André Colin
Légende :
André Colin, successeur de Georges Bidault en tant que représentant des Démocrates-chrétiens au Conseil national de la Résistance à compter du 10 septembre 1944
André Colin, successor of Georges Bidault as representative of the Christian-Democrats on the Conseil national de la Résistance (National Council of the Resistance, CNR)
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Bibliothèque et archives du Sénat Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 1974
Lieu : France
Contexte historique
Fils d’un avoué, André Colin est né à Brest le 19 janvier 1910. Après son cursus secondaire poursuivi au collège Notre-Dame-de-Bonsecours à Brest, André Colin entame des études de droit à l'université catholique d'Angers puis à celle de Paris, où il soutient, en 1931, une importante thèse de doctorat sur "La famille dans la législation italienne", publiée la même année aux Presses universitaires de France. Son engagement dans la vie publique se manifeste très rapidement, sur le terrain d'abord, puis avec son élection au secrétariat général et, de 1936 à 1939, à la présidence générale de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) fondée par le comte de Mun. Il est également secrétaire général du Bureau d'informations maritimes, qu'il dirige pendant deux ans et demi, et gardera toujours un attachement très profond à la démocratie sociale et au mouvement syndicaliste d'inspiration chrétienne.
Il enseigne le droit à l’université catholique de Lille de 1936 à 1939. Mobilisé en août 1939, il est affecté dans la Marine à Beyrouth.
A la suite de l'armistice, il appelle par radio, dès le 22 juin 1940, la population de Beyrouth à poursuivre la lutte contre l'Allemagne et à ne pas faire une paix séparée des Anglais :
"Le peuple de France laborieux, soucieux de mener une existence où soit respectée sa dignité, ne veut pas remettre ses destinées entre les mains de ceux qui font des hommes des esclaves. La bataille de France peut se terminer, il nous reste maintenant à gagner avec nos alliés la bataille de l'empire français... Nous aurons la fierté de servir une cause où sont engagées, avec les destinées de la Patrie, les plus hautes valeurs humaines ".
Etant finalement parvenu à revenir en France, André Colin participe dès lors très activement à l'organisation de la Résistance au sein de la jeunesse, notamment dans le cadre de l'ACJF : il travaille en liaison avec Pierre Brossolette et, surtout, Georges Bidault, alors que ce dernier est devenu président du Conseil National de la Résistance (CNR) après l'arrestation de Jean Moulin (21 juin 1943), et contribue tout particulièrement à l'organisation des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP).
La pensée du résistant démocrate chrétien est parfaitement exprimée :
"La vocation des hommes que nous sommes, et qui se confond avec leur existence politique, est d'avoir clairement cette passion de la liberté et de la justice, de l'assumer courageusement. Le monde va titubant. "Suis-je désigné pour le remettre droit ?", demande Hamlet. Il importe de changer cette interrogation en certitude".
Appelé en octobre 1943 à siéger à l'Assemblée consultative provisoire, André Colin échoue, malgré trois tentatives, à rejoindre Alger, et poursuit donc en France même la lutte anti-allemande dans la clandestinité. A plusieurs reprises, il rencontre alors Jules Catrice, personnalité la plus marquante de la future fédération M.R.P. du Nord, et, à partir de 1944, prépare activement avec Georges Bidault la fondation du futur M.R.P., d'abord sous le nom de Mouvement républicain de libération (M.R.L.). Nommé délégué général du M.R.P. à la Libération, il est appelé à remplacer, au sein du Conseil National de la Résistance, Georges Bidault lorsque ce dernier prend le portefeuille des affaires étrangères dans le premier cabinet Charles de Gaulle (10 septembre 1944).
Siégeant à l'Assemblée consultative provisoire de Paris, en sa qualité de membre du C.N.R, à compter du 8 novembre 1944, André Colin y est tout naturellement nommé membre de la Commission de la jeunesse et des sports, de celle de l'intérieur et de la santé publique, et de celle du règlement. A l'origine de deux propositions de résolution, la première pour instituer des allocations prénatales, la seconde pour favoriser le remembrement des propriétés agricoles, il intervient en outre très fréquemment dans les discussions, notamment à propos du monde agricole et des problèmes de l'enseignement privé.
