Louis Vallon
Légende :
Louis Vallon fut un résistant et également un grand serviteur de la République.
Genre : Image
Type : Portrait
Producteur : Inconnu
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Photographie de Louis Vallon tirée de la quatrième de couverture de son ouvrage L’anti de Gaulle, Seuil, Paris, 1969.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
Né à Crest le 12 août 1901, Louis Vallon était le fils d’un instituteur, puis professeur à l’École primaire supérieure de Crest, portant le même prénom, qui fut le maire de Crest à la Libération.
Élève à l’école primaire de Crest, au lycée de Valence, au lycée Saint-Louis à Paris, Louis Vallon fils est reçu en 1921 à la fois à l’École normale supérieure et à Polytechnique, il choisit Polytechnique. Il est ingénieur radio-électricien jusqu’en 1929. D’opinion socialiste (issu d'une famille socialiste : son père l'avait emmené écouter Jaurès), il adhère à la SFIO en 1923. De 1929 à 1933, il milite dans la Drôme qu’il représenta aux congrès nationaux de Bordeaux (1930), Tours (1931), Paris (1933). Candidat aux élections législatives de 1932 dans la circonscription de Die, il est battu par le radical Archimbaud. De 1930 à 1933, il est l'un des principaux collaborateurs de l'hebdomadaire fédéral La Volonté socialiste. En 1933, un voyage en Allemagne lui permet d’observer ce qu’est le national-socialisme. Il mène des recherches sur les ondes électromagnétiques. Il participe à de nombreux groupes de réflexion, prononce des conférences, donne des articles à la presse. En mai 1936, il publie, sous le titre Socialisme expérimental, ses réflexions sur le crédit et l'endettement. Après son service militaire, il devient directeur commercial à la Compagnie des lampes Thomson avant de travailler à la revue de presse de Radio-Paris. De 1936 à 1939, appelé par Léon Blum, il est chef des émissions économiques et sociales de la radiodiffusion. Il reste cependant très critique envers le Front populaire.
À la déclaration de guerre, il est mobilisé comme capitaine près de la ligne Maginot. Lors de l’avancée allemande, est fait prisonnier au Danon en 1940. Grâce à un ami polytechnicien, il est libéré pour une affectation spéciale de pure fantaisie et rentre de son Oflag au printemps 1941. Dès son retour de captivité, il rejoint la Résistance.
En relation avec Pierre Brossolette, André Philip, Christian Pineau, il entre au réseau Libération-Nord. Il rassemble des patriotes, écrit dans une feuille clandestine, puis participe à la fondation du journal clandestin Libération Nord. Son épouse, médecin de parents juifs, ("Suzon" dans la Résistance) s'engage dans les Forces françaises libres en juillet 1941. Louis devient l'un des agents du colonel Rémy. Il est en contact avec Pierre Brossolette, avec le colonel "Passy" (André Dewavrin). La Résistance déterminera son évolution politique : il devient « gaulliste ».
Son épouse et lui-même, étant très recherchés et désirant ardemment rejoindre de Gaulle, ne peuvent demeurer en France. Grâce à Brossolette, le 13 juillet 1942, ils s’embarquent avec André Philip dans une calanque méditerranéenne sur un bateau de pêcheur à Marseille, qui les conduit à un bâtiment anglais qui les emmène à Gibraltar d’où ils s’envolent vers Londres. Suzon s’engage comme médecin militaire. Louis se met au service de De Gaulle. Il est chargé de missions politiques au sein du BCRA (Bureau central de renseignement et d'action), puis chef d’état-major adjoint de la 1e Division France libre. Tandis que Suzanne, nommée d'emblée sous-lieutenant, est contrainte par le médecin-chef des FFL (Forces françaises libres) de rester à Londres, Louis, nommé directeur aux affaires économiques, effectue plusieurs missions, en particulier en Corse.
En avril 1943, il est à Alger où il reçoit Pierre Brossolette avec lequel il a une importante discussion sur le difficile remplacement de Jean Moulin et du général Delestraint. Membre de l’Assemblée consultative d’Alger où il joue un rôle de premier plan, il demande à revenir en France pour une mission secrète, mais sa demande est refusée car il est trop compromis. Il met sur pied un commando parachutiste avec des volontaires évadés de France par l’Espagne. Il se bat en Libye avec un courage qui force l’admiration de ses camarades. C’est avec ces hommes qu’il prend part comme chef de bataillon et chef d'état-major adjoint de la 1e Division française libre aux opérations des Vosges et d’Alsace en novembre 1944 : blessé, il obtiendra la Légion d’honneur, la Croix de guerre avec palme ainsi que la médaille de la Résistance.
Pendant ce temps, Suzanne était envoyée au front en Tunisie, puis en Italie. Elle participe à toute la campagne jusqu'en Allemagne, comme médecin aux Armées.
Lieutenant-colonel, Louis Vallon est nommé directeur-adjoint pour les questions économiques et financières au cabinet du général de Gaulle en mai 1945, ce qui est fièrement annoncé à Crest par un communiqué municipal et la presse le 24 mai 1945. Il considérait que lutter contre les communistes ne signifiait « pas nécessairement défendre les intérêts exclusifs des possédants [ni] s'opposer à ce que les travailleurs aient leur légitime part des fruits du travail commun dans les entreprises ». Il sera élu député RPF de la Seine de 1951 à 1955.
Après avoir été un des fidèles du Général pendant sa « traversée du désert », il jouera un rôle politique sous la Ve République (membre du Conseil économique et social, député de Paris, rapporteur général de la commission des Finances, fondateur de l’UDT (Union démocratique du travail, parti allié de l’UNR (Union pour la nouvelle République) avec lequel il fusionne en 1963), qui se veut l’aile gauche du gaullisme, auteur de l’amendement (qui porte son nom) à l’article 33 de la loi du 12 juillet 1965 introduisant l'intéressement des salariés dans les entreprises. Louis Vallon s'oppose avec force à Georges Pompidou qu'il accuse d'avoir provoqué l'échec du référendum et par conséquent le départ du général de Gaulle.
Après la publication de son pamphlet L'Anti-de Gaulle, il est exclu des rangs de l'UDR (Union pour la Défense de la République) en novembre 1969 et devient député non-inscrit. Pour lui, l'UDR n'est qu' « un ramassis de menteurs, de tricheurs, d'aveugles ». En 1974, il appelle à voter pour François Mitterrand. Aussi bien dans le mouvement socialiste que dans le mouvement gaulliste, Louis Vallon adopta des positions originales qui firent parfois de lui un marginal.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages politiques : Socialisme expérimental (1936), Salaires et niveaux de vie (1938), le Dilemme français (1951), L’histoire s’avance masquée (1957), La France fait ses comptes (1959), Le grand dessein national (1963), L’anti-de Gaulle (1969), De Gaulle et la démocratie (1972).
Louis Vallon meurt le 1er mars 1981 à Paris, peu avant l’élection de François Mitterrand. Il est inhumé à Crest.
Auteurs : Robert Serre
Sources : Gilberte Brossolette, Il s’appelait Pierre Brossolette, Albin Michel, 1976. Rémy, Mémoires d’un agent secret de la France Libre, 6 tomes, éditions de Crémille Genève, 1973. Passy, Missions secrètes en France, Plon, 1951, p. 399. Collectif, Les femmes dans la Résistance en France, actes du colloque international de Berlin, Tallandier Paris 2003. AC Crest, pièces non classées. La Volonté socialiste, 1930-1937. Le Crestois, 17 mars 1945, 26 mai 1945, 16 juin 1945.