Jean Zay barbu dans la cour de la prison de Riom

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives nationales, 667AP/141 (photo 948) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1943-1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Auvergne) - Puy-de-Dôme - Riom

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Contexte historique

Après un simulacre de procès par le tribunal militaire permanent de Clermont-Ferrand, Jean Zay est condamné, le 4 octobre 1940, pour désertion en présence de l'ennemi, à la déportation pour une durée indéterminée. Comble du paradoxe que cette condamnation : accusé de désertion, alors qu'il a quitté la France pour continuer le combat contre l'Allemagne nazie, il est condamné par un gouvernement qui a renoncé à la lutte et signé l'armistice. De la prison militaire de Clermont-Ferrand où il était détenu depuis son retour du Maroc, Jean Zay est envoyé au Fort Saint-Nicolas de Marseille, puis à la maison d'arrêt de Riom.

Renouant en captivité avec ses rêves et ses activités de jeunesse, Jean Zay, qui n’a jamais cessé d’écrire, devient un écrivain. Un premier roman policier, La bague sans doigt, est publié en juin 1942 par Julliard sous un pseudonyme, Paul Duparc, du nom de la rue où naquit Jean Zay. Sur des petits carnets, Jean Zay écrit les événements marquants de chaque jour, d’une écriture abrégée et souvent codée ; nouvelles familiales, visites, lectures, événements qu’il apprend des journaux qu’il peut lire, de la radio ou de ses visiteurs ; il note tout.

Son grand-oeuvre c’est Souvenirs et solitude, auquel, de 1940 à 1943, malgré la dureté de sa détention, il consacre l’essentiel de ses forces. C’est la méditation, intensément personnelle et magnifiquement écrite, du prisonnier. C’est en même temps un grand essai historico-politique tourné vers le passé récent et, non moins, vers l’avenir. Les feuillets de l’ouvrage sortis clandestinement de la prison par Madeleine, qui les dissimule au fond du landau d’Hélène, sont publiés dès 1946 par les amis de Jean Zay, Jean Cassou et Marcel Abraham, sous le titre Souvenirs et solitude. Le livre est régulièrement réédité jusqu’à sa publication en poche en 2011.

De sa détention, Jean Zay fait également passer à la Résistance des comptes-rendus du procès de Riom, rédigés d'après les sténographies des interrogatoires. En effet, Jean Zay écrit à Jacques Kayser pendant le procès de Riom, le 8 avril 1942, une lettre en termes codés où il révèle son rôle dans la transmission des comptes-rendus des audiences (Léon Blum est surnommé "le Bourbon" pour la presse de la Résistance, Paul est Jean Zay, Dominique est Daladier).


Fonds Jean Zay, répertoire (667AP/1-667AP/150) par C. Piketty et E. Landgraf, Archives nationales, 2010.
"Jean Zay, prisonnier politique" sur le site du CRDP d'Orléans.
"Laissez-vous conter Orléans. Jean Zay", dépliant édité par la mairie d'Orléans