Histoire et Mémoire
La dépouille du sergent FFI Raymond Anne, dit Filochard (1922-1944) du camp C9 du Vercors, tué à Vassieux-en-Vercors le 21 juillet 1944, est déposée au caveau n° 3 de la crypte du Mont-Valérien. Raymond Anne a été choisi pour représenter la Résistance combattante. Le monument a été érigé en souvenir des morts de la guerre 1939-1945. Le Mont-Valérien a été choisi en raison du grand nombre de résistants qui furent fusillés dans le fort par les Allemands. Il se situe sur le territoire de la commune de Suresnes, limitrophe de Nanterre et de Rueil-Malmaison. Il surplombe la vallée de la Seine et Paris.
Derrière les portes en bronze s'ouvre une crypte, dans laquelle reposent seize dépouilles de combattants de la guerre (1939-1945). Un caveau vide est réservé au dernier Compagnon de la Libération. Au centre, s’élève une Croix de Lorraine, symbole de la Résistance, de douze mètres de haut, devant laquelle brûle une flamme représentant l’universalité et la pérennité des valeurs de la Résistance. Chaque année, on y commémore d’ailleurs l'appel du 18 juin 1940.
Dès la Libération, le général de Gaulle décida d'implanter au Mont-Valérien un monument dédié aux morts de la guerre de 1939-1945. Le 11 novembre 1945, quinze dépouilles, symbolisant les phases du conflit, furent inhumées dans une crypte provisoire aménagée dans une casemate (un seizième corps s'y ajouta en 1952). En 1954, une urne contenant des cendres prélevées dans divers camps de concentration y fut déposée.
Le 20 septembre 2003 a été inauguré le monument « Aux résistants et otages fusillés au Mont-Valérien par les troupes nazies, 1941-1944, et à tous ceux qui n'ont pas été identifiés ».
http://www.mont-valerien.fr/
Les associations d'anciens résistants haut ▲
Pour présenter cette analyse originale et détaillée de l’histoire de l’Association nationale des Pionniers et Combattants volontaires du Vercors (ANPCVV), réalisée par l’historien Jean-William Dereymez, il a paru intéressant de rappeler les caractéristiques principales des associations d’anciens résistants, dans l’ensemble de celles du monde associatif combattant.
Dans cette optique, l’analyse intitulée « Les associations d’anciens résistants sous le regard des historiens » proposée par l’historien Gilles Vergnon et parue dans Les Cahiers du CEHD n° 28, en 2006, n’a rien perdu de son actualité. Nous remercions son auteur de nous avoir autorisés à en proposer cet essai de synthèse.
L’auteur constate « le relatif vide historiographique » sur le sujet dû, semble-t-il, notamment au faible nombre de résistants et à l’immersion de leur mémoire au sein du vaste ensemble des combattants de l’intérieur et de la France libre, et des captifs, déportés ou prisonniers. Par exemple, en Isère en 2014, sur 75 associations d’anciens combattants, on en compte à peine 20 d’anciens résistants. Pour la Drôme, les chiffres sont respectivement de 68 et 5. (Sources ONAC Isère et Drôme).
Il propose ensuite une typologie de ces associations en quatre catégories : les associations locales, les associations nationales à enracinement local (comme le Vercors, qui est un territoire précis, mais un enjeu national de mémoire), les associations nationales, les plus tardives, les plus actives (ANACR, ANCVR, CNCVR…), enfin, les associations des anciens des mouvements de la Résistance, généralement moins visibles.
Dans ce cadre général, trois périodes peuvent être distinguées :
Périodes |
Traits dominants |
Thèmes principaux |
Avant les années 1975 - 1980 |
- Jeunes résistants parfois déçus, engagés dans la reconstruction du pays, |
- Discours héroïque (sacrifices, volonté…) - Solidarité – Reconstruction, - Lieux de mémoire |
Pendant les années 1975 - 2000 |
- « Petit âge d’or » des associations – Augmentation des effectifs |
- Accueil de jeunes retraités, levée de la forclusion des cartes CVR, veille mémorielle et historique, |
Depuis |
- Déclin numérique, transmission, |
- Comment perpétuer ? - Comment gérer la montée du « discours victimaire », face au « discours héroïque » ? |
- Le rôle reconnu aux associations est au moins triple selon l’auteur :
- · la solidarité (aide aux membres et à leur famille, défense des intérêts moraux et matériels)
- · la sociabilité : interne (événements amicaux, festifs, etc.) et externe (représentation, liens avec les décideurs publics ou associatifs).
- · la culture de la mémoire (cérémonies, monuments, livres, etc.).
