L'annonce de la trêve dans les rues de Paris
Légende :
Voiture de la Défense passive munie d'un haut-parleur diffusant dans Paris l'annonce de la suspension des combats entre FFI et Allemands. Cette photographie a été prise rue des Lombars dans le 4e arrondissement.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 20 août 1944
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Contexte historique
Toute la journée du samedi 19 août, l'insurrection lancée, des échanges armés opposent dans Paris et sa banlieue, les troupes allemandes aux FFI et résistants. La Préfecture de Police, située à la caserne de la Cité, est prise et occupée par des fonctionnaires de police insurgés. Les troupes alliées sont encore loin de Paris, les FFI et les insurgés disposent de peu de munitions. Aussi, depuis l'intérieur de la Préfecture un appel téléphonique, dont l'origine reste encore mystérieuse, parvient au consul de Suède Raoul Nordling lui demandant de négocier une trêve auprès de von Choltitz. La crainte et les rumeurs d'une forte attaque allemande auraient suscité cet appel. Les jours précédents, Raoul Nordling avait pris des contacts avec le délégué du CFLN pour la France occupée, Alexandre Parodi, qui cherchait alors à gagner du temps avant l'arrivée des troupes alliées. Un accord oral, et non écrit, non formalisé, est ainsi négocié par le consul de Suède avec les Allemands ; il prend effet, sous la forme d'une "trêve", vers 21 heures, et s'applique à l'ensemble des points d'appui occupés par les résistants.
Le lendemain, dimanche 20 août, le CNR se réunit ; les discussions sur l'opportunité de cette "trêve" sont très vives. Elle est vivement dénoncée par André Tollet, président du CPL, et Rol-Tanguy, commandant des FFI. Léo Hamon, membre du CPL, la défend, de même que Chaban-Delmas et Parodi, la justifiant par la crainte d'un désastre, les forces allemandes étant importantes. Au sein du CNR, Pierre Villon, représentant du FN, partisan de l'action immédiate, rejette l'idée d'une trêve et attaque Parodi.
Cette "trêve" centrée essentiellement sur la Préfecture ne dure que quelques heures, et s'achève le 21 août. Elle a été peu respectée de part et d'autre, des échanges de tirs et des combats se sont poursuivis dans Paris. Au cours de la réunion du CNR du 20 août, un accord est finalement conclu entre les partisans de l'insurrection et de l'action immédiate, communistes, et les "attentistes". Un texte est rédigé puis placardé sur les murs de Paris : "La lutte continue. Elle doit se poursuivre jusqu'à ce que l'ennemi soit chassé de la région parisienne. Plus que jamais tous au combat ! Répondez à l'ordre de mobilisation générale, rejoignez les FFI. Toute la population doit, par tous les moyens, empêcher la circulation de l'ennemi. Abattez les arbres, creusez les fossés antichars, dressez des barricades. C'est un peuple vainqueur qui recevra les Alliés." Les versions sur l'origine de cette "trêve" sont multiples. Si pour Alexandre Parodi il s'agissait de gagner du temps avant l'arrivée des Alliés, pour Raoul Nordling, fidèle à sa neutralité et à sa fonction diplomatique, l'essentiel était de sauver des vies humaines.
AUTEURS : Christine Levisse-Touzé, Cécile Vast,
SOURCES : dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004