Affiche du Comité versaillais de la Libération
Légende :
Affiche du Comité versaillais de la Libération appelant la population à participer activement à la Libération et à l'installation des nouveaux pouvoirs
Genre : Image
Type : Affiche
Source : © Archives municipales de Versailles, 15Z61 Droits réservés
Détails techniques :
Affiche imprimée en noir sur fond beige
Date document : 20 août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Versailles
Contexte historique
C'est dans le courant du mois de juin 1944 qu'Yves Tricaud, responsable du MLN de Versailles, organisa une rencontre entre René Heidet, futur vice-président du CLL de Versailles, et Pierre Commin, responsable départemental de CDLR et membre du Comité départemental de Libération de Seine-et-Oise. Ce dernier chargea Heidet de constituer le Comité local de Libération de Versailles.
Le 16 juillet 1944, en application des consignes du CNR, les délégués des neuf mouvements versaillais de la Résistance se réunissaient pour former le Comité local de Libération de Versailles. Les organisations représentées étaient : CDLR, le FN, les FUJP, Libé-Nord, le MLN, le MNPGD, l'OCM, le PCF et la SFIO. Ainsi se trouvaient rassemblées les organisations de Résistance, de tendances et d'origines diverses, constituées sous l'occupation et ayant exercé une activité effective dans la clandestinité. Les représentants de ces organisations étaient : René Berthouin (CDLR), Camille Chabaud (PC), André Dupin (FN), Gaston Gatin (MNPGD), André Hamon (FUJP), René Heidet (MNPGD/CDL), François Juhellé (MNPGD), Maurice Marchand (Libé-Nord) et Yves Tricaud (MLN). Seule l'OCM n'était pas représentée à cette réunion constitutive. L'ordre du jour de cette réunion était l'élection du bureau composé d'un président, de deux vice-présidents et d'un secrétaire, et celle des responsables des commissions mises en place, à savoir une commission militaire, une commission ravitaillement et une commission épuration. Enfin, l'ordre du jour comprenait également l'élection d'un nouveau maire intérimaire de Versailles.
Dans l'ouvrage de Marcel Petit, Yves Tricaud, représentant du MLN au sein du CLL de Versailles fait un récit précis de cette réunion : " La première réunion eut lieu boulevard de la Reine chez Maître Planty. Tandis que le fils Planty faisait le guet pour assurer notre sécurité, nous pénétrâmes dans un salon et nous pûmes nous dévisager les uns les autres. Je connaissais M. Heidet, qui travaillait au MNPGD. Mais je n'étais jamais entré en contact avec les six autres personnes qui se trouvaient là.(...) Le Comité nomma des commissions diverses, y compris une commission militaire, qui eut pour président M. Barbet. Puis il fallut songer à désigner un maire destiné à remplacer celui qui avait exercé ses fonctions sous la dépendance du gouvernement de Vichy. Des divers candidats proposés, c'est Emile Labeyrie, ancien gouverneur de la Banque de France, qui l'emporta, encore que cette question où la politique reprenait ses droits eut entraîné des débats assez animés. "
René Heidet, dans ses mémoires, explique également les problèmes liés à l'élection du président du comité : " Pour avoir assez d'autorité, le Président devait émaner, selon moi, d'un groupement réunissant des Français de tous âges, de toutes conditions et connu pour son activité nationale apolitique. J'acceptais d'assumer la charge d'une vice-présidence, considérant que les prisonniers et déportés devaient être représentés en bonne place. Au cours des contacts préliminaires, j'avais pu me faire une idée de chacun. Celui qui me paraissait le plus apte à prendre la direction du Comité était André Dupin. Professeur au lycée Hoche, âgé d'une quarantaine d'années, homme pondéré et de bon contact, unitaire et compétent, il m'avait fait une excellente impression. J'aurais volontiers soutenu sa candidature à la