Témoignage de Georges Bidault sur le CNR, sans date

Légende :

Témoignage de Georges Bidault au sujet du CNR, extrait de l'intégralité de son témoignage de 19 pages, sans date

Genre : Image

Type : Témoignage

Source : © Archives nationales 72AJ/49/III Droits réservés

Détails techniques :

Document de cinq pages (voir album).

Date document : Sans date

Lieu : France

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Analyse média

Dans cet extrait du témoignage de Georges Bidault où il est question du CNR, il est fait référence au Bureau restreint de cinq membres qui s'est substitué, pour des questions de sécurité, aux séances plénières réunissant les 19 membres du CNR. Ce bureau, qui se réunissait une à deux fois par semaine, était composé, en plus de Georges Bidault, son président, de Maxime Blocq-Mascart pour l'OCM, de Louis Saillant pour la CGT, de Pierre Villon pour le Front national, de Pascal Copeau pour Libération-Sud. Pascal Copeau était parfois remplacé par Antoine Avinin ou Jean-Pierre Lévy, ce qui permet de penser que Pascal Copeau était davantage le représentant des MUR que de Libération-Sud stricto sensu. A  ces cinq membres et aux suppléants occasionnels, il faut ajouter le représentant de De Gaulle en France, soit, Claude Bouchinet-Serreulles dans un premier temps, Emile Bollaert par la suite et enfin Alexandre Parodi. Le Bureau accueillait -nous dit Bidault- à l'occasion Henri Ribière de Libération-Nord et Claude Bourdet ou Pascal Pia.

Georges Bidault explique ensuite les conditions de la rédaction du Programme du CNR : Louis Saillant réclamait que le texte porte la mention de "socialisation" des moyens de production, tandis que les autres membres souhaitaient "le retour à la nation" des moyens de production, option qui fut finalement retenue. Bidault précise à ce sujet que Pierre Villon -membre du CNR et, plus tard, du COMAC- en fut le rédacteur principal et qu'il revint à Bidault et Copeau de revoir et de corriger le texte.

Bidault aborde ensuite le COMAC, Comité d'Action Militaire, créé en mai 1944 dans le but d'unifier et d'organiser les FFI, en soulignant les relations difficiles que les membres du CNR entretinrent avec lui, bien qu'il fut placé sous leur autorité directe. Bidault reconnait l'importance fondamentale du COMAC à l'approche de manoeuvres militaires importantes, cependant, il déclare que celui-ci était "entièrement aux mains des communistes". De même, Bidault relève-t-il l'emprise des communistes sur les résistants, même opposés au communisme. Il donne l'exemple d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, membre de Libération-Sud, progressivement gagné par l'influence des communistes. Le point de vue de Georges Bidault à ce sujet n'est pas marginal : d'autres membres du CNR s'étaient élevé contre la tentative de mainmise communiste visant à faire triompher le PCF dans les plus hautes institutions clandestines de la Résistance.

Bidault évoque alors les relations du CNR avec Londres - par le biais notamment de Bouchinet-Serreulles puis de Parodi - qu'il qualifie de "cordiales" en affirmant cependant que celles-ci étaient "nulles". Il souligne l'indifférence du gouvernement provisoire face aux renseignements et informations chèrement glanés par la Résistance intérieure, n'hésitant pas à qualifier de "vains" ces envois, dont il n'était fait nul cas. Bidault rappelle qu'en mai 1943, le CNR avait fait part de sa très nette position en faveur du général de Gaulle contre le général Giraud, ce qui avait assuré une position de force au premier.
Quant aux fonds, ils étaient envoyés par le gouvernement provisoire à l'émissaire de De Gaulle qui les distribuait aux institutions clandestines et aux mouvements sans que le CNR ne servît d'intermédaire.

 

In this extract of Georges Bidault’s testimony, taken when he was questioned about the CNR, he makes reference to the Executive Committee comprised of five members, which replaced, for security reasons, the plenary sessions of the original 19 members of the CNR. The Executive Committee, meeting twice a week, was comprised of Georges Bidault, the president, Maxime Bloxq-Mascart of the OCM, Louis Saillant of the CGT, Pierre Villon for the Front national and Pascal Copeau for the Libération-Sud. Pierre Villon was sometimes replaced by Antoine Avinin or Jean-Pierre Lévy, which suggests that, strictly speaking, Pascal Villon was a representative of the MUR more than of the Libération-Sud. To the five members and their sporadic substitutes, it is necessary to include de Gaulle’s representative in France, Claude Bouchinet-Serreulles initially, followed by Emile Bollaert and finally Alexandre Parodi. The Executive Committee welcomed, says Bidault, on occasion Henri Ribière of the Libération-Nord and Claude Bourdet or Pascal Pia.

Georges Bidault then explains the conditions of the CNR Program: Louis Saillant demanded that they state their mandate as ‘socialization’ even though the other members wished for ‘the return of the nation’, a suggestion that was eventually adopted. Bidault specifies that Pierre Villon – member of the CNR, and later, of COMAC – was the principle author and that it was given to Bidault and Copeau to revise and correct.

Bidault then addresses the Comité d’Action Militaire (the Military Action Committee, COMAC), created in May 1944 in an effort to unify and organize the FFI, highlighting the difficult relations that the CNR members maintained with him, even though he was under their direct authority. Bidault recounted the fundamental importance of COMAC in conducting significant military maneuvers; however, he declared that “this one was completely in the hands of the communists.” Additionally, he notes the influence of the communists on the resistors, even those opposed to communism. He uses Emmanuel d’Astier as an example, a member of the Libération-Sud, who was gradually won over by the influence of the communists. Georges Bidault’s opinion on the subject isn’t insignificant: other members of the CNR had risen against the tentative attempt to quell the tide of communism, to raise the PCF (French Communist Party) into the highest secret institutions of the Resistance.

Bidault then discusses the CNR’s relationship with London – particularly facilitated through Bouchinet-Serreulles, then Parodi – which he describes as “cordial” before saying, nonetheless, that they were “useless.” He emphasizes the indifference of the provisional government in the face of information that was painstakingly obtained by the internal Resistance; they did not hesitate to call them insignificant findings even though there were none. Bidault recollects that in May 1943, the CNR had announced its very determined support of de Gaulle against General Giraud, which strengthened de Gaulle’s position.

As for the funds, they were sent by the provisional government to De Gaulle’s envoy, who distributed them to the underground organizations and to the movements without the CNR to serve as an intermediary. 


Paulina Brault

Traduction : Gabrielle Ciceri