Les comités de Libération

Les Comités départementaux de Libération sont créés à l'initiative du Conseil national de la Résistance (CNR), dans le cadre de l'ordonnance du 21 avril 1944 portant organisation des pouvoirs publics en France à la Libération. L'article 19 concerne plus particulièrement les CDL, qui sont chargés, selon les statuts de 1944, des missions suivantes : " action immédiate dans la clandestinité, préparation de l'insurrection, préparation de l'action prochaine et publique dans le cadre du département ". Appuyés sur des comités locaux, ils assurent l'administration civile en attendant la libération du département et le rétablissement des institutions locales et départementales.

Les CDL et CLL possèdent souvent une commission d'épuration, et préparent les dossiers en vue du passage ou pas des collaborateurs présumés devant les cours de justice.

Auteur(s): Fabrice Bourrée

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Le Comité parisien de Libération haut ▲

La constitution du Comité parisien de la libération (CPL) en octobre 1943 s'inscrit dans le processus qui, à partir de l'automne 1942, contraint la Résistance intérieure française à coordonner ses forces, tant par nécessité que pour légitimer la mutation de la France combattante en un gouvernement alternatif à Vichy - le CFLN (3 juin 1943). Scellée au sommet par la naissance du CNR, le 27 mai 1943, et du Comité central des Mouvements de Résistance, le 23 juillet 1943, cette union se déploie également sur le terrain. A Paris, où elle est particulièrement précoce, elle résulte de la double impulsion des syndicats ouvriers reconstitués dans la clandestinité et des mouvements de Résistance. En dépit des divergences (profondes) et des méfiances (récurrentes), cette conjonction s'avère rapidement assez solide pour imposer le CPL comme l'organe d'une Résistance parisienne, plus que toute autre sensible aux antagonismes sociaux. Les journées insurrectionnelles d'août 1944 confirment avec éclat l'efficacité et le magistère d'un état-major qui a su enraciner en profondeur le combat patriotique dans une mobilisation respectueuse des modes d'organisation, d'action et d'expression de toutes les composantes de la population parisienne.

La liste exhaustive des membres du CPL reste incertaine, d'autant que, jusqu'à la Libération, le comité évite de siéger en séance plénière. La composition et le fonctionnement de ses commissions de travail sont également mal connues. L'action du CPL dans la clandestinité est donc surtout éclairée par les archives de son bureau. Quatre de ses fondateurs traversent la période : André Tollet (Union des syndicats de la Région parisienne), Roger Deniau (Libération-Nord), Marie-Hélène Lefaucheux (OCM) et Albert Rigal (PCF) - remplacé par Georges Marrane le 17 août 1944. Dès novembre 1943, en revanche, Henri Bourdeau de Fontenay (CDLR), muté à Rouen comme commissaire de la République et Charles Streber (FN), arrêté et torturé à mort, font défaut. Leurs successeurs - respectivement Léo Hamon et André Carrel - ne sont nommés qu'au début 1944 mais ils siègent jusqu'à la Libération. Il en est de même pour Jean Mons, mandaté par Louis-Francis Closon pour représenter la Délégation générale.

Auteur(s) : Daniel Virieux
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Le comité départemental de la Libération de Seine-et-Oise haut ▲

En avril 1944, à la demande du CNR, des comités départementaux de Libération se sont constitués dans tous les départements. Le 13 avril, une réunion a lieu dans une villa du Raincy pour constituer le Comité départemental de Libération de Seine-et-Oise. Lors cette réunion, Serge Lefranc est élu président du CDL.

Le 24 août 1944, une réunion a lieu entre les représentants des mouvements de résistance pour préparer la prise de la préfecture de Versailles. Le lendemain, 25 août, Roger Léonard intervient, annonçant qu'il a reçu l'ordre d'Edgar Pisani, représentant de Jacques Chaban-Delmas, de ne pas attaquer la préfecture. Malgré cet ordre, le jour même, encadrés par les FFI, le CDL prend possession des locaux. Au cours de la journée, Serge Lefranc prononce un discours sur les marches de l'hôtel de ville de Versailles devant une foule nombreuse.

