Défense de la France, n°48, 22 août 1944
Genre : Image
Type : Journal
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Journal impriné
Date document : 22 août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Analyse média
Le journal Défense de la France n°48 du 22 août 1944 titre "Paris se libère de l'oprresseur". La colonne de gauche de la première page comprend un article sur la trêve : "Une trêve est intervenue entre les FFI et les Allemands".
Retranscription :
"Communiqué de la Préfecture de la Seine
La Résistance, en étroit accord avec le Gouvernement provisoire de la République, occupe les édifices publics de Paris. Les représentants sont en place dans les divers ministères.
Après des combats assez violents qui ont duré près de quanrante-huit heures, les autorités allemandes ont demandé une trêve reconnaissant l'état de fait ainsi crée pour leur permettre d'évacuer la capitale en ordre et sans augmenter encore l'effusion de sang et la destruction de monuments.
Cette trêve temporaire a été conclue et l'ordre de cesser le feu a été donné par les représentants du Gouvernement provisoire.
En exécution d'une décision du CNR, l'ordre public dans la capitale est assuré par les patriotes en pleine harmonie avec la population dont la dignité et le courage ont supassé tous les éloges.
Paris s'est libéré seul et invite les Alliés à faire leur entrée dans la capitale le plus vite possible."
Contexte historique
Toute la journée du samedi 19 août, l'insurrection lancée, des échanges armés opposent dans Paris et sa banlieue, les troupes allemandes aux FFI et résistants. La Préfecture de Police, située à la caserne de la Cité, est prise et occupée par des fonctionnaires de police insurgés. Les troupes alliées sont encore loin de Paris, les FFI et les insurgés disposent de peu de munitions. Aussi, depuis l'intérieur de la Préfecture un appel téléphonique, dont l'origine reste encore mystérieuse, parvient au consul de Suède Raoul Nordling lui demandant de négocier une trêve auprès de von Choltitz. La crainte et les rumeurs d'une forte attaque allemande auraient suscité cet appel. Les jours précédents, Raoul Nordling avait pris des contacts avec le délégué du CFLN pour la France occupée, Alexandre Parodi, qui cherchait alors à gagner du temps avant l'arrivée des troupes alliées. Un accord oral, et non écrit, non formalisé, est ainsi négocié par le consul de Suède avec les Allemands ; il prend effet, sous la forme d'une "trêve", vers 21 heures, et s'applique à l'ensemble des points d'appui occupés par les résistants.
Le lendemain, dimanche 20 août, le CNR se réunit ; les discussions sur l'opportunité de cette "trêve" sont très vives. Elle est vivement dénoncée par André Tollet, président du CPL, et Rol-Tanguy, commandant des FFI. Léo Hamon, membre du CPL, la défend, de même que Chaban-Delmas et Parodi, la justifiant par la crainte d'un désastre, les forces allemandes étant importantes. Au sein du CNR, Pierre Villon, représentant du FN, partisan de l'action immédiate, rejette l'idée d'une trêve et attaque Parodi.
Cette "trêve" centrée essentiellement sur la Préfecture ne dure que quelques heures, et s'achève le 21 août. Elle a été peu respectée de part et d'autre, des échanges de tirs et des combats se sont poursuivis dans Paris. Au cours de la réunion du CNR du 20 août, un accord est finalement conclu entre les partisans de l'insurrection et de l'action immédiate, communistes, et les "attentistes". Un texte est rédigé puis placardé sur les murs de Paris : "La lutte continue. Elle doit se poursuivre jusqu'à ce que l'ennemi soit chassé de la région parisienne. Plus que jamais tous au combat ! Répondez à l'ordre de mobilisation générale, rejoignez les FFI. Toute la population doit, par tous les moyens, empêcher la circulation de l'ennemi. Abattez les arbres, creusez les fossés antichars, dressez des barricades. C'est un peuple vainqueur qui recevra les Alliés." Les versions sur l'origine de cette "trêve" sont multiples. Si pour Alexandre Parodi il s'agissait de gagner du temps avant l'arrivée des Alliés, pour Raoul Nordling, fidèle à sa neutralité et à sa fonction diplomatique, l'essentiel était de sauver des vies humaines.
AUTEURS : Christine Levisse-Touzé, Cécile Vast,
SOURCES : dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004