Discours de J. Meunier sur la tombe du père Jérôme Besnard, 1969
Légende :
Allocution de Jean Meunier lors du dépôt d'une plaque commémorative sur la tombe de l'abbé résistant Jérôme Besnard, au cimetière de La-Ville-aux-Dames, 3 mai 1969
Genre : Image
Type : Article de journal
Source : © Archives municipales de Tours - Fonds Jean Meunier 5Z36/34N1 et 2 Droits réservés
Détails techniques :
Document de 2 pages (voir recto-verso).
Date document : 3 mai 1969
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre-et-Loire - Tours
Analyse média
Ce discours est prononcé peu ou prou un an après le décès de l'abbé résistant Jérôme Besnard, à l'occasion de l'inauguration d'une plaque commémorative sur sa tombe, dans le cimetière de La-Ville-aux-Dames. L'assistance compte notamment des représentants des autorités civiles, militaires et religieuses. Hommage est rendu à ce "père tranquille en soutane", généreux, dévoué, courageux, ayant rendu bon nombre de services périlleux à la Résistance.
Jean Meunier, dans un discours tourné vers l'avenir et les jeunes générations, se questionne sur l'héritage de la Résistance auprès de ceux qui ne la connaissent qu'à travers des œuvres de fiction (pièces, livres et films), où elle apparaît souvent "héroïsée" mais peu fidèle à la réalité froide et douloureusement ordinaire et anonyme de la clandestinité. Il se demande alors à quel devoir les temps présents invitent la jeunesse française et rappelle que volonté et espoir sont des données essentielles pour qui souhaite vivre dignement.
Paulina Brault
Contexte historique
Jérôme Besnard, né le 30 septembre 1900 à Louans (Indre-et-Loire) et décédé le 4 avril 1968 à La Ville-aux-Dames, est un prêtre catholique et résistant tourangeau de la Seconde Guerre mondiale.
Issu d'une famille de paysans, Jérôme Besnard voit le jour en 1900, dans la petite commune française de Louans, en Touraine. Ordonné prêtre le 6 juin 1925, il devient vicaire de Bourgueil un mois après, avant d'exercer les mêmes fonctions à Château-Renault à partir de 1927. Puis, le 9 septembre 1932, il est nommé curé de Cinais.
En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate et l'abbé Jérôme Besnard est mobilisé. Fait prisonnier à Saint-Valéry-en-Caux en mai 1940, il est interné au champ-de-course de Rouen, où il reproduit des cachets allemands et fabrique de faux papiers pour permettre à d'autres prisonniers de s'évader. Il s'enfuit finalement du camp en mars 1941 et revient à Cinais, où il reprend ses fonctions sacerdotales. Bientôt nommé secrétaire de mairie, il profite de ses nouvelles fonctions pour retourner à la fabrication de faux papiers et aider les juifs et les prisonniers évadés. Il constitue alors son propre réseau de résistance avec son oncle, habitant de Cussay, qui reçoit les évadés chez lui. L'abbé entre par ailleurs en relations avec Félicien Piquier, qui, sous le pseudonyme de "Lieutenant Pierre", dirige le maquis de Scévolles, implanté aux confins de la Vienne et de l'Indre-et-Loire ; il lui envoie des volontaires et des réfractaires au STO. L'abbé n'en néglige pas pour autant son ministère, qu'il poursuit avec zèle. Cela ne l'empêche pas d'éprouver des difficultés avec sa hiérarchie, qui supporte mal sa turbulence.
Le 26 novembre 1943, l'abbé Jérôme Besnard est finalement muté à la paroisse de La Ville-aux-Dames, où il ne tarde pas à reprendre ses activités dans la résistance. Posté non loin de la gare de Saint-Pierre-des-Corps, il organise le ravitaillement des trains de déportés, auxquels il fait parfois parvenir du matériel d'évasion. En contact avec Résistance-Fer, il participe aussi au sabotage de la voie ferrée. Il devient par ailleurs membre du groupe Baobab du réseau Marco-Polo, réseau de renseignement rattaché au BCRA, et transmet de nombreux renseignements sur les déplacements des unités allemandes. Il prend alors pour nom de code « la Dame-en-Noir ».
Après-guerre, l'abbé est élu président de l'Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance d'Indre-et-Loire. Il poursuit en outre ses activités politiques en devenant conseiller municipal et adjoint au maire de La Ville-aux-Dames.
L'abbé meurt de maladie en 1968. Il est enterré au vieux cimetière de La Ville-aux-Dames.
Aujourd'hui, l'impasse de la Dame-en-Noir y conserve la mémoire du religieux : c'est la seule voie de la commune dédiée à un homme. La Dame-en-Noir fait référence à la soutane de l'abbé.
Décorations :
Médaille des Passeurs ; Médaille militaire ; Croix-de-Guerre avec palme ; Médaille de la Résistance française.
Auteur : Paulina Brault
Sources :
Page Wikipedia, consultée le 1er avril 2016.
Jean-Michel Peignard, « La Dame en noir », dans Les Dames de La Ville aux Dames ou Aliénor, Berthe, Claudie, Diane... et les Autres, 2007, p. 299-302.
Jack Vivier, « Un résistant valeureux, l'abbé Jérôme Besnard », Bulletin de la société archéologique de Touraine, t. XLIII, 2 novembre 2007, p. 703-711.
Jack Vivier, Soutanes vertes et noires soutanes, éditions de la Morelle, 2007, 205 p.