Reconstitution d'un groupe opérationnel à Vassieux-en-Vercors

Légende :

Afin de rendre hommage aux Groupes opérationnels, à Vassieux-en-Vercors, des collectionneurs et amateurs d'histoire en ont reconstitué un, avec uniformes et armes de 1944.

Genre : Image

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Archives Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

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Analyse média

La scène se déroule, le 8 mai 2005, sur le rond-point des martyrs, devenu rond-point des cinq communes, dans le village de Vassieux-en-Vercors. Au premier plan, saluant, des collectionneurs ont reconstitué un groupe opérationnel (OG, Operationnal Group). Uniformes et armes correspondent à l'équipement des soldats constituant ce que l'on peut définir aussi comme des commandos. Par sa diversité, la panoplie des armes est à préciser. Deux hommes portent un pistolet-mitrailleur UD M42. Cette arme fabriquée en 1942 ne fut produite qu'à 15 000 exemplaires. Son coût explique sa faible production malgré sa qualité et sa rapide cadence de tir. Elle est équipée d'un ou deux chargeurs soudés. Les hommes portant cette arme en encadrent un armé d'un pistolet-mitrailleur Thompson M1. C'était une arme de bonne qualité mais lourde et coûteuse. Alimentée par un chargeur de 30 cartouches, sa portée utile était relativement courte, de l'ordre de 50 mètres. Arme emblématique de la pègre lors de la prohibition, sa version simplifiée a été largement utilisée pendant la Seconde guerre mondiale. Quant au chef du groupe, il porte en bandoulière, peu visible, une carabine M1 à crosse repliable destinée surtout aux parachutistes. Comme il se doit, les hommes de l'OG saluent « à l'américaine ». À leur côté, des chasseurs alpins, armés du Famas, présentent les armes. Les panneaux indicateurs désignent quatre directions. Lente est une clairière au milieu d'une forêt qui a été un refuge pour des maquisards après l'ordre de dispersion du 23 juillet 1944. Font d'Urle est une station de ski créée après 1945. Les Grands Goulets sont l'entrée orientale d'une cluse. La route, en encorbellement, très spectaculaire mais dangereuse, est désormais fermée et remplacée par un tunnel qui favorise largement l'entrée dans le massif. Le mémorial de la Résistance est celui du col de La Chau. Il est situé dans l'inflexion de la montagne visible au loin.


Auteur : Alain Coustaury

Contexte historique

C'est en mémoire et en hommage aux parachutistes de missions et particulièrement aux OG (Operational Group) qu'une cérémonie a eu lieu le 8 mai 2005 à Vassieux-en-Vercors. Ce jour-là, Delmart Calvert, vétéran du groupe Justine parachuté le 29 juin 1944, sur « Taille-crayon » a reçu les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. Un DC3 /C47/ Dakota aux marques du Débarquement a largué un groupe de parachutistes en uniforme d'époque et utilisant un parachute modèle 1944. L'OSS (Office of Strategic Services), une des branches de l'US Army (Armée des États-Unis) à travers son SO (Special Operations Branch), service des actions spéciales a créé les groupes opérationnels (OG). Pour conduire ses opérations spéciales, l'OSS a voulu que ses commandos soient bien armés et très agressifs. Un OG est une unité de quinze hommes avec à sa tête deux officiers. Entraînés aux États-Unis, avec des membres parlant le français, tous parachutistes, ils devaient être capables de se battre aux côtés des Résistants, les entraîner et les soutenir. L'OSS et le SOE britannique établissent une antenne à Alger après le débarquement en Afrique du nord. Les deux services collaborent avec la DGSS (Direction générale des Services spéciaux) français). Les trois services regroupent leurs forces en créant le SPOC (Special Project Operations Center) qui devient opérationnel le 24 mai 1944. On peut remarquer l'imbrication de ces services et comprendre les frictions ou incompréhensions qui se révélèrent dans certaines actions. Une douzaine d'OG débarquèrent à Alger. Le 28 juin 1944, ayant décollé d'Alger, est parachuté l'OG Justine sur le terrain « Taille-Crayon » à Vassieux-en-Vercors. C'est le premier OG qui intervient en France métropolitaine. Il atterrit le même jour que la mission Eucalyptus. Composé de 15 hommes, Justine est commandé par les lieutenants Vernon GK. Hoppers et Chester L. Myers. Delmart Calvert fait partie de cet OG. Immédiatement, le groupe prend contact avec le commandement du Vercors et commence à entraîner les Résistants au maniement des armes parachutées, notamment le bazooka. L'OG Justine participe aux côtés des Résistants à l'embuscade du 10 juillet au col de Lus-la-Croix-Haute. Mais après l'attaque allemande du 21 juillet et l'ordre de dispersion du 23, l'OG est obligé de se replier vers le nord du massif et rejoindre la Chartreuse où elle arrive dans un état sanitaire désastreux. Le lieutenant Myers, opéré d'une appendicite, a été fait prisonnier. Le bilan de l'opération Justine est médiocre. Elle n'a pu contribuer de façon significative aux besoins en armement et en entraînement de Résistants. Le second OG, Alice, est parachuté dans la nuit du 7 au 8 août 1944 sur « Framboise » à Comps. Il est composé de 15 hommes. Trois se blessent à l'atterrissage et sont soignés à l'hôpital de Dieulefit. Le groupe est commandé par les lieutenants L.N. Barnard et D.J. Meeks. Après avoir pris contact avec le commandant de Lassus Saint-Geniès, le groupe rejoint le plateau de Combovin et s'intègre dans la compagnie Kirsch. L'OG arrive à un mauvais moment car le 13 août, l'USAAF bombarde inutilement le pont ferroviaire de Crest déjà rendu inutilisable par la Résistance, le manque et tue 38 Crestois. Barnard et Meeks se rendent à Crest et essaient de rassurer une population désorientée. Le 18 août, l'OG participe aux côtés de la compagnie Kirsh à une action contre les Allemands. Deux groupes opérationnels ont été parachutés dans la Drôme. Ils font partie des éléments parachutés soit par le SOE britannique soit par l'OSS des États-Unis. Leur rôle militaire n'a pas été négligeable mais c'est surtout l'impact psychologique qui a été important. L'arrivée de Justine a fait naître beaucoup d'espoirs chez les Résistants du Vercors. Avec les autres hommes parachutés, l'espoir d'un soutien important des Alliés a grandi jusqu'à l'attaque allemande du 21 juillet. L'absence d'une aide réelle au moment crucial a fait naître une profonde amertume et le sentiment d'avoir été abandonné. La connaissance, postérieure, de la complexité de la situation du moment, des difficultés des Alliés face à une armée allemande toujours puissante, tempèrent ces jugements. La remise de la croix de la Légion d'honneur à Delmart Calvert est un signe de reconnaissance à l'action de ces unités spéciales qu'étaient les OG et les équipes Jedburgh.


Auteur : Alain Coustaury
Sources : Funk Arthur Layton, Les Alliés et la Résistance, un combat côte à côte pour libérer le sud-est de la France , Édisud, 2001, 230 pages (à noter une mauvaise traduction du titre Hidden Ally : Allié caché, titre beaucoup plus juste linguistiquement et historiquement).