Présidence s'il n'avait appartenu au Front National. Or, chacun savait que le Front National était une émanation résistante du Parti Communiste. Le présenter à la Présidence risquerait de créer, dès son départ, des réserves au sein de ce Comité. Dupin en était conscient et m'avait prévenu qu'il ne revendiquerait rien pour le Front National, mais qu'il accepterait la responsabilité que l'on voudrait bien lui donner. Les autres présents représentaient également des tendances incompatibles avec la fonction de Président à l'exception de Yves Tricaud (MLN) et Roger Berthouin (CDLR). Yves Tricaud, malgré tout son mérite, était un moins de vingt ans et son jeune âge lui retirait tout son crédit. Il restait René Berthouin. Je le connaissais depuis peu. Il avait la quarantaine. Pierre Commin me l'avait recommandé et il représentait CDLR qui n'était contesté par personne. Je proposais sa candidature et il était élu à l'unanimité. Les élections des deux vice-présidents, du secrétaire et des responsables des commissions se firent sans difficultés, après de courtes discussions au cours desquelles seul le souci de l'efficacité fut pris en compte. "
La constitution du bureau du Comité local de libération de Versailles qui fut votée ce jour-là fut donc la suivante :
Président : René Berthouin (CDLR)
1er Vice-Président : René Heidet (MNPGD/CDL)
2ème Vice-Président : André Marchand (Libé-Nord)
Secrétaire : André Dupin (Front National)
Commission militaire : Julien Barbet (Front National)
Commission épuration : René Heidet
Commission ravitaillement : Marcel Mando (MNPGD/PS)
Les membres du Comité étant : Charles Barbier (radicaux-socialistes), Roger Bilard (Libé-Nord), Mme Marie Bonnaud (MNPGD), Camille Chabaud (PC), Jean Debrune (PS), Mme Hélène Delorme (MNPGD), Pierre Ferrenbach (PC), Gaston Gatin (MNPGD), André Hamon (FUJP), François Juhellé (MNPGD), Emile Leboucq (PS), Jean Masseboeuf (OCM), Antoine Nonis (PC), Mme Rougerie (démocrates-chrétiens), Mme Hélène Stiquel (UFF) et Yves Tricaud (MLN).
Lors de cette séance du 16 juillet 1944, M. Labeyrie, ancien Gouverneur de la Banque de France, fut élu Maire intérimaire de Versailles avec sept voix contre deux.
Le 20 août 1944, Le Comité local de Libération de Versailles se manifestait pour la première fois par voie d'affiches. L'imprimeur Barbier imprima les affiches dans la nuit du 19 au 20 avec des ouvriers sûrs. Et c'est Yves Tricaud, en compagnie de Rouxel, Nonis et d'un autre résistant qui se chargea de coller les quarante affiches. Ces affiches prévenaient la population que la seule autorité légale sur le plan municipale était le comité local de libération. C'est par le biais de telles affiches que le Comité local de libération de Versailles continua de tenir la population informée de ses activités.
Ce Comité annoncé à grand renfort de publicité n'a jamais siégé. En effet, le soir même du 25 août, à 18h45, un Conseil municipal provisoire tenait sa premiè séance officielle à la mairie avec, pour président et nouveau mairie, Emile Labeyrie, ancien directeur de la Banque de France. Dans ce conseil, dont la formation était illégale puisque M. Labeyrie, déjà maire d'une commune des Landes, n'avait pas été élu régulièrement, on retrouve la plupart des membres de la liste présentée par le Comité local de Libération. Ce n'est que le 18 mai 1945 que M. Labeyrie, à l'issue d'élections municipales régulières, sera confirmé à son poste.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Archives départementales des Yvelines, 1 W 417 (Libération du département).
Entretien de l'auteur avec Yves Tricaud, 27 février 1998.
René Heidet, Résistance versaillaise, non publié [réalisé à la suite de l'exposition de 1984 sur la résistance et la libération de Versailles].
Marcel Petit, Histoire de l'occupation et de la libération de Versailles, Corbeil, Editions de l'Avenir, 1946