La naissance des mouvements

Les rares Français qui se sont engagés dans la Résistance dès 1940 l'ont fait à titre individuel ou au sein de petits groupes isolés, agissant de façon spontanée, sans mots d'ordre, sans liens entre eux. D'autres se sont mis au service des réseaux britanniques, notamment du Special Operations Executive (SOE) et des réseaux de la France libre, mis en place par le Bureau central de recherche et d'action (BCRA).
Ce n'est que progressivement que des liens se sont établis, que le recrutement s'est étoffé, que des mouvement structurés se sont constitués. En zone occupée, plusieurs mouvements voient le jour en 1940 et début 1941 ; parmi ceux-ci : Combat zone Nord, Libération-Nord, Organisation civile et militaire (OCM), l'Armée des volontaires ou encore les Bataillons de la Mort. 

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Combat Zone Nord haut ▲

Début février 1941, suite à son entrevue à Vichy avec Henri Frenay, un camarade de l'Ecole de guerre, et Berthie Albrecht, Robert Guédon rend visite à Paris à Jeanne Sivadon, directrice de l'école des surintendantes d'usines où Berthie avait suivi sa formation. Robert Guédon poursuit deux buts. D'une part, faire de Paris une escale pour les informations que son réseau de renseignement de Normandie a pues recueillir, avant de leur faire passer la ligne de démarcation et de les acheminer sur Vichy. D'autre part, il s'agit de créer une implantation en zone occupée du Mouvement de libération nationale (MLN) organe clandestin initié par Frenay en zone libre. Paris deviendrait le centre de cette organisation pour la zone occupée. Un secrétariat doit y être établi pour organiser l'action clandestine et être l'interface du mouvement de Frenay.

Du Manifeste des Douze à Libération-Nord haut ▲

Libération-Nord est un des grands mouvements de résistance de zone nord, crée par Christian Pineau à Paris et en activité jusqu'à la libération de la capitale en août 1944. Le mouvement se constitue autour de l'équipe qui a signé, le 15 novembre 1940, le Manifeste des douze - ronéotypé dans les locaux de la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail"- formée de syndicalistes socialistes et chrétiens réunis, rue de Verneuil, en un Comité d'Etudes économiques et syndicales. Parmi les signataires de ce Manifeste, on trouve en effet neuf confédérés (Capocci, Chevalme, Gazier, Jaccoud, Lacoste, Neumeyer, Pineau, Saillant et Vandeputte) et trois syndicalistes chrétiens (Bouladoux, Tessier et Zirnheld). Les travaux de ce Comité sont régulièrement publiés dans un bulletin dont l'activité légale sert de couverture au journal clandestin Libération-Nord dont le premier numéro paraît le 1er décembre 1940.

L'Organisation civile et militaire haut ▲

L'Organisation civile et militaire (OCM) naît en zone occupée, à la fin de 1940, de la fusion de deux groupes de résistants. L'un, dirigé par Maxime Blocq-Mascart, recrute chez les hauts fonctionnaires, les cadres supérieurs, les universitaires, les journalistes. L'autre, dirigé par Jacques Arthuys, se nourrit de contacts chez les militaires. Les animateurs de ce groupe sont, outre Arthuys, Pierre Lefaurichon, Jean Mayer, Bergeron et l'architecte Roger Souchère. Ce groupe est en contact avec Alfred Heurtaux, responsable du réseau Hector, qui va intégrer ses groupes dans ceux de l'OCM naissante. Arthuys prend la tête du mouvement. Il installe son PC chez lui, avenue Victor-Hugo, où il est aidé par sa secrétaire, Vera Obolensky.
Le premier état-major de l'OCM se compose d'Arthuys, chef du mouvement, Roger Souchère, chef d'état-major, Jean Mayer, responsable du premier et troisième Bureau, Alfred Touny, 2e bureau, et Blocq-Mascart pour les affaires civiles. Les premières activités du mouvement consistent en la recherche de renseignements à caractère industriel et militaire, la recherche et la dissimulation d'armes dans la perspective d'une action militaire. La première génération des chefs de l'OCM est rapidement décimée. Jacques Arthuys est arrêté le 22 décembre 1941. Il mourra en déportation en juillet 1943. Lefaurichon, arrêté en même temps que lui, est relâché en avril 1943, par manque de preuves.

Les Bataillons de la Mort haut ▲

En août 1940, plusieurs groupes de résistants récemment constitués en région parisienne se regroupent autour du dentiste Albert Dubois et donnent naissance aux  Bataillons de la Mort. Le ralliement de Maurice Petit, imprimeur, permet l'édition d'un journal, Quatorze juillet, devenu Le Coq enchaîné.

L'Armée des volontaires haut ▲

Le mouvement Armée des Volontaires (AV) naît à la fin de l'été 1940 de contacts informels pris à Paris et en Région parisienne par le commandant René Lhopital, ingénieur civil des Mines et ancien aide de camp du maréchal Foch. Présidée par Lhopital, la première réunion clandestine de l'organisation naissante a lieu le 13 octobre 1940, au 6 rue des Ciseaux dans le VIe arrondissement parisien. Y participent notamment Charles Domergue et André Donnay. D'abord localisé dans le VIe arrondissement autour de Lhopital, Domergue et Donnay, ainsi que de Lamboley, Raulhac et Trannant, du chanoine Lancrenon, Gaillard, et d'un certain nombre d'imprimeurs du Quartier latin, le mouvement s'étend dès l'automne 1940 vers les Halles et dans les VIIe, XIIe et XIIIe arrondissements. À cette époque, les fondateurs de l'AV sont de sentiment maréchaliste et veulent surtout agir contre l'occupant allemand.