Brassard du réseau Marco-Polo (Gironde)

Légende :

Brassard postérieur à la Libération réalisé probablement pour les cérémonies commémoratives. 

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Gilles Chapin Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Gironde

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Analyse média

Le brassard a été réalisé à partir d'une écharpe tricolore. En son centre, une croix de Lorraine placée dans un losange a été brodée. Ce symbole n'est pas sans rappeler le pavillon des Forces navales françaises libres auxquelles Pierre Sonneville appartenait avant qu'il ne soit envoyé en mission en France. Au-dessus de la croix de Lorraine figure le sigle FFC pour Forces françaises combattantes et en-dessous le nom du réseau, toujours brodé. 


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Le réseau Marco-Polo commence son activité en novembre 1942 sous le commandement de Pierre Sonneville, ex-commandant du sous-marin Minerve.

Pierre Sonneville est né le 18 janvier 1911 à Armentières dans le Nord. Après des études secondaires au collège catholique Sainte-Croix à Armentières, attiré par la mer, il entre à l'Ecole Navale en 1930. A partir de 1934, il sert à bord de sous-marins et, en 1940, peu avant l'armistice, il est enseigne de vaisseau, officier en second du sous-marin Junon en réparation à Cherbourg. Pierre Sonneville rallie les Forces françaises libres le 20 juin 1940 à bord du sous-marin Minerve. Affecté aux Forces navales françaises Libres, il est promu lieutenant de vaisseau le 15 août 1940. Chargé par l'amiral Muselier de réarmer les sous-marins Junon et Minerve, il assure seul, sans matériel et sans officier pour le seconder, le réarmement puis le commandement de la Minerve à partir du 1er novembre 1940. Pierre Sonneville commande la Minerve dans les eaux d'Ecosse, de Norvège et de Russie. Il fait preuve d'un cran remarquable lorsque, au cours d'une patrouille, il attaque avec succès un grand pétrolier allemand chargé et fortement escorté. Subissant pendant 18 heures un grenadage intermittent de la part des torpilleurs d'escorte du pétrolier, il parvient à ramener son bâtiment à sa base malgré de nombreuses avaries. Un peu plus tard, il réalise une importante mission au cours de laquelle il débarque des agents sur les côtes de Norvège. En avril 1942, il est promu capitaine de corvette.

Le 1er octobre 1942, le commandant Sonneville quitte, à sa demande, la Minerve pour effectuer une mission secrète en France pour le BCRA. Le 23 novembre 1942, il est parachuté dans les environs de Châteauroux avec mission de pénétrer dans les milieux "marine" de Toulon et d'engager ses anciens camarades à reprendre le combat en rejoignant l'Afrique du nord. Le sabordage de la flotte rendant sa mission inutile, il reçoit l'ordre de créer un réseau de renseignements : le réseau Marco Polo. En quelques semaines, son dispositif est en place, et au début de janvier 1943, les premiers courriers parviennent déjà en Angleterre. Il prend également contact avec tous les milieux de la Résistance pour leur faire connaître exactement la volonté du général de Gaulle. Il développe le réseau Marco Polo qui devient un des plus importants de la zone Sud, fournissant d'importantes informations aux Alliés. Ses activités attirent aussi l'intérêt de la police allemande ; recherché à Nice, Lyon et Marseille, il échappe plusieurs fois à l'arrestation et accepte finalement de rentrer par avion à Londres le 19 avril 1943. Remis à la disposition des Forces navales françaises libres le 1er mai 1943, il prend le commandement du sous-marin Curie que la marine britannique vient d'offrir aux FNFL et recommence les patrouilles en Mer du nord et en Méditerranée.

Paul Guivante prend à son tour la direction de Marco Polo et en regroupe les éléments épars sous le nom de MCPA. A l'arrestation de ce second chef, René Pellet prend les commandes de Marco-Polo avant d'être à son tour arrêté en juillet 1944.
 
Essentiellement implanté dans la région bordelaise, le réseau s'occupait principalement d'opérations d'évasion et de recherche de renseignement d'ordre militaire, politique et économique. Subordonné au BCRA, il avait des contacts avec les réseaux Phalanx et Phratrie.

Sur 929 agents homologués, le réseau a subit de lourdes pertes : 54 tués ou fusillés, 111 déportés dont 54 non rentrés.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Stéphane Longuet et Nathalie Genet-Rouffiac (sous la dir.), Les Réseaux de Résistance de la France combattante, dictionnaire historique, Service historique de la Défense – éditions ECONOMICA, 2013.
Site internet du Musée de l'Ordre de la Libération
Service historique de la Défense, 16 P 295704 (dossier individuel de Pierre Sonneville)