De l'été 1944 à la Libération

La période qui court du 9 juin à la Libération est marquée par les événements suivants :
 
- La mobilisation du maquis, celle des compagnies civiles et celle d’individus ou de petites équipes moins organisées, la structuration des unités,
 
- le verrouillage du massif conformément au plan militaire élaboré par Le Ray,
 
- Les combats des 13 et 15 juin à Saint-Nizier-du-Moucherotte,
 
- La phase euphorique du début du mois de juillet qui conduit à restaurer la République en Vercors et à organiser une grande cérémonie pour le 14 juillet,
 
- L’assaut des Allemands du 21 juillet est centré sur Vassieux-en-Vercors en liaison avec des attaques venant du nord (Quatre-Montagnes), de l’est (les Pas de la falaise orientale), du sud (Vercors drômois). L’opération est complétée par le bouclage des issues du massif conduisant aux coupures du Drac et de l’Isère. Il s’ensuit des massacres de civils et de combattants,
 
- La gouvernance donna alors l’ordre de dispersion dans les zones-refuges boisées du Vercors pour survivre au ratissage des Allemands,
 
- Dès le départ de l’occupant, le combat pour la Libération reprend à titre individuel, mais surtout, par unités (11e Cuir. et 6e BCA) dans le cadre de l’amalgame.
Auteur(s): Guy Giraud

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Eté 1944, le Projet Montagnards à l'épreuve haut ▲

 Les événements qui se sont déroulés au mois de juin 1944 découlent de quatre faits majeurs :

- Le 5 juin, l’état-major des FFI, officialisé le 9 juin, diffuse l’ordre de mobilisation de la Résistance en appui du débarquement allié en Normandie. Les plans vert (sabotage des voies ferrées) et rouge (rassemblement de tous les résistants) sont activés sur le territoire national.

- Vers le 15 juin, Koenig donne l’ordre de freiner les actions de guérilla et d’éviter les grands rassemblements du maquis.

- M. Descour (Bayard), chef d’état-major de la région R1, est persuadé de la validité du Projet Montagnards ; en effet, E. Chavant, de retour d’Alger, rapporte les promesses verbales du BCRA (lieutenant-colonel Constans, dit Saint-Sauveur, concernant l’envoi de 2 500 parachutistes sur le Vercors, et une lettre de Soustelle (chef de la Direction des Services Spéciaux à Alger) précisant la validité des directives du général Delestraint (Vidal) sur la mission du Vercors.

- M. Descour, en militaire discipliné, ordonne la mobilisation des forces du massif le 9 juin en passant outre la réserve de F. Huet (Hervieux), le chef militaire du Vercors, qui préconise de ne mobiliser qu’en concordance avec le débarquement en Provence, dont personne ne connaissait la date.

Tous les événements de juin concourent aux premiers combats des 12 et 13 juin à Saint-Nizier-du-Moucherotte.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon

Les événements de juin 1944 haut ▲

Les événements qui se sont déroulés au mois de juin 1944 découlent de quatre faits majeurs :

- Le 5 juin, l’état-major des FFI, officialisé le 9 juin, diffuse l’ordre de mobilisation de la Résistance en appui du débarquement allié en Normandie. Les plans vert (sabotage des voies ferrées) et rouge (rassemblement de tous les résistants) sont activés sur le territoire national.

- Vers le 15 juin, Koenig donne l’ordre de freiner les actions de guérilla et d’éviter les grands rassemblements du maquis.

- Marcel Descour (Bayard), chef d’état-major de la région R1, est persuadé de la validité du Projet Montagnards ; en effet, Eugène Chavant, de retour d’Alger, rapporte les promesses verbales du BCRA (lieutenant-colonel Constans (Saint-Sauveur) concernant l’envoi de 2 500 parachutistes sur le Vercors, et une lettre de Jacques Soustelle (chef de la Direction des Services Spéciaux à Alger) précisant la validité des directives du général Delestraint (Vidal) sur la mission du Vercors.

- M. Descour, en militaire discipliné, ordonne la mobilisation des forces du massif le 9 juin en passant outre la réserve de F. Huet (Hervieux), le chef militaire du Vercors, qui préconise de ne mobiliser qu’en concordance avec le débarquement en Provence, dont personne ne connaissait la date.

