Paul Vercher
Légende :
Paul Vercher, capitaine de gendarmerie à Nantua, engagé dans la préparation du défilé d'Oyonnax, le 11 novembre 1943
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Collection privée Paule Vercher Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Nantua
Analyse média
Le capitaine de gendarmerie Paul Vercher a joué un rôle essentiel de protection dans la préparation du défilé d'Oyonnax.
Henri Girousse, alias "Chabot" raconte son entrevue avec lui après que Romans-Petit lui eut demandé d'aller le voir pour s'assurer que la préparation du défilé était placée sous le sceau du secret : " J'indique au capitaine Verchère notre itinéraire par Lalleyriat et Echallon, et spontanément, il me propose d'envoyer une patrouille de gendarmes pour protéger notre convoi lorsqu'il traversera la RN 84, vers Moulin-de-Charix. Cette attitude courageuse mérite d'être soulignée, car si certains policiers de Vichy nous ont fait beaucoup de mal, les gendarmes étaient presque tous avec nous, et ils ont payé un lourd tribut au service de la Résistance. Le capitaine Vercher, arrêté par la Gestapo le 14 décembre 1943, lors de la grande rafle de Nantua, a été déporté en Allemagne, ainsi que toute la brigade de Brénod, arrêtée le 5 février 1944 (un seul gendarme de cette brigade a pu se sauver en sautant par une fenêtre).
Brochure L'Ain de 1939 à 1945, De la guerre à la liberté, co-publiée par les Archives départementales de l'Ain et la Commission départementale d'information historique pour la paix, Bourg-en-Bresse, 1998.
Contexte historique
Paul Vercher est né le 2 mai 1898 à Clairvaux-les-Lacs dans le Jura. En 1943, il est commandant de l'ensemble des brigades de gendarmerie de l'arrondissement de Nantua. Très tôt acquis à la Résistance, il reste en poste, ce qui lui permet de transmettre aux résistants et maquisards de précieux renseignements sur les mouvements et opérations des forces vichystes et allemandes. Il joue un rôle important dans l'organisation et la réalisation du défilé des maquisards de l'Ain, le 11 novembre 1943 à Oyonnax.
Le 14 décembre 1943, il est pris dans la rafle de Nantua exécutée par la Wehrmacht. Il est emmené comme Antonin Allante à Montluc où il reste pendant près d'un mois, puis à Compiègne, et enfin jusque dans le camp de déportation de Buchenwald.
Après quelques semaines passées dans ce camp, Paul Vercher est repéré, comme Antonin Allante, par un officier SS qui donne l'ordre de les relâcher. Cet officier soigné à l'hôpital de Nantua et ayant bénéficié d'une transfusion sanguine grâce à l'intervention de Paul Vercher et Antonin Allante, demande leur libération. Antonin Allante, mourant, ne peut être rapatrié. Paul Vercher est libéré le 26 mars 1944. Il est l'un des rares déportés à être allé dans un camp de déportation et à en être revenu avant leur libération par les Alliés.
Après plusieurs mois d'hospitalisation, car il est très affaibli après plus de trois mois de captivité (il a perdu 30 kg), il ne revient à Nantua que le 7 ou 8 juin 1944. Il est alors immédiatement nommé chef de la prévôté de Nantua par le capitaine Romans-Petit. Ayant conservé des liens avec les gendarmes de sa brigade majoritairement acquise à la Résistance, il continue donc à jouer un rôle précieux au sein de l'état-major FFI, particulièrement lors de la première libération de la zone nord-est de l'Ain, puis il continue le combat auprès de l'état-major FFI jusqu'à la libération définitive.
Son épouse est arrêtée en juillet 1944 avec les autres épouses des gendarmes de Nantua à leur domicile à Pradon, mais elles ont, elles aussi, de la chance : alors qu'elles sont sur le quai de la gare attendant un convoi qui doit les emmener en Allemagne, Paris est libérée. Des dames de la Croix-Rouge les prennent en charge.
Après-guerre, il reprend sa carrière de gendarme qui le conduit à devenir le commandant de gendarmerie de la place de Bourg-en-Bresse. Il prend sa retraite et finit sa vie à Bletterans dont il est élu maire et où il meurt le 11 février 1976. Dans le contexte de l'épuration en 1944 - 1945, des soupçons de trahison ont pesé sur lui mais jamais rien n'a été prouvé contre lui. Au contraire, de très nombreuses attestations affirment son rôle précieux auprès de la Résistance.
Il est titulaire de la Médaille de la Résistance.
Claude Morel, in DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, AERI, 2013.