Au fil des années, l’ancien résistant peut devenir éducateur (visites sur les lieux, interventions dans les écoles). Des parrainages sont mis en œuvre (villes, toponymie des rues, liens avec des unités militaires, écoles…, participation au contenu des musées de 1re et 2e générations.)
Cependant, deux traits actuels méritent attention et recherches (cf. 3e ligne du tableau précédent), selon l’auteur :
1/ Les associations d’anciens résistants ont des difficultés à imposer leur mémoire propre comme « composante majeure de la mémoire collective de la Nation ». Celle-ci est co-construite aujourd’hui, par les témoins certes, mais aussi l’Etat, l’Ecole, l’Audiovisuel, la demande sociale « et… les historiens ». Ainsi, une certaine « distance a pu se creuser » entre les différents acteurs de la mémoire (par exemple, écrit l’auteur, entre des collectivités plutôt « victimaires » et des associations, plutôt « héroïques »).
On peut se poser la question de savoir si le moment, au contraire, ne serait pas propice à une synthèse mémorielle ?
2/ Les associations ont un « souci de pérennité » pour transmettre leur message. La Fondation de la Résistance, les associations des descendants et amis, l’appui des collectivités et autres acteurs de la mémoire, sont autant de voies possibles, parfois complémentaires, pour assurer cette pérennité.
Cette volonté de pérennité pour la Résistance, que l’auteur ne décèle pas, par exemple dans les associations issues de la Grande Guerre, est en soi un signe fort.
Gilles Vergnon, « Les associations d’anciens résistants sous le regard des historiens », in Les Cahiers du CEHD n° 28, 2006.
Du Mont Valérien aux nécropoles haut ▲
Deux nécropoles nationales sont érigées sur le Vercors : l’une à Saint-Nizier-du-Moucherotte, l’autre à Vassieux-en-Vercors. Une troisième, plus modeste, est située au Pas de l'Aiguille.
La construction de ces lieux du souvenir est la grand œuvre de l’Association Nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors (ANPCVV).
Les tombes ou cénotaphes rappellent la mémoire des civils et combattants tués ou assassinés par l’occupant. Les circonstances de ces drames se situent dans les combats ou massacres perpétrés au premier semestre de 1944, notamment à Malleval (29 janvier), à Saint-Nizier-du-Moucherotte (13 et 15 juin) à Valchevrière et Vassieux-en-Vercors (du 21 au 24 juillet), la Chapelle-en-Vercors (25 juillet), la grotte de la Luire (27 et 28 juillet).
Le visiteur ne manquera pas de constater le caractère œcuménique du site : sont situées côte à côte des croix chrétiennes et des stèles marquées du croissant musulman ou de l’étoile de David. Une sculpture murale de la salle du souvenir de la nécropole de Vassieux-en-Vercors rappelle cette œcuménicité des combattants.
D’autres mémoriaux ont été érigés sur le Vercors : au Pas de l’Aiguille, au monastère d’Esparron, au mémorial d'Espenel, qui se trouve dans le Vercors drômois.
De multiples monuments, plaques et stèles, individuelles ou collectives, parsèment le Vercors-Résistant et ses approches.
Les symboles et les insignes haut ▲
Un insigne est une marque extérieure distinctive d'appartenance à un groupe, un grade, un rang ou une fonction. Au singulier, l'insigne désigne habituellement l'élément principal, le plus souvent, un objet métallique ou textile.
Le symbole est un concept, une représentation pensée chez un individu en particulier, ou un groupe en général. L'association faite par la pensée est déclenchée à partir des sens humains percevant quelque chose, un insigne notamment. Les symboles relèvent d'une notion plus générale. Les stèles, les monuments - dont les gisants -, les objets mémoriels évoquent, "symbolisent" une appartenance, une idée, un événement (par exemple, une statue, un mémorial, un drapeau, etc.).
Les unités militaires ou paramilitaires, leurs composantes, les individus d’appartenance ont souvent souhaité se distinguer des autres groupes de même nature par un signe distinctif. Ce peut être un insigne, un écusson, un fanion ou un drapeau, toujours de haute valeur symbolique.
D’autres groupes veulent rendre hommage à d’anciens combattants en rappelant leur épopée par un nom de baptême de promotion ou d’engin de combat, blindé ou avion par exemple.
Symboles et insignes abondent pour le maquis du Vercors. Les insignes sont d'abord destinés à identifier ou caractériser l'appartenance de celui qui les porte. Au Vercors, les bandes de bras "Vercors", ou encore le chamois, créé en 1945, étaient volontiers arborés par les soldats et anciens maquisards, notamment au sein de la Ire Armée et de la 27e division alpine.