Tous les événements de début juin concourent aux premiers combats des 13 et 15 juin à Saint-Nizier-du-Moucherotte.

Auteur(s) : Guy Giraud et Julien Guillon

Les compagnies civiles et la mobilisation haut ▲

À partir de février 1943, la montée au Vercors des premiers jeunes gens fuyant le Service du Travail Obligatoire (STO) montre les limites du massif pour accueillir des camps dans la clandestinité. D’un point de vue logistique, il fallait en effet nourrir, organiser, encadrer, voire armer, plus tard, ces jeunes qui n’étaient pas encore des combattants. De plus, la sécurisation des camps ne permettait pas d’aller au-delà de 350 à 450 personnes au total. Que faire des autres hommes résolus à ne pas partir pour l’Allemagne ?  En parallèle des camps, des jeunes ont tout de même réussi à se maintenir à leur domicile où celui d'un proche, voire sur leur lieu de travail avec des fausses cartes d’identité fournies grâce à des complicités dans les mairies. Patiemment incorporés clandestinement dans des compagnies « dormantes », dites « civiles » ou « sédentaires », ils constituent six unités commandées et encadrées en mesure d’être mobilisées sur ordre, même si elles sont peu formées sur le plan de l’instruction militaire.

Il s’agit de :

- La compagnie civile Prévost (Goderville), réunissant les corps francs du plateau, basée dans le secteur de Saint-Nizier-du-Moucherotte ;

- la compagnie civile Paul Brisac (Belmont), comprenant entre 180 et 250 hommes, majoritairement de Grenoble, qui se postera à Saint-Nizier-du-Moucherotte ;

-  la compagnie civile Fernand Crouau (Abel), forte d'environ 400 hommes, essentiellement de Romans, basée à la Balme-de-Rencurel ;

- la compagnie civile Ullmann (Philippe), composée de trentaines (trente hommes répartis en équipes de six), déployée dans la forêt des Coulmes ;

- la compagnie civile Bordenave (Dufau)

- la compagnie Bourdeaux (Fayard), recrutée dans le pays de Royans, installée dans la forêt de Lente

- la compagnie civile Piron (Daniel), qui, après quelques engagements dans la Drôme, est affectée à la défense de Presles. Ses effectifs passent de 60 à 126 combattants.

Les compagnies Abel et Daniel viennent de la Drôme ; la compagnie Belmont de Grenoble, la compagnie Philippe regroupe les compagnies civiles mises en place progressivement sur  le secteur nord du Vercors (ou Vercors-nord, à savoir le secteur des Quatre Montagnes) ; la compagnie Goderville comprend des groupes francs de la Drôme et du Vercors-nord. Répondant à l’ordre de mobilisation du 9 juin 1944, elles rejoignent leurs lieux respectifs de regroupement sur le Vercors. Suite à l’afflux imprévisible d’autres volontaires, elles sont renforcées en hommes peu formés, mal équipés, non armés. Tout est à faire, et dans l’urgence, pour former les compagnies et les engager conformément au plan d’A. Le Ray, qui consiste notamment à verrouiller les accès au massif.

Toutes ces unités porteront, après la Libération, l’insigne des Pionniers et combattants volontaires du Vercors.

Auteur(s) : Julien Guillon et Guy Giraud

Les événements de juillet 1944 haut ▲

De tout temps, les hommes ont cherché à se rassembler à l’occasion d’un événement majeur survenu dans leur collectivité en créant un symbole caractérisant leur fraternité.

Au mois de juillet 1944, la gouvernance du Vercors décrète la restauration de la République sur l’ensemble du massif ; les lois de Vichy sont abrogées. Le drapeau tricolore, flanqué de la croix de Lorraine et du « V » qui signifie « Victoire » et/ou « Vercors » en devient le symbole.

Une réelle euphorie règne sur le Vercors au mépris de la présence allemande à Saint-Nizier. Le souffle de la Liberté anime le Plateau, malgré les craintes de certains quant aux conséquences de l’arrivée brutale des Allemands.

Le parachutage, fin juin, des missions Chloroforme des Jedburgh, Eucalyptus et l’Operational Group (OG) Justine, aux effectifs réduits, conforte cet optimisme.