Voici la composition du Comité départemental de Libération de Seine-et-Oise: Serge Lefranc (Front national), René Heidet (MNPGD), Pierre Commin (CDLR), Michel Monvoisin (Libération-Nord), Mme Monvoisin (Aide aux réfractaires), André Saint-Paul (Démocrates chrétiens), Charles Couderc (Ceux de la Libération - Vengeance), Maurice Bené (Parti radical socialiste), Roger Dupont (OCM), Pinet (CFTC), Mme Bertaux (UFF), Mme Vanderschooten (Action féminine), Roger Morane (Union jeunesse patriotique), De Nervaud (Action démocratique), Edouard Bonnefous (Union républicaine démocratique), Breno (Parti socialiste), Michel Vandel (Union départementale des syndicats), Robert Ballanger (PCF), Paul Chaussonière (MLN), Georges Hamelet (Comités populaires).

Auteur(s) : Fabrice Bourrée
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Les comités de Libération en Seine-et-Marne haut ▲

Si le Comité départemental de Libération semble avoir été ébauché en 1943, il n'apparaît pas avant l'année suivante. Sa commission militaire se réunit le 27 juillet 1944 (le compte-rendu ne fournit aucun nom des dix participants). Il n'existera pas d'autre rencontre avant celle du 25 août où la décision fut prise de ne rien entreprendre avant l'arrivée du préfet. Le 1er septembre se déroule la première réunion officielle en présence du préfet, Jean Latour. Legeay, FTP du nord, assure alors une présidence très provisoire puisque le représentant du FN, le communiste Hémery, du syndicat de la presse juridique de province, est élu président du CDL le jour même.

Dans les communes, divers organes provisoires s'étaient systématiquement substitués aux municipalités en place et se transforment alors plus ou moins aisément en Comités locaux de Libération (CLL). Si certains CLL ont beaucoup travaillé, surtout à l'intérieur des différentes commissions (ravitaillement et justice, rédaction des Cahiers de Doléances), force est bien de reconnaître qu'à la veille du congrès départemental des CLL à la salle de la Mutualité à Paris, en décembre 1944, de nombreux CLL manquent encore à l'appel en dépit des reconnaissances accélérées par le préfet. Là réside une difficulté car s'il peut exister plusieurs procédures pour créer un CLL, c'est celui-ci qui doit susciter la municipalité provisoire, les mêmes membres se retrouvant parfois dans l'un et l'autre (Nanteuil-les-Meaux, Esbly). Parfois on reconduit simplement la municipalité d'avant-guerre (Oissery, Villeroy, Luzancy). Ailleurs on procède à un tri et à un dosage subtile (Chambry). A Monthyon, sous la pression du sous-préfet de Meaux, tout le CLL bascule dans la municipalité provisoire avec cinq membres du Conseil de 1935. Parfois, les résistants du CLL, très marqués politiquement, rejettent l'ancienne municipalité en dépit des mérites de certains (Sognolles-en-Montois, Gastins). C'est souvent le cas dans les villes marquées par une politisation plus nette. Il faut souvent attendre les élections de 1945 et la fin de cette période provisoire pour régler les problèmes municipaux. On compte quelques comités cantonaux mais sans grand rôle.

Si certaines difficultés sont nécessairement apparues sur le terrain, l'accord a nettement joué au nom de l'efficacité, surtout au sommet du département et en dépit des anicroches et des fractures politiques, entre le représentant du pouvoir légal rétabli et les tenants d'un pouvoir provisoire.

Auteur(s) : Claude Cherrier
Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Les comités locaux de la Libération (Seine et Seine-et-Oise) haut ▲

Le 11 avril 1944, le Conseil national de la Résistance (CNR) dresse une liste de recommandations concernant la création et le fonctionnement des municipalités provisoires désignées par les Comités départementaux de Libération. Voici un extrait de ces instructions :

" (…) 4/ Les Municipalités à désigner seront des Municipalités d'action qui auront pour tâche essentielle de parer, jusqu'aux élections, aux besoins les plus urgents des populations abandonnées le plus souvent, depuis juillet 1940, par ceux qui avaient la charge de veiller à leurs intérêts. (...)

9/ La composition des Municipalités devra matérialiser l'union des patriotes et rappeler dans une certaine mesure, celle même des CDL. Dans ce but, les CDL s'inspireront des bases et proportions que leur suggère l'examen des situations locales, pour assurer aux mouvements de Résistance, aux organisations ouvrières, aux tendances politiques ou partis, une représentation qui corresponde à l'action menée pour la Libération et aux sentiments de la population."

C'est ainsi que dans l'ensemble de l'Ile-de-France se mettent en place des Comités locaux de Libération chargés de prendre en charge l'administration communale sous l'égide du Comités départementaux de Libération et du Comité parisien de la Libération pour le département de la Seine.

Auteur(s) : Fabrice Bourrée