Attribution de la Médaille de la Résistance à Lucienne Cloarec

Légende :

Photocopie de la lettre adressée à Lucienne Cloarec par le commandant Hettier de Boislambert, Londres, 27 septembre 1943.

Genre : Image

Type : Lettre

Source : © SHD - Bureau Résistance - 16P134231 (dossier individuel de Lucienne Cloarec) Droits réservés

Date document : 27 septembre 1943

Lieu : Angleterre

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Analyse média

Par ce courrier sur papier à entête du cabinet du général de Gaulle, le commandant Hettier de Boislambert informe Lucienne Cloarec de la décision prise par le général de Gaulle de lui attribuer la Médaille de la Résistance française. La lettre souligne que le Général a pris cette décision dès l'arrivée de Lucienne Cloarec à Londres. La décision ayant été validée par la commission de la Médaille de la Résistance, il est stipulé à Lucienne Cloarec qu'elle a donc droit au port de cette décoration.
Le courrier porte le cachet "Comité national français - Général de Gaulle - Cabinet du Général". 


Contexte historique

Née le 28 janvier 1915 à Toulon (Var), Lucienne Cloarec est orpheline de père, officier de marine, mort pour la France en 1916.
En 1942, elle cache et héberge des jeunes gens et un aviateur américain chez sa mère, Mme veuve Cloarec, au 7 quai de Léon à Morlaix (Finistère) où elle exerce la profession de masseuse et pédicure.
Après l’arrestation de son frère, Robert, le 22 mai 1942, pour activités résistantes, la famille est surveillée par les Allemands. Malgré cela, et surtout après que son frère eut été fusillé le 28 août 1942 à Rouen, elle décide de poursuivre son action en hébergeant trois autres jeunes gens de Charleville qui voulaient partir en Angleterre : André Poirier, Pierre Tumers, André Voisin (tous trois parviendront à s’engager dans les Forces aériennes françaises libres en 1942). Le 6 mars 1943, trois autres jeunes se présentent chez les Cloarec en demandant un hébergement avant leur départ pour l’Angleterre (F. Hélias, Alex Priac et Louis Kernanec). Le 13 mars 1943 un aviateur américain tombé en parachute de sa forteresse volante abattue par les Allemands lui fut également amené. Cela faisait quatre hommes à cacher et à nourrir pendant trois semaines en attendant le départ prévu le 30 mars 1943 de chez Ernest Sibiril à Carentec.

Le 30 mars 1943, à minuit, Lucienne Cloarec accompagnée de 17 hommes (dont les quatre qu’elle hébergeait) embarquait à destination de l’Angleterre sur un bateau de pêche de 6,5 m et à la voile malgré une forte tempête. La traversée, périlleuse, dura 24 heures. Le 31 mars 1943 au soir, le bateau accostait à Salcome en Angleterre. De Salcome, elle fut dirigée sur Londres le 1er avril 1943, puis conduite à Patriotic-School où elle dut répondre aux interrogatoires de l’Intelligence Service.

Elle fut ensuite présentée à Maurice Schumann, qui devait par la suite se lier d’une profonde amitié avec elle (il fut son témoin de mariage). Impressionnée par le récit de son périple, Maurice Schumann la présenta à de nombreuses personnalités de la France libre et convoqua une conférence de presse. Le 15 avril soir, Lucienne Cloarec parlait au micro de la BBC avec Maurice Schumann.

Le lendemain, elle fut reçue par le général de Gaulle qui la questionna sur la situation en Bretagne et lui demanda des renseignements sur la mort de son frère. Quelques jours plus tard, le commandant Hettier de Boislambert informait Lucienne Cloarec que le général de Gaulle venait de lui décerner la médaille de la Résistance.

Le 3 mai 1943, Lucienne Cloarec signe son engagement dans les Forces navales Françaises libres comme infirmière. Elle est affectée à la Maison de Santé « Pasteur-Lister » à Beaconsfield. Le 23 août 1943, elle est mutée à l’infirmerie de l’Etat-Major des Forces navales françaises en Grande-Bretagne. Le 27 janvier 1944, elle cesse son activité au sein des forces navales après avoir épousé André Verrier, commissaire de première classe dans les Forces navales françaises libres.


Auteur : Fabrice Bourrée
Source : SHD - Bureau Résistance - 16P134231 (dossier individuel de Lucienne Cloarec).