André Colin est secrétaire général du M.R.P, alors le deuxième parti de France après le Parti communiste, à compter de 1945, et il conservera ce poste jusqu'en 1955. Aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée nationale Constituante, la liste M.R.P. qu'il dirige, obtient, dans le Finistère, 126 803 voix sur 366 073 suffrages exprimés (34,6 % des voix), et emporte quatre des neuf sièges à pourvoir. Nommé membre de la Commission du règlement et de celle de l'agriculture et du ravitaillement, le nouveau député du Finistère est notamment l'auteur d'une proposition de loi, le 9 avril 1946, tendant à organiser la profession d'artisan.
Il vote le 19 avril 1946 contre le projet de Constitution, à ses yeux trop inspiré par les communistes, projet qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946.
Il est de nouveau élu député du Finistère le 2 juin 1946, puis entre dans le cabinet de Georges Bidault comme Secrétaire d'Etat chargé de l'Information. Il soutient le nouveau projet de constitution qui est accepté par le référendum du 13 octobre.
Réélu député en janvier 1956, il s'investit totalement dans le débat sur la ratification des traités instituant la CEE en juillet 1957, et sera élu dès 1958 représentant de la France à l'Assemblée des Communautés européennes, puis membre du Parlement européen en 1964 où il siègera jusqu'à sa mort.
Pendant ces années, il prend toujours une part active aux travaux de l'Union européenne des démocrates chrétiens et du Parti Populaire européen auprès des amis démocrates chrétiens allemands, belges, italiens...
Suite aux élections sénatoriales françaises de 1959, il devient sénateur du Finistère. Réélu en 1962 et en 1971, il occupe ce siège jusqu’à sa mort en 1978. Il entraîne son groupe à se prononcer contre la réforme du Sénat proposée par le général de Gaulle, réforme qu'il jugeait "obscure, mystérieuse, aventureuse, à l'opposé de la stabilité des institutions".
Il soutient alors la candidature d'Alain Poher aux élections présidentielles de 1969.
Président de la Commission des Affaires Etrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat, à partir de 1973, il intervient sans cesse dans les débats budgétaires pour défendre l'idée que "l'indépendance de la France passe par la construction de l'Europe".
Il était, depuis 1945, membre du conseil d'administration de Bayard-Presse. Enfin, il avait épousé Marguerite Laurent et était père de quatre enfants, dont Anne-Marie Idrac, ancienne présidente de la SNCF. Il décède le 28 août 1978 à Carantec.
Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance, André Colin était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes et de la Médaille de la Résistance, commandeur du Mérite maritime et chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand.
The son of a solicitor, André Colin was born in Brest on January 19th 1910. After his secondary courses at Notre-Dame-de-Bonsecours university in Brest, André Colin commenced his law studies at l’université catholique d’Angers then at the Paris campus where he could support, in 1931, an important doctoral thesis on “La famille dans la législation italienne” (The family in Italian legislation), published the same year by the Presses universitaires de France (French University Press). His engagement in public life manifested quickly, first internationally, then with his election to Secretary General and, from 1936 to 1939, on the general board of l’Association catholique de la Jeunesse française (French Catholic Youth Assembly, ACJF) founded by the Count of Mun. He was also Secretary General of the Bureau d’informations maritimes (Naval Information Office), which he managed for two and a half years. He always maintained a profound attachment to the social democrats and the Christian inspired syndicates.
He taught law at the Catholic University of Lille from 1936 to 1939 until August of that year when he was mobilized and posted in the Marines to Beirut.
Following the armistice, on June 22nd 1940, he radioed the population of Beirut to continue the fight against the Germans and not to make a separate peace though the English:
“The people of France labor, anxious to lead an existence where their dignities are respected, they do not want to put their fate into the hands of those who make men slaves. The battle of France may end, it is now time to win the battle with the Allies for the French Empire… We will be proud to serve for a cause integral to the destiny of the Country, the highest human value.”
