Librairie-papeterie du 89 rue de la Pompe, Paris 16e

Légende :

Quand le régime de Vichy lui interdit d'enseigner, Pierre Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89 rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de « boîte aux lettres » pour les résistants.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection famille Brossolette (http//www.pierrebrossolette.com) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Vers 1940

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Pierre Brossolette ne saurait avilir sa plume en la mettant au service des journaux allemands de la capitale qui lui font pourtant des offres mirifiques. Sans se faire beaucoup d'illusions, car il sait les sentiments des autorités vichyssoises à son égard. il sollicite un emploi dans l'enseignement. Bien entendu, aucune réponse ne lui est faite. Il se tourne alors vers d'autres occupations qu'il sait provisoires, songe à acheter un hôtel, une chemiserie, puis finalement, en octobre 1940, acquiert une petite librairie, rue de la Pompe, non loin du Lycée Janson de Sailly, dont il a été l'élève quelque vingt ans plus tôt. Le voici qui vend des crayons, des gommes, des stylos, qui court les magasins des éditeurs pour se procurer de la marchandise, qui, dans le choix des livres, guide des clients que surprennent la compétence et l'aisance du libraire, qui sourit de l'ingénuité de certains, s'amuse de l'ignorance ou de la prétention des autres... Pour le distraire d'un mercantilisme facile et qui permet de vivre, certes ! mais si éloigné de ses aspirations et de ses rêves d'hier, il donne des cours d'histoire contemporaine aux jeunes filles du Collège Sévigné dans un esprit qui, on le pense, ne saurait être celui de la Révolution dite Nationale. De son père, n'a-t-il pas hérité un jacobinisme qui le rend intransigeant pour tout ce qui touche à l'indépendance de la Patrie et au salut de la République ? Ce même sentiment le pousse à entrer sans tarder dans la Résistance active.

Sa librairie devient un lieu de rendez-vous pour les résistants. Le Colonel Rémy y recontrera Christian Pineau, chef du mouvement Libération-zone nord et son adjoint Vallon ; puis Langlois, un des chefs de l'O.C.M. (Organisation civile et Militaire) ; Lapierre, ancien secrétaire général du Syndicat national des Instituteurs, etc.

En mai 1942, Mme Brossolette liquide la librairie de la rue de la Pompe et d'une calanque de la côte provençale gagne avec ses deux enfants une nuit de juillet, le port de Gibraltar, sous le nom de Mme Passeur. De là un long voyage par mer les conduira à Londres, où Mme Brossolette allait, jusqu'à la Libération participer à la préparation des émissions françaises de la B.B.C.


Extraits de R. OZOUF, Clamart, 15 Février 1946.