Dans la nuit du 6 au 7 juillet arrive la mission Paquebot commandée par le capitaine Jean Tournissa (Paquebot) Elle est chargée de l’aménagement d’un terrain d’atterrissage à Vassieux-en-Vercors.

Pour assurer la sécurité de leurs voies de communications menacées par les forces du massif,   les Allemands, bien renseignés, bien que surévaluant probablement les moyens de la Résistance, attaquent le Vercors sur quatre directions.

Le 21 juillet, des combats opposent des maquisards aux Allemands à Vassieux-en-Vercors. Vassieux-en-Vercors, le Mur des fusillés de la Chapelle-en-Vercors, le massacre des blessés de la Grotte de la Luire, sont des lieux de mémoire pour la population et les résistants du Vercors.

Le 23 juillet à 16 heures, F. Huet (Hervieux) donne l’ordre de dispersion des combattants dans les zones refuges des forêts, en vue de reprendre les actions de guérilla.

Après le 24 juillet,  une répression féroce s’abat sur les civils et les combattants.

Auteur(s) : Julien Guillon et Guy Giraud

La dispersion haut ▲

Le 23 juillet 1944, après 56 heures de combats, le massif du Vercors est investi par les troupes allemandes et les Alliés de Londres et d’Alger, bien occupés sur les différents fronts, ne répondent plus aux appels des résistants. Cette situation conduit le commandement militaire local à ordonner aux combattants du maquis de se disperser par petits groupes dans les zones abritées du plateau et de laisser passer la vague allemande, avant de se regrouper pour reprendre ultérieurement le combat en des temps moins défavorables et sous des formes adaptées à la nouvelle situation.

Comment cet ordre fut-il préparé, diffusé, exécuté ? Avec quels résultats ? Telles sont les questions abordées ici.

Auteur(s) : Philippe Huet
Source(s) :

Association nationale des pionniers et combattants volontaires du Vercors (ANPCVV), Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu, Grenoble, 1990 ;

Archives familiales Huet, dont les témoignages de Robert Bennes, Roland Bechmann, Louis Didier-Perrin, Paul Wolfrom, Gilbert Landau;

Darier Albert, Tu prendras les armes, Grenoble, Imprimerie Veyret-Picot, 1974, 492 p. ;

Darier Albert, Tu prendras les armes, Préface du général Le Ray, Grenoble, Association nationale des Pionniers du Vercors, 1983, 492 p. ; 

Richard Marillier, Issues de secours, Précy-sous-Thil, Ed. L’Armançon, 2000, 117 p. ;

Marc Serratrice, Avoir 20 ans au maquis du Vercors, 1943 - 1944, collection "Histoire intime", Avon-les-Roches, Edition Anovi, 2014 ;

Stephen lieutenant (André Valot), Vercors premier maquis de France, Buenos-Aires, Viau, 1946 (rééditions par les Pionniers du Vercors en 1985 et 1991), Stephen lieutenant (André Valot), Vercors premier maquis de France, Grenoble, ANPCVV, 1991, 178 p.

Massacres et atrocités pendant la Deuxième Guerre mondiale haut ▲

Le Generalleutnant Heinrich Niehoff (1882-1946), chef militaire de l’armée allemande déployée dans le Sud de la France (Kommandant des Heeresgebiets SüdFrankreich) est à l’initiative de la lutte contre les mouvements de la Résistance armée. Il préconise une approche dure contre les résistants, qu'il n'hésite pas à qualifier de « bandits sous-humains » (sic).

Des unités du Sipo/SD (Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst, littéralement la police de sûreté et le service de la sécurité) participent indépendamment aux opérations.

Les directives allemandes « anti-terroristes » ne justifient pas les exactions et atrocités commises ; elles en expliquent la dure réalité. Il convient de distinguer :

- les tués lors des opérations de guerre et de la dispersion des unités, notamment ceux des combattants et civils tués lors du poser d’assaut des planeurs de la Luftwaffe à Vassieux-en-Vercors, ceux au cours des combats dans le secteur des Quatre-Montagnes, des Pas de la falaise orientale et de Valchevrière ;

- au-delà de ces combats, l’exécution « sauvage » des maquisards blessés et des civils, hommes, femmes et enfants soupçonnés de soutien à la Résistance ;

- les exécutions inhumaines d’otages et de civils innocents lors du ratissage du massif pour stériliser tout retour de la Résistance sur le massif (La Chapelle-en-Vercors, la grotte de la Luire, le cours-Berriat à Grenoble, entre autres exemples).

