Mémorial de la Résistance du Vercors du col de La Chau

Légende :

Vue aérienne du Mémorial du col de La Chau (1337 mètres) à Vassieux-en-Vercors.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : cliché Alain Coustaury

Source : © Archives Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photo aérienne argentique couleur, altitude de prise de vue 1500 mètres.

Date document : juin 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

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Analyse média

Vue aérienne oblique du Mémorial de la Résistance du col de La Chau à Vassieux-en-Vercors. La photo est prise du nord vers le sud. Le bâtiment épouse les courbes du relief et domine le val du village de Vassieux situé 300 mètres plus bas. La route, au premier plan, est la D 176/D76 qui conduit de Vassieux à Saint-Jean-en-Royans en passant par la forêt de Lente, le col de la Machine et Combe-Laval. Le sentier de randonnée (GR 95), visible en bas et à gauche de la photo est l’ancien chemin de Vassieux au col de La Chau. On distingue parfaitement la profonde forêt de hêtres et d’épicéas qui entoure le Mémorial.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

L'histoire de ce Mémorial révèle à elle seule les enjeux de la mémoire en ce qui concerne le Vercors, la Drôme, voire l'espace national. Le début des années 1960 voit l'achèvement d'une première série de plaques et de monuments commémoratifs édifiés sur les lieux mêmes des événements. Le projet d'un grand Mémorial est en panne depuis la Libération. Un réveil de l'activité monumentale et le retour du projet se dessinent dans les années 1970. Il y a plusieurs raisons. La disparition de deux acteurs principaux, François Huet en 1968 et Eugène Chavant en 1969, le vieillissement des autres, font prendre conscience aux anciens du Vercors qu'il faut "laisser quelque chose qui reflète le plus exactement possible ce que nous avons été". Il faut y ajouter l'angoisse de la falsification du sens de leur combat dans le contexte de la mode rétro des années 1970.

Dans les années 1980-1990, ce besoin de laisser une trace se traduit par l'inscription dans la toponymie urbaine du nom de Vercors. Ce dernier est également donné à un navire câblier, à un escadron de transport aérien en 1964. Ce qui est nouveau, c'est que les anciens du Vercors, de conservateurs de la mémoire, deviennent propagateurs de celle-ci sur l'ensemble de la France. L'initiative vient de l'Association des Pionniers du Vercors. Ainsi est inaugurée par Jacques Chirac, à Paris, en novembre 1980, la "Place du maquis du Vercors". La plupart du temps, les baptêmes résultent d'initiatives locales : un ancien du maquis sollicite sa municipalité de résidence pour une nouvelle appellation. Parfois c'est un corps constitué qui choisit lui-même l'appellation, comme la promotion de la "Corniche" du collège militaire de La Flèche en 1980. Elle la préfère à celle du maquis de Saint-Marcel (Morbihan), plus proche mais moins puissante.

Le projet de Mémorial resurgit au début des années 1970, à l'initiative des Pionniers du Vercors. Le Mémorial du général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises sert de référence. Les Pionniers ouvrent une souscription et obtiennent un terrain de la municipalité de La Chapelle-en-Vercors. Le monument doit être « visible de tout le Vercors ». Il s'apparente par le site et les dimensions à celui des Glières érigé à la même époque. Le projet est abandonné en 1975 à cause du faible empressement des pouvoirs publics et de l'insuffisance de la souscription. Plus fondamentales sont les raisons exposées par Pierre Dalloz : « Le Vercors est en soi un monument, le plus grandiose de tous les monuments », et il demande « de quoi aurait l'air une pièce montée commémorative au sommet de Montségur ou de Massada ? » La topographie du Vercors et surtout sa représentation militarisée sous la forme d'une citadelle jouent contre la construction d'un monument héroïque qui ne ferait que redoubler le Vercors lui-même. Le projet est en plus court-circuité par l'ouverture, le 9 juin 1973, du musée de la Résistance de Vassieux, à l'initiative de Joseph La Picirella. Ancien du 11ème Régiment de Cuirassiers, il a conçu lui-même ce musée dans des locaux dont il est propriétaire. L'exposition se présente sous la forme de deux salles avec un parcours chronologique de l'histoire militaire du Vercors, illustré d'une masse considérable d’objets et de documents. Ce musée caractérise le type des musées de la Résistance de première génération c'est-à-dire créés avant les années 1980. Réalisé sans intervention extérieure de spécialistes, historiens, muséographes, il est surtout un « musée de guerre, des techniques de la vie clandestine ». La spécificité de la Résistance, ses modes d'engagement, d'existence, les origines du maquis, son fonctionnement sont peu abordés. Par rapport aux musées de la même génération, le musée de Vassieux-en-Vercors se distingue par la richesse et l'abondance de ses collections d'objets. Il a aussi le mérite de montrer la réalité de ce que fut la Résistance armée. Son implantation à Vassieux-en-Vercors, même si elle est conjoncturelle, montre parfaitement le lien entre « la gloire et les larmes ». Le succès du musée est immédiat ; les Pionniers en recommandent la visite. L'entente entre l'Association des Pionniers et Joseph la Picirella va se rompre deux ans après. Elle lui reproche une « exploitation commerciale » de l'établissement. Dans le même temps, momentanément, Joseph La Picirella participe à la création d'une association concurrente à celle des pionniers, l'Association nationale des anciens maquisards, combattants et résistants du Vercors, présidée par l'ancien radio Pierre Lassalle (ANAMCRV, dissoute en juillet 2005). Le projet du Mémorial n'est pas abandonné. En 1987, lors de leur congrès de mai, les Pionniers se prononcent pour la création d'un site national historique de la Résistance.

Le projet est relayé par le parc naturel régional du Vercors (PNRV) qui en devient le maître d’œuvre. Le site est choisi : à 1 300 mètres d’altitude, proche du col de La Chau. Il domine le val de Vassieux-en-Vercors situé à 1 050 mètres. La commune de Vassieux-en-Vercors aurait désiré une implantation au milieu du village. Le Conseil général de la Drôme était réticent devant le coût du projet. Le Site national historique de la Résistance en Vercors (SNHRV) s'ordonne autour d'un bâtiment principal, le Mémorial de la Résistance du Vercors, auquel sont associés huit sites : la nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte, les ruines de Valchevrière, le village piège de Malleval-en-Vercors, le village martyre de Vassieux-en-Vercors, la nécropole de Vassieux-en-Vercors, le cimetière du pas de l'Aiguille (Isère), la grotte de la Luire, la Cour des fusillés à La Chapelle-en-Vercors. Tous les sites sont reliés dans un parcours et un logo commun, un if planté avec, à son pied, une plaque de bronze, de même que tous les sites et monuments secondaires. L'ensemble du programme est achevé, après de nombreuses difficultés, pour les cérémonies du cinquantième anniversaire de la Libération. Le mémorial est inauguré le 21 juillet 1994 par Édouard Balladur, alors Premier ministre, remplaçant le Président de la République François Mitterrand, hospitalisé.


Auteurs : Alain Coustaury et Gilles Vergnon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Vergnon Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, 2002, les Éditions ouvrières, Paris, 256 pages.