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Brassard du Comité polonais de la libération nationale

Légende :

Brassard porté fin août 1944 notamment par les membres du CPLN

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Gilles Chapin Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu

Lieu : France

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Analyse média

Le brassard est constitué de deux bandes de tissu horizontales rouge et blanche, emblème national de la Pologne depuis 1919. En son centre figure un cachet rond portant la mention "Comité polonais de la libération nationale", son abréviation polonaise ("PKWN") et la date "wz 1944". 
Ce type de brassard a été utilisé dans l'immédiat après-libération. Il est notamment visible sur les photographies prises lors de la cérémonie célébrant la prise de l'ambassade de Pologne à Paris le 26 août 1944. 


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Avec la découverte des charniers de Katyn, l'Union Soviétique, mise en cause par une enquête de la Croix Rouge internationale, rompt alors ses relations diplomatiques avec le Gouvernement polonais de Londres, le 25 avril 1943. Au mois de novembre de cette même année, le Parti communiste polonais reconstitué en URSS, publie un manifeste dans lequel il présente clairement une politique appelée " L'orientation réaliste ", pour une nouvelle Pologne. Cette politique prévoit l'instauration d'un régime de " démocratie populaire ", un tracé des frontières conforme aux exigences de Moscou, la gestion du pays reposant sur un système planifié et centralisé avec une nationalisation de l'industrie, de la finance et de l'agriculture. Sur le plan conceptuel, il s'agit là d'une rupture totale avec la politique du Gouvernement polonais de Londres pour le devenir du pays.

Sur cette lancée, le 31 décembre 1943, est créé par le parti communiste clandestin à Varsovie un Conseil National de l'Intérieur (Krajowa Rada Narodowa, ou KRN), destiné par Moscou à se substituer purement et simplement au Conseil d'Unité Nationale (Rada Jednosci Narodowej ou RJN), le parlement démocratique de l'Etat clandestin en Pologne, représentant légal du Gouvernement en exil à Londres. De la même manière, le Comité de Lublin, CPLN ou PKWN, est officiellement mis en place par Moscou le 11 août 1944 pour doubler, puis remplacer le Conseil Intérieur des Ministres polonais légitime, (Krajowa Rada Ministrow ou KRM).

Dans ce contexte politique, des forces armées polonaises sont en cours d'organisation : en URSS avec la Division Kosciuszko, ainsi que sur le sol polonais avec une petite fédération des maquis communistes appelée " Armée populaire " Armia Ludowa (AL) de 22.000 hommes, alors que l'Armée de l'Intérieur (AK) est forte de 360.000 hommes.

Sur le sol français, les responsables polonais de la MOI s'emploient à leur tour à la démultiplication de cette stratégie politique. Le 16 avril 1944 est formé à Denain le Comité polonais de libération nationale pour la France (CPLN). Ce comité soutient intégralement les transformations idéologiques, politiques et sociales qui vont se mettre en place en Pologne, et reconnaît l'URSS comme l'alliée dominante de la future Pologne populaire. Ce comité cherche ensuite à s'implanter dans d'autres régions de l'Hexagone. Il prétend " diriger dans tous les départements habités par des Polonais la lutte des Polonais contre l'envahisseur ". Ce comité attaque le Gouvernement polonais toujours en exil à Londres : " La majorité écrasante de l'émigration polonaise représentée par le CPLN, s'est opposée énergiquement à la politique menée en France par certains cercles qui prenaient leurs directives du Gouvernement polonais de Londres et plus particulièrement du groupe du général Sosnkowski, dont la propagande visait à isoler la Pologne de la nation polonaise et de son combat. Elle a, par contre, donné tout son appui au CPLN sur le territoire polonais dont le manifeste à la nation parle de l'amitié avec la France comme d'une des bases de la politique étrangère polonaise " proclame le CPLN en France.

Pour implanter sa politique, ainsi que pour donner énergiquement une assise populaire à sa représentation, le CPLN pour la France organise plusieurs associations de gauche : l'Organisation d'Aide à la Patrie (OPO), l'Union des Femmes Polonaises en France, l'Union de la Jeunesse Polonaise Grunwald. En parallèle, ce Comité affiche aussi sa volonté de constituer des forces polonaises en France. Le but politique recherché est de donner à l'action de ces organisations un caractère national très fort, de militer pour une politique d'union nationale, et d'intensifier l'implication militaire des Polonais, d'orientation politique, dans la libération de la France, première étape avant la libération de la Pologne et sa mise sous tutelle de l'URSS.

Sitôt élu, le CPLN pour la France confie à Jan Gerhard la mise en place des composantes d'une stratégie militaire, conformément à ses orientations politiques. La première consiste en la formation d'une Milice patriotique polonaise (MPP). Il met ainsi en application une pratique instaurée par le CNR qui, à partir de mars 1944, s'emploie à mettre sur pied une sorte de police supplétive. Les responsables polonais de la MOI sont particulièrement intéressés par ce réservoir de citoyens mobilisés contre l'occupant, parfois armés, et fortement engagés politiquement. Ils envisagent aussi de les utiliser pour la réalisation de missions de police, et de permettre aux responsables de maquis de venir y recruter leurs combattants. Une autre composante de cette stratégie est de constituer des unités polonaises autonomes FTP-MOI, au sein des détachements FTPF. Car dans un premier temps, il faut intensifier la participation des Résistants polonais, d'obédience communiste, à la libération de la France. Ensuite faire en sorte qu'ils deviennent, après la Libération, le noyau d'une grande unité régulière de forces armées polonaises en France, soutenant la politique du futur gouvernement populaire à Varsovie. Enfin, il est prévu d'intensifier la propagande subversive auprès des Polonais incorporés de force dans la Wehrmacht, ainsi qu'auprès des prisonniers de guerre soviétiques utilisés en France par les Allemands. Des tracts spéciaux sont élaborés et distribués clandestinement à ces fins.

Sur le plan politique, le CPLN pour la France adopte à l'égard des autorités de la Résistance intérieure française une attitude d'allégeance et de coopération. Dès sa création, il rédige un appel au CNR dans lequel il se déclare prêt à se soumettre à sa direction. Il effectue une nouvelle démarche en juin 1944, quand il adresse un mémoire à Georges Bidault, président du CNR, dans lequel il dresse le bilan des réalisations polonaises dans les rangs des FFI et FTPF, et demande que le CNR reconnaisse le CPLN comme la représentation la plus large, et en fait la seule organisation polonaise combattante en France. La tâche de transmettre ce mémoire au président Bidault est confiée à Robert Monod de l'association " Amitié franco-polonaise ".

Sur le plan militaire, et dans l'optique des combats pour la libération de la France, le CPLN demande à Jan Gerhard d'organiser, dans les grands bassins miniers à forte concentration polonaise, des détachements FTP-MOI, entièrement polonais, intégrés dans les unités FTPF, ainsi que de très nombreuses Milices Patriotiques Polonaises, comme nous l'avons vu précédemment. Après la Libération, le CPLN pour la France va ensuite oeuvrer à la constitution d'une unité militaire régulière polonaise, à partir des effectifs des détachements polonais FTP-MOI.


Jean Medrala in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI-SHLP, 2013