Caricature antisémite représentant Jean Zay

Légende :

Caricature représentant Jean Zay parue dans Gringoire, journal politique et littéraire de tendance droite nationaliste, en octobre 1940.

Genre : Image

Type : Caricature

Source : © Archives nationales, 667AP/26 Droits réservés

Détails techniques :

Dessin imprimé

Date document : Octobre 1940

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Cette caricature antisémite paraît dans Gringoire après le procès de Jean Zay. Le 4 octobre 1940, Jean Zay a été condamné par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand à la déportation et à la dégradation militaire pour désertion en présence de l'ennemi. 

La caricature est accompagnée de la phrase suivante : "Ce juif a été condamné pour désertion à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle. Et d'un !".


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Fondé en 1928, Gringoire est l'un des grands hebdomadaires de l'entre-deux-guerres, selon une formule inventée par Candide, et qui est reprise, non seulement par Gringoire, mais aussi par les hebdomadaires de gauche Vendredi et Marianne : une place importante accordée à la politique, une page littéraire de qualité, de grands reportages et de grands feuilletons (en l'occurrence avec Pierre Drieu la Rochelle et Francis Carco), des dessins satiriques (le principal dessinateur de Gringoire est Roger Roy), une présentation simple.

D'emblée, Gringoire est pamphlétaire. Le marxisme et la gauche en général sont ses cibles favorites. Mais, initialement, ce n'est pas un journal d'extrême droite. Il se contente de représenter la frange la plus à droite de l'Union nationale dirigée par Raymond Poincaré, avec un esprit ancien combattant qui imprègne le journal jusqu'à la fin. Gringoire mène des campagnes de presse contre le communisme. Après le 6 février 1934, suivant le mouvement général de radicalisation, le journal devient antiparlementariste. L'influence de l'Action française se fait sentir. En octobre 1935, il se prononce contre les sanctions internationales imposées à l'Italie après son invasion de l'Éthiopie. Gringoire se montre depuis longtemps très favorable au fascisme italien, ainsi qu'au régime de Salazar au Portugal. Il développe également une anglophobie de plus en plus marquée. De 1930 à 1936, le journal, d'abord germanophobe et nationaliste, glisse vers une très nette hostilité à toute guerre, et même à toute intervention militaire en Europe, au moment où le militarisme monte en Allemagne.

À partir de 1936, a lieu une deuxième radicalisation. L'antibellicisme et l'hostilité ouverte à l'égard de la gauche convergent : les partisans de la guerre sont les partisans de l'extension du communisme. Cette thèse se teinte d'antisémitisme et de xénophobie. Les Juifs sont accusés de vouloir la guerre pour renverser le régime nazi (que Gringoire n'approuve pas explicitement mais se garde de critiquer) et, en même temps, diffuser la révolution rouge de Moscou. Les Juifs seraient aussi les meilleurs agents du communisme en France, et favoriseraient l'immigration – honnie par Gringoire –, génératrice de troubles. Le Front populaire français et le Front populaire espagnol sont vitupérés par l'hebdomadaire. Il prend parti pour les franquistes pendant la guerre civile espagnole. Après la publication, par L'Action française d'un article accusant Roger Salengro d'avoir déserté pendant la Première Guerre mondiale, Gringoire lance une véritable campagne de diffamation contre le ministre de l'Intérieur (L'Action française ne fait plus que reprendre les accusations de Gringoire, désormais à la pointe). Quand Salengro se suicide, Gringoire ne manifeste aucun regret.

Au printemps 1939, Gringoire critique l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne, et, de juillet 1939 à mai 1940, se rallie à la politique de défense nationale. Le ton change dès la défaite. Gringoire, replié à Vichy, approuve pleinement l'armistice, puis la Révolution nationale de Philippe Pétain. La parution du journal cesse le 25 mai 1944.


D'après la notice Wikipedia consultée le 19 mai 2015