L’épopée toulousaine de Ravanel
L’aventure toulousaine de Serge Ravanel commence le 8 avril 1944. Contrairement aux idées reçues, force est de constater que l’histoire résistante de Serge Ravanel est bien plus lyonnaise que toulousaine. Si sa nomination à la tête des FFI de la région de Toulouse, le 6 juin 1944, a profondément marqué son parcours de Résistant, elle ne doit en aucun cas le résumer à elle seule. Ces cinq mois passés à Toulouse correspondent en quelque sorte à l’aboutissement d’une « fantastique épopée » longue de quatre années. Aux côtés d’hommes et de femmes aux profils hétérogènes, Serge Ravanel s’est efforcé d’accomplir, avec une grande loyauté, sa mission de responsable régional et d’achever le travail d’unification pour lequel il s’est investi avec un dévouement exemplaire et une « impartialité absolue ».
Ravanel's Saga in Toulouse
Serge Ravanel arrived in Toulouse on April 8th 1944. Despite assumptions that Serge Ravanel's time as a resistant was spent mostly in Lyon, his nomination to head of the FFI in Toulouse and his work there were a large part of his involvement in the Resistance. Beginning on June 6th 1944 and coming to an end five months later, Ravanel's success in Toulouse was part of an «unbelievable saga» in his four years of war. Along side men and women from diverse backgrounds, Serge Ravanel united his region's Resistance efforts, a mission in which he invested his loyalty, exemplary devotion, and an «absolute fairness».
Traduction : Catherine Lazernitz
Serge Ravanel, L'esprit de Résistance, éditions Seuil, 1995.
Chef des Corps francs de la libération (CFL) de Toulouse haut ▲
La première mission de l’état-major national, basé à Paris, consiste à envoyer dans les régions certains de ses membres afin d’y mettre en place la nouvelle organisation et y désigner les responsables régionaux et départementaux. Contrairement à Montpellier, où « tout se passe comme prévu », la désignation d’un chef à Toulouse semble plus conflictuelle. Serge Ravanel est envoyé à Toulouse pour résoudre le problème et mettre en place le plus rapidement possible l’organisation régionale.
Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.
Head of the Corps Francs of the Liberation (CFL) in Toulouse
From Paris, the Chief of Staff's first mission was to implement the CFL in the regions of France by placing members in each one and designating responsibilities by department. Unlike Montpellier, where «everything went according to plan», choosing a leader for Toulouse was more difficult. Serge Ravanel was sent there to solve this problem and to rapidly organize the regional office for the CFL.
Traduction : Catherine Lazernitz
Serge Ravanel, chef des FFI pour la région de Toulouse haut ▲
Les mois d’avril et de mai 1944 marquent pour la Résistance l’entrée dans la dernière ligne droite. Le débarquement allié attendu depuis déjà un an ne fait plus aucun doute au printemps 1944 et l’ensemble de la Résistance s’organise dans cette perspective.
Après un mois consacré à la mise en place des Corps francs de la Libération (CFL), Serge Ravanel gagne Paris où il retrouve la direction nationale du MLN (Mouvement de Libération nationale) et l’état-major des CFL. Sa venue a pour objet de rendre des comptes à ses supérieurs sur la situation régionale qu’il a pris en charge et de prendre connaissance des nouvelles consignes et directives relatives aux événements en cours et à venir, notamment celles que recouvre l’ensemble du programme du CNR (Conseil national de la Résistance). Aussi, il s’entretient successivement avec ses chefs directs : Degliame, Kriegel-Valrimont et Copeau.
C’est à l’occasion de ce bref passage à Paris qu’il apprend que sa candidature a été proposée pour occuper les fonctions de chef régional des FFI (Forces françaises de l’intérieur) de la région de Toulouse.
Serge Ravanel, Head of the FFI for Toulouse
For the Resistance, April and May of 1944 were the start of the war's final stages. The long awaited Allied landing was finally happening, without a doubt, during that spring and the Resistance wanted to be ready. Serge Ravanel returned to Paris after spending a month organizing the new French Corps of the Liberation (CFL). In Paris, the Director and Chief of Staff of the MLN (National Liberation Movement) wanted to hear what Ravanel had accomplished in the regional zones, and to assign new marching orders in light of the Allied landing. In particular, creating an agenda for the CNR (National Counsel of the Resistance). Ravanel would also meet with the following leaders: Degliame, Kriegel-Valrimont, and Copeau.
While his time in Paris was short, it was informative. Ravanel discovered he was being considered for Head of the FFI (French Forces of the Interior) in Toulouse.
