Voiture blindée Joseph Camaret II

Légende :

Cette voiture a été montée clandestinement par la résistance rochelaise durant le siège de La Rochelle et de la poche d'octobre 1944 à mai 1945. Elle fut confiée pour restauration à Stéphane Besson en mars 2014 et repris sa place, après un an de travail, le 7 mai 2015 au musée d'Art et d'Histoire de La Rochelle.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musées d'Art et d'Histoire de La Rochelle Droits réservés

Détails techniques :

Voiture blindée - automitrailleuse en tôle sur support de voiture Simca 5 armée d'une mitrailleuse et d'un lance-flammes et percées de quatre

Date document : 2015

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime - La Rochelle

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Contexte historique

Quatre véhicules blindés sont construits à l'intérieur de la poche de La Rochelle : deux engins appelés à faire office de chars, dénommésLéonce Vieljeux (mairie de la Rochelle exécuté à Struthof le 1er septembre 1944) et Frank Delmas (agent du réseau Alliance fusillé au Struthof en même temps que son oncle Léonce Vieljeux), et deux auto-mitrailleuses, Joseph Camaret I et Joseph Camaret II

Pour la construction des premiers, des camions anglais Liberty sont utilisés, datant de la guerre de 1914 et munis de roues à bandages. Les chars sont dotés d'inverseurs qui leur permettent de faire machine arrière sans trop de problèmes. 
Pour les auto-mitrailleuses, deux véhicules légers Simca ont été retenus. Ces auto-mitrailleuses sont équipées d'un lance-flammes et de mitrailleuses. 
Le promoteur du projet de construction de ces blindés est monsieur Seguin, ingénieur en chef des Ateliers et Chantiers de La Pallice. 

Le matériel d'origine, en particulier des plaques de tôle, est entreposé au Gabut et transporté en charrette à bras jusqu'à un entrepôt de vin situé rue des Voiliers. C'est Pierre Harel qui dirige une entreprise de sépultures qui assure ces transports difficiles à travers la ville. L' entrepôt est divisé en deux parties, l'une où les Allemands ont accès et l'autre dont ils ignorent l'existence. Deux femmes, occupées à laver des bouteilles, doivent prévenir les ouvriers de tout danger possible. 

Le montage a lieu rue Saint -François. L'un des ouvriers, Louis Frémont, qui a contribué à fabriquer les blindés témoigne : "En 1944, la Poche a été fermée et les ouvriers des Chantiers évacués. Il n'en restait que quelques-uns, dont moi, réduits à l'inactivité. On allait toucher notre paie tous les quinze jours chez un certain monsieur Seguin. C'est lui qui, un jour, m'a proposé [...] un autre job : faire des trémies à silex pour les carrières de Pouzauges. [...] J'ai accepté." A cette époque, Louis Frémont a 24 ans et ignore qu'il fait son entrée dans la Résistance. 

Les équipages sont composés de 4 à 5 combattants dans les chars et de deux combattants dans les automitrailleuses. La construction des véhicules a demandé des trésors d'audace et d'imagination. Il faut se souvenir en effet que durant la Poche, les troupes allemandes sont très nombreuses et que plusieurs centaines de miliciens sont encore dans la ville. La plus grande prudence est donc de rigueur. "Un jour, j'ai dit à monsieur Seguin que ce que je faisais ressemblait à un support de mitrailleuse. Il m'a répondu que je me trompais." En effet, les "ouvriers-résistants" ne savent pas à quoi vont servir les pièces qu'ils fabriquent. Ce n'est qu'à la fin du mois de décembre 1944 que monsieur Seguin les informe de la réalité de leur chantier. "Le temps était venu de réaliser vraiment les blindés. Un hangar a été trouvé rue du Prêche, derrière un magasin qui vendait des spiritueux aux Allemands." 

On a parfois avancé que ces quatre véhicules n'avaient aucune utilité réelle et que leur blindage serait transpercé par les premiers obus allemands. En réalité les experts militaires considèrent que l'idée de base qui a conduit à leur construction était loin d'être absurde. Ces engins avaient un objectif très précis et très limité : prendre à revers les combattants allemands en cas d'attaque de la Poche par les troupes françaises. Lorsque l'Armistice est signé le 8 mai 1945, les blindés ne sont pas encore terminés. Ils ne serviront jamais mais ils sont la preuve que la Résistance continue son oeuvre dans toutes les circonstances, preuve du courage de tous ces hommes et femmes qui ont contribué à la Liberté. 


Yves Tricaud et Agnès Boizumeau in CD-ROM La Résistance en Charente-Maritime, AERI, 2010