Contexte historique

D'origine alsacienne, Raymond Burgard est né le 15 septembre 1892 à Troyes (Aube). Agrégé de grammaire en 1928, il enseigne en Sarre, à la Martinique et en Tunisie avant d'être nommé au lycée Buffon en septembre 1937. Syndicaliste, il est un des candidats du SPES aux élections du Conseil supérieur de l'Instruction publique en mai 1938. En septembre 1938, il rejoint le camp des anti-munichois.
Burgard appartient à cette poignée de Français résistants de la première heure. Dans le cadre de ses activités clandestines, il se consacre principalement à une action de propagande anti-allemande. Il fonde, en septembre 1940, avec quatre amis anciens combattants de la Première Guerre mondiale et issus du groupe catholique de gauche Jeune République, ce qui deviendra le mouvement Valmy. Il fabrique, avec ses compagnons, de multiples papillons, collés sur les murs parisiens, les affiches de l'occupant ou encore dans les couloirs du métro. L'un d'eux proclame "Vive la République, quand même". Burgard rédige également des tracts en allemand, destinés à saper le moral des troupes d'occupation et appelant les soldats à la désobéissance. En janvier 1941, paraît le premier numéro du journal Valmy, tiré à 50 exemplaires. Burgard en a rédigé l'éditorial, intitulé "Certitudes". Il écrira par la suite de nombreux articles pour cette feuille clandestine, en particulier l'éditorial du numéro du 14 juillet 1941, tiré à plusieurs milliers d'exemplaires. Il participe également, avec Paul Petit, à la parution du journal La France continue. Son principal pseudonyme connu est "Alexandre".
Burgard a pris part à la manifestation du 11 novembre 1940 sur les Champs-Élysées -au cours de laquelle son fils aîné est arrêté- et au rassemblement du 11 mai 1941, place des Pyramides. Selon plusieurs témoins, il est l'un des premiers à y entonner La Marseillaise. En novembre 1941, une réunion tenue à son domicile permet aux membres de Valmy de prendre contact avec Yves et Joël Le Tac, agents du BCRA.
Arrêté par les services de l'Abwehr, à son domicile du 12, rue Pérignon, dans le XVe arrondissement, à l'aube du 2 avril 1942, Raymond Burgard est tout d'abord détenu à la prison de Fresnes. Son arrestation provoque, au lycée Buffon, une importante manifestation de protestation, à laquelle participent notamment des élèves appartenant au groupe dit "des Cinq de Buffon". Au cours de cette action d'éclat, un tract intitulé "Professeurs et lycéens de Buffon, Alerte !" est lancé et porte la signature du "Comité pour la libération de Burgard". Ce tract demande notamment aux enseignants du lycée de cesser leurs cours jusqu'à la libération de leur collègue. Cet appel ne sera pas suivi d'effet. Burgard est ensuite envoyé au fort de Romainville, avant d'être emmené en Allemagne. Selon le rapport final d'interrogatoire Burgard "s'est fait, en toute connaissance de cause, adversaire de l'Allemagne et s'est rendu coupable d'avoir aidé l'ennemi par sa collaboration active dans le domaine anti-allemand". Le 2 octobre 1943, il est condamné à mort par le Volksgerichtshof de Berlin, lors d'une session exceptionnelle tenue à Sarrebrück. Détenu à la prison de Rheinbach, puis à Cologne, il est décapité le 15 juin 1944 à 3 heures de l'après-midi, dans la cour de cette dernière prison. Une plaque est apposée en sa mémoire dans le hall d'entrée du lycée Buffon.

Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre, 1914-1918, Médaille de la Résistance avec rosette.