Traduction : Catherine Lazernitz
La libération de Toulouse haut ▲
« Nous portons les événements, nous les vivons »
Depuis le débarquement en Normandie, « les événements s’accéléraient et on sentait que la période de la Libération approchait » (1). Serge Ravanel poursuit avec acharnement son travail d’unification des FFI entrepris depuis le début du mois de juin afin d’assurer, le moment venu, le meilleur soutien possible aux troupes alliées. Malgré la complexité de la mission, force est de constater que « les choses progressent bien et malgré le manque de temps, cet effort d’unification ne marche pas trop mal. » (2). Il doit impérativement s’intensifier afin de maintenir efficacement un climat d’insécurité extrême et d’infliger un « harcèlement quotidien » à un ennemi de plus en plus déstabilisé par l’imminence d’un retournement du rapport des forces…
La Libération ne peut être envisagée que par l’affaiblissement suffisant des défenses allemandes et, ensuite, le déclenchement d’une action générale, accompagnée de l’insurrection. Dans cette attente, « une propagande intense auprès de la population est développée [afin qu’elle comprenne] que ce n’est pas par faiblesse que les mouvements n’agissent pas maintenant mais parce qu’il est n’est pas encore temps d’agir » (3).
Sources : (1) Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995. (2) Serge Ravanel, interview de Christine Lévisse-Touzé le 3 décembre 1998. (3) Note de Serge Ravanel adressée à tous les départementaux et à toutes les zones le 14 juin 1944.
The Liberation of Toulouse
«We were responsible for these events, and we lived them.» As soon as the Allies landed in Normandy, «everything moved faster and faster, and we felt that France would soon be liberated.» (1). Serge Ravanel feverishly worked to bring the FFI together after D-Day because he wanted the troops to be ready to fight alongside the Allies when the time came. Despite how difficult his mission was, Ravanel admitted that «things were going well and though we had no time, we were managing to come together» (2). They still needed to persevere in order to remain as efficient and alert as possible in order to launch «daily attacks» on the enemy who had already begun to weaken...
The Liberation would not have been possible without the Resistance attacking and crumbling the German's defenses, followed by the launch of the FFI's finest. The insurrection was underway. «Word spread amongst the population of Toulouse (because they understood) that the Liberation was possible because the Germans were weak, but because it was finally the time to act » (3).
Traduction : Catherine Lazernitz
Les lendemains de la Libération haut ▲
Les combats perdurent encore quelques jours dans certains départements. La région peut se considérer comme libérée le 24 août. Le bilan dressé fait état de « 13.000 prisonniers et de plusieurs centaines de tués ». La France rend hommage à ses morts tombés au cours des combats de la Libération « Il y a eu partout des cérémonies… ll y en a eu une à Toulouse qui s’est tenue le 23 août qui était très très émouvante devant la cathédrale Saint-Etienne pour les 35 tués dans les combats de la Libération de Toulouse. »
Dès le lendemain de sa nomination, Bertaux et l’ensemble des responsables civils et militaires s’installent dans les locaux de la préfecture. « Notre présence au grand jour à la préfecture consacre notre réussite. En quelques heures nous sommes sortis de la clandestinité. ». Progressivement et dans un joyeux désordre, les choses s’organisent. L’autorité, qui n’a jamais cessé d’exister à Toulouse, se met en place. Ce même jour, le 21 août, à l’occasion d’une manifestation organisée place du Capitole, Serge Ravanel, « nullement intimidé » fait son premier discours public du haut du balcon de l’hôtel de ville. La nouvelle équipe se présente aux Toulousains et « appelle le pays à travailler ».
Sources : Serge Ravanel, L’Esprit de Résistance, Editions du Seuil, 1995.
After the Liberation
Because not all the departements were liberated at the same time, the region considered itself officially free on August 24th. An announcement stated that «13,000 prisoners and hundreds of others had been killed». France paid tribute to those who had fallen for the Liberation with « several ceremonies and memorials...Toulouse held a very moving ceremony on August 23rd in front of the Saint-Etienne cathedral for the 35 who had been killed. » In the days after his nomination, Bertaux and his civil and military assemblies took over the local police force once again. «Our restored presence in the police was a great day for the Resistance. In those few hours, we came out from underground». Gradually through all of the euphoria, everything came together. An official authority was established. That same day, at a rally at the place du Capitole, Serge Ravanel, «completely confident», delivered his first public speech from the balcony of City Hall. The new government called on Toulouse to «help France to rise once more».
Traduction : Catherine Lazernitz