Finally able to return to France, André Colin began to participate actively in Resistance movements centered around youth organizations, notably within the ACJF: he worked with Pierre Brossolette and, throughout, Georges Bidault, even when the later became president of the Conseil national de la Résistance (National Council of the Resistance, CNR) after the arrest of Jean Moulin (June 21st 1943), and contributed especially to the Forces unies de la Jeunesse patriotique (United Forces of Young Patriots, FUJP).
The thoughts of resisting Christian-Democrats are summarized perfectly:
“The calling of the men that we are, which coincides with their political existence, is to clearly have that passion for liberty and for justice, for accepting bravery. The world is uncertain. “Am I the one to put things right?” Hamlet asked. Certainly, it is important to make this question a certainty.”
Called in October 1943 to sit on l’Assemblée consultative provisoire (Provisional Advisory Assembly), André Colin failed, despite three attempts, to join Algeria and pursue the same battle against the Germans France did in the underground. Many times, he met with Jules Catrice, the most important figure in the future MRP federation for the North, and, from 1944, he began to actively prepare the foundation of the future MPR with Georges Bidault, beginning under the name of Mouvement républicain de libération (M.R.L). Appointed to the Delegate General of the M.R.P. at the Liberation, he was called in to replace Georges Bidault at the center of the National Council of the Resistance, (CNR) when the latter assumed the responsibilities for foreign affairs in Charles de Gaulle’s first cabinet (September 10th 1944).
André Colin was the General Secretary of the M.R.P, which was, as of 1945, the second political party in France after the Communist Party, and he retained the position until 1955. In the elections of October 21st 1945 for the first l’Assemblée nationale Constituante (National Constituent Assembly), the M.R.P. list that he oversaw obtained, in Finistère, 126 803 votes on 366 073 votes (34.6% of the votes), and won four of the nine seats of power. Appointed a member of the Settling Committee and of the Agriculture and Supplies Committee, the new deputy of Finistère is notably the author of a bill, April 9th 1946, to organize the artisan profession.
He voted on April 19th 1946 against the Constitution’s project as, in his eyes, it was too influenced by the communists. The project would be rejected by the referendum on May 5th 1946.
He was the newly elected deputy of Finistère on June 2nd 1946, then entered into Georges Bidault’s cabinet as Secretary of State in charge of Intelligence. He supported the new Constitutional project which was accepted by referendum on October 13th.
Reelected deputy in January 1956, he completely immersed himself in the debate on the ratification of the agreements establishing the CEE in July 1957, and he would be elected from 1958 as the representative of France the Assembly of European Communities, then as a member of the European Parliament in 1964 where he would remain until he died.
During these years, he continued to take an avid role in the work of Christian-Democrats and the European People’s Party within the European Union, mainly through his Christian Democrats fellows in Germany, Belgium, Italy…
Following the French senatorial elections in 1959, he became Senator of Finistère and, reelected in 1962 and 1971, he occupied the seat until his death in 1978. He led a group against the reform proposed by General de Gaulle as he judged it to be “obscure, mysterious, risky, and contrary to the stability of other institutions.”
He then supported the candidate Alain Poher in the Presidential elections of 1969.
President of the Committee of Foreign Affairs and, from 1973, of the French Senate’s Defense of the Armed Forces, he ceaselessly intervened in the budgetary debates in defense of the idea that “the independence of France happens through the construction of Europe.”
He had been, since 1945, a member of the Administrative Council of Bayard-Presse. And finally, he had married Marguerite Laurent and was father of four children including Anne-Marie Idrac, former president of the SNCF. He died August 28th 1978 in Carantec.
Decorations:
Knight of the Legion of Honor for his Resistance years, André Colin was the holder of the Croix de Guerre 1939-1945 with palms and the Medal of the Resistance, and Commander of the Naval Merit and Knight of St. Gregory the Great.
D'après les sites de l'Assemblée Nationale et de l'Amicale MRP.
Traduction : Gabrielle Ciceri