Auteur(s) : Guy Giraud

Les estimations des pertes haut ▲

L’évaluation des pertes civiles et militaires de la Résistance en Vercors a donné lieu à plusieurs estimations significativement différentes selon la période prise en compte (de 1942 à 1945 ou seulement 1944), selon l’espace concerné (le Plateau, ses abords, puis vers Lyon et au-delà...) selon le type d’événements (combat, bombardement, exécution, atrocité, déportation, accident...), selon le statut (civil, maquisard), selon l’époque de l’estimation (immédiatement après-guerre ou plus tardivement).

Parmi les sources, citons :

- Les Archives de l’ANPCVV, notamment le fichier des maquisards et surtout le « Livre de l'état civil » recensant les pertes, établi à partir de septembre 1944 et renseigné jusque la fin 1945. Ce dernier donne un chiffre de 463 résistants et 149 civils, et 11 sans statut indiqué, soit un total de 623 tués.
 
- Le recensement envoyé par les Préfets (Isère pour le Vercors) au ministère de la Défense de l’époque, inclus dans le dossier qui leur était demandé pour valider les actions FFI. Ce travail date de décembre 1947. Ce document donne 525 morts pour la France en Vercors (hors civils) – soit autant que pour tout le reste du département de l’Isère.

- Les nécropoles des Pionniers (1948) portent l’inscription « Aux 750 martyrs du Vercors ».

- Par ailleurs, les chiffres de 639 maquisards et 202 civils tués sont repris d’ouvrage en ouvrage sans que leur origine ne sont clairement identifiée (source Patrice Escolan, Guide mémorial du Vercors Résistant, 1994).

- Dans les années 1960-1970, l'ancien maquisard Joseph La Picirella a publié un recensement personnel des pertes (Joseph La Picirella, Un témoignage sur le Vercors Drôme-Isère).

- Le Mémorial de Lachau a procédé dans les années 1990 à un inventaire systématique des victimes auprès des Communes du Parc. Le nombre recensé est de l’ordre de 800 victimes ; le nom de chacune d’elles a été gravé dans le mur du Mémorial.

- Certaines estimations données lors du 70e anniversaire font état d’un « millier de morts », sans, une fois encore, que ce chiffre ne soit précisément étayé.

- Citons, enfin, l’inventaire des stèles du Plateau dressé par le Général Giraud pour la présente exposition.

Auteur(s) : Philippe Huet et Didier Croisier-Muscat
Source(s) :

Archives de l’ANPCVV, Grenoble - Fichier des dossiers individuels des maquisards (3 909 noms)

Archives de l’ANPCVV, Grenoble, Livre « Etat Civil » 1944/1945

Service Historique de la Défense (SHD site de Vincennes), Dossier d’homologation des actions FFI – Préfecture de l’Isère, décembre 1947.

Patrice Escolan et Lucien Ratel, Guide Mémorial du Vercors Résistant, Paris, éditions du Cherche midi, 1994, 404 p.

Joseph La Picirella, Témoignages sur le Vercors – Drôme Isère, Lyon, Imprimerie Rivet, 1983, 401 p. (pages 387 et suivantes).

Gérard Estève, Directeur du Mémorial du col de Lachau, "Enquête du Parc national régional (PNR) du Vercors auprès des communes du Parc" (massifs et piémonts), Mémorial du col de Lachau, 1994 – Liste de 842 victimes civiles et militaires.

Ouvrage collectif [dir. Olivier Cogne) Vercors 1940-1944, Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère à Grenoble, Collection Patrimoine 2014.
La préface d’André Vallini, Président du Conseil Général de l’Isère, cite « un millier de morts ».

Voir le chapitre « Les lieux de mémoire » dans l’exposition virtuelle « La Résistance en Drôme-Vercors », AERD- Département AERI.