Editorial de L'Action française du 16 juillet 1939
Légende :
Dans cet éditorial de L'Action française du 16 juillet 1939 intitulé "Le ministère de l'Éducation nationale", Léon Daudet stigmatise l'action du "juif Torche Zay"
Genre : Image
Type : Article de presse
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Détails techniques :
Article extrait du journal L'Action française du 16 juillet 1939
Date document : 16 juillet 1939
Lieu : France
Contexte historique
On comprend pourquoi Jean Zay suscite tant de haine : sa figure permet la coagulation de toutes les idées antirépublicaines - antisémitisme, antimaçonnisme, antiparlementarisme. La violence à son égard ne fait que croître avec son opposition aux dictatures. Sa fermeté face à Hitler est travestie en "bellicisme". Sur ce thème de plus en plus brûlant qui scinde la France en deux camps, il est constamment attaqué, accusé d'antipatriotisme.
Paradoxalement, c'est un de ses écrits pacifistes de jeunesse, datant de 1924 il n'a pas 20 ans !, non destiné à être publié, intitulé Le Drapeau , qui est récupéré, détourné et sert de preuve jusqu'à la nausée malgré toutes ses mises au point. Son opposant orléanais, lors des élections législatives, Maurice Berger, membre de la droite modérée, battu en 1932 et en 1936, livre en une phrase tout le système de représentation de ces deux France en guerre lorsqu'il déclare à ses électeurs à la veille des élections de 1936 : " La lutte n'est pas entre Jean Zay et Maurice Berger, si détestable que soit le ministricule du Torchon rouge : elle est entre la France et les tenants de l'étranger révolutionnaire, entre le Drapeau tricolore et la loque sanglante, entre l'ordre et le désordre (Le Petit Orléanais, hebdomadaire de la Fédération républicaine, 15 février 1936). "
Les attaques sur son action de ministre ne manquent pas, elles non plus. De Léon Daudet, qui stigmatise l'action du "juif Torche Zay " le 16 juillet 1939 dans un éditorial de L'Action française intitulé "Le ministère de l'Éducation nationale", à Céline, qui affirme que "sous le négrite juif Jean Zay la Sorbonne n'est plus qu'un ghetto" avant de poursuivre par "je vous zay" dans L'École des cadavres en 1938, tous ressassent le thème de la corruption de la jeunesse par ce ministre juif.
L'écrivain Marcel Jouhandeau en donne lui aussi sa version dans Le Péril juif en 1937. Elle condense les autres : "Mais la pire calamité, non seulement imminente, actuelle ; accomplie, réalisée déjà sous nos yeux, sans que personne ait seulement crié gare, c'est celle qui regarde l'éducation des enfants et des jeunes Français : M. Jean Zay, un Juif, a entre les mains l'avenir vivant de ce pays : il peut en pétrir à sa guise, à sa mode, la matière et l'esprit. Tout dépend de sa volonté et en effet il vient de réformer l'enseignement. [...] "Ainsi l'on ne chante pas seulement l'Internationale dans les rues ; à l'oreille de l'enfant, à l'oreille du jeune homme, dans nos écoles, on fredonne d'autres paroles moins grossières sans doute, mais qui, pour être plus subtiles, n'en ont pas moins le même sens et les mêmes visées et peu à peu, quand on l'aura bercé de cette chanson, quand il aura oublié qu'il est Français, l'héritier d'un grand peuple et d'un merveilleux passé, devenu homme, il se réveillera l'esclave du Juif."
Il n'est dès lors pas surprenant que Jean Zay soit, en octobre 1940, utilisé par les services diplomatiques pour justifier auprès des Américains le statut des Juifs. Dans un télégramme diplomatique, rédigé par Jacques Guérard, envoyé le 18 octobre 1940 à l'ambassadeur de France à Washington, on peut lire : "Parmi les Juifs français eux-mêmes, à côté d'excellents éléments sûrs et loyaux, il n'est que trop vrai que leur mentalité très particulière en a porté un grand nombre à s'attaquer à toutes les notions dont, en dépit d'une histoire nationale mouvementée, les Français ne s'étaient jamais écartés. Les Israélites qui ont été au pouvoir entre 1936 et 1940 se sont particulièrement distingués à cet égard ; il n'est que de rappeler le langage tenu par M. Jean Zay sur le drapeau et le livre publié par Léon Blum sur le mariage. " Nous avons ainsi été amenés à la conviction qu'une des conditions du relèvement national était l'éloignement des Israélites d'un certain nombre de carrières qui leur permettent d'exercer sur nos administrations, sur l'opinion publique et sur la jeunesse une influence qui a été reconnue comme néfaste (Ministère des Affaires étrangères, papiers Charles-Roux)."
Olivier Loubes, "Jean Zay ou le destin brisé du Front populaire" in L'Histoire , n° 309, mai 2006, p. 68-73.