Rapport de Brumaire en date du 18 octobre 1943

Légende :

Rapport envoyé à Londres par Pierre Brossolette le 18 octobre 1943 rendant compte de l'état d'avancement de l'installation d'Emile Bollaert en tant que délégué général du Comité Français de Libération Nationale (CFLN).

Genre : Image

Type : Rapport

Source : © Archives nationales, 3AG2/42 Droits réservés

Détails techniques :

Trois pages dactylographiées

Date document : 21 octobre 1943

Lieu : France

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Analyse média

Dans son rapport daté du 18 octobre 1943, Briand (Pierre Brossolette) rendit compte de l'état d'avancement de l'installation d'Emile Bollaert et de ses propres pérégrinations avec le délégué national. Emile Bollaert paraissait concevoir ses fonctions "très judicieusement". Il avait " l'intention de ne pas attenter à la souveraineté du Conseil national de la Résistance et de se comporter vis-à-vis de ce Conseil en Commissaire du Gouvernement", tout en évitant d'être "un soliveau". Il tenait à "connaître personnellement tous les membres du Conseil et à exercer son rôle avec autorité". Il avait cependant le défaut de ne pas s'être encore complètement "clandestinisé". Les mouvements avaient "tous accueilli fort bien sa nimation", se montrant "satisfaits" de la nomination d'un délégué du CFLN. Il ne fallait donc pas "croire qu'ils soient hostiles à l'autorité, au contraire". Brossolette avait laissé Serreules donner à Bollaert les contacts nécessaires, mais trouvait que les choses allaient "un peu lentement". Le 16 octobre, celui-ci n'avait en effet encore vu que d'Astier, Lecompte-Boinet, Bidault, Letrait et Blocq-Mascart. A l'occasion d'une "tentative de constitution d'un bureau du Conseil national de la Résistance", il avait aperçu Pierre Villon du Front national et Pascal Copeau. Il fallait presser le mouvement. Au cours de ses entretiens avec Serreules et Bingen, Bollaert semblait "avoir été un peu submergé par des questions secondaires de dosage, de constitution de bureaux, de définition des pouvoirs des comités départementaux de Libération, etc.". Connaissant imparfaitement la Résistance, il n'avait pas encore "le sentiment de sa réalité profonde, c'est-à-dire de son aspect paramilitaire" : Pierre Brossolette, "sans le mêmer à des questions où il n'avait que faire", s'efforçait de "lui donner ce sentiment indispensable à l'accomplissement de sa mission". Il indiquait par ailleurs que Bollaert souhaitait aller à Alger en novembre ou décembre, sauf urgence, et jugeait sage qu'on lui désigne un suppléant ainsi qu'à Serreules et Bingen. 


Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance, Paris, Odile Jacob, 1998