engineers in the 9th Army at Verviers. In April 1940, Dewavrin was Commander of the Corps of French Expeditionary Engineers in Norway. On the return from Norway with the division of General Béthouart, he left for Brest June 17, 1940 and then directly after joined the Division for England. Installed in a British camp, Captain Dewavrin, having heard Charles de Gaulle speak, introduced himself in London, at Saint Stephen’s House, to the Major General of Free French Forces at the end of June. He was placed under the orders of General de Gaulle who charged him with the direction of the 2nd and 3rd Bureaus. André Dewavrin would have to then organize an intelligence service without money nor a means of communicating. Under the pseudonym “Passy”, with the title in charge of mission 1st class of the Commissariat of the Interior, he established, with his partner André Manuel, the Intelligence Service (SR) of the Free French Forces which became the Bureau of Central Intelligence and Military Action (BCRAM) and then the BCRA. Thanks to the pulse which Colonel Passy gave to this organization, France Libre could take to its credit a considerable amount of military and civil intelligence on the enemy’s situation and action in France. The BCRA held many sections independent from the intelligence section as well:

- A section of military action charged with the formation of “action” agents, of meeting with those during their missions, of landing operations and parachuting.

-A section of military documentation charged, for the exploitation of intelligence obtained by the SR, of classifying all recovered information about the enemy and preparing plans of attack for paramilitary operations.

-A section non-military charged with all the political questions, classifying the non military intelligence and transmitting to the Commissariat of the Interior of the Provisional Government.

-A section of counter-espionage.

 

The BCRA, with at its head Colonel Passy, would sometimes have endure discord because its rivalry with the British secret services and notably with the SOE of Colonel Buckmaster. In February 1943 Colonel Passy welcomed to London General Delestraint, head of the Secret Army (AS), and Jean Moulin returned to France. He attended the touching replacement of the Croix de la Liberation at the salon of the Hamstead house in the hands of General de Gaulle. The ceremony was attended only by, other than Colonel Passy, Pierre Billotte, André Phillip, and André Manuel. At the same time, André Dewavrin solicited and obtained a mission in the occupied territory that would last six weeks.  Having considered his quality of movement heads of the Intelligence Services in France Libre, the following mission was most likely unique to the annals of clandestine service. The beginning of mission “Arquebuse”, the pseudonym of Passy, took place February 26, 1943 after being tentatively postponed some days earlier. Accompanied by, at his demand and to show that the French and British services could function together, British officer Yeo-Thomas, Lieutenant-Colonel Passy was parachuted into the Rouen region for a mission to disclose the civil and military plans of De Gaulle to the old north zone in collaboration with the head of the mission “Brumaire” (Pierre Brossolette), who had parachuted in a month before with “Rex” (Jean Moulin). Having found Brossolette in Paris, he met with him and the principal heads of different networks in the northern zones as well as those in charge of the political movements. In spite of the particularly fierce pursuit by the Gestapo at which he escaped multiple times, he did not cease his activity, bringing an unappreciable contribution to the organization in both civil and military regards to the Resistance. After his return to London, always in the company of Brossolette, April 16, 1943 he gave to General de Gaulle a long report about the contacts made and the results of the trip. May 27, 1943 De Gaulle, at the School of Cadets at Ribbesford, decorated Colonel Passy with the Croix de la Libération at the same time as Pierre Brossolette, Maurice Duclos (“Saint-Jacques”), Pierre Fourcaud, Antoine Bissagnet, and René Pleven.

On June 27, 1943, Colonel Passy went to Algiers to take the Direction Technique de la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS), resulting in the fusion of the BCRA with the Special Services of General Giraud. In February 1944, he left the DGSS and became head major for General Koenig, commander of the French Forces in England and of French Forces of the Interior. Parachuted into the Guingamp region August 5, 1944 in order to assist the resistance in Brittany, Colonel Passy, leading 2,500 FFI men with American Assistance, liberated Paimpol and would also take 2,000 German prisoners.  He returned to the Secret Services in September 1944 and was charged by General de Gaulle with a number of missions in America, India, China, and French Indochina. He was then officially a colonel.

He reentered France in May 1945 to see himself conferred the Direction Générale de la DGER (Direction Générale des Etude et Recherches, ex-DGSS) then the SDECE (Services de Documentation Extérieure et Contre-Espionnage). He left his post in February 1946 after the departure from power of General de Gaulle. In what one has denoted the “Passy Affair”, he was accused of embezzling funds from the government and suffered more than 200 days of arrest without being granted the trial he asked for. In 1953, he was the Council Engineer at the Bank of Worms, then, form 1963 to 1972, he was Director General for the American textile conglomerate D.H.J. and PDG of D.H.J. Industries Europe from 1965 to 1973. From 1967 to 1976 he was PDG of Japy Establishments. Municipal Councilor of Neuilly-sur-Seine, André Dewavrin also served as member of the Conseil de l’Odre de la Légion d’Honneur from 1981-1991. He died in Paris December 20, 1998 and is buried in the old cemetery of Neuilly-sur-Seine in Hauts-de-Seine.

Decorations

Grand-Croix de la Légion d’honneur; Compagnon de la Libération—decreed May 20, 1943; Croix de la Guerre 1939-1945 (4 citations); Médaille de la Résistance; Distinguished Service Order (GB); Military Cross (GB); Norwegian Croix de Guerre

Publications

Souvenirs v. 1 Deuxième Bureau, London, Raoul Solar, Monaco, 1947

Souvenirs v.1 10 Duke Street, London (The BCRA), Raoul Solar, Monaco, 1948

Missions Secrètes en France, novembre 1942-juin 1943, memories of the BCRA, Plon, Paris, 1951

 

Traduction : John Vanderkloot


Site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération