S'unir et reconstruire



La Résistance s’est mise en place sur les socles politiques existant avant la guerre : communistes, socialistes, radicaux, francs-maçons, chrétiens. D’autres orientations, liées souvent aux personnalités de leurs initiateurs à travers les réseaux qu’ils créaient, traversaient ces courants initiaux. Or, pour que la Résistance réussisse, il fallait réaliser l’unité de toutes ces tendances. C’est le grand mérite de Jean Moulin, en émissaire du général de Gaulle, d’avoir réalisé cette unité au niveau national avec la création du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943.
Ce CNR a réfléchi à la suite des combats et, surtout, à la reconstruction du pays, en élaborant et éditant le programme du CNR prévoyant des mesures immédiates pour relever la France du marasme où l’avaient plongé l’État Français et sa collaboration avec l’occupant, et pour refonder une nation solidaire avec des institutions novatrices concernant les services publics, les nationalisations, la Sécurité Sociale, etc.

 

                                        Uniting and Rebuilding

Resistance is set up on pedastals and policies that existed before the war, communists, socialists, radicals, Freemasons, Christians. Further guidance, often related to the personalities of their founders through the networks they create, traverse these initial currents. However, for the resistance to succeed, it has to achieve the unity of all these trends. Jean Moulin, envoy of General de Gaulle, realises the great merit of unity at the national level with the creation of the CNR, (Conseil national de la Résistance) on May 27, 1943. The CNR reflects on the fighting, and more importantly, seeks to rebuild the country, developing and editing the CNR program to provide immediate steps to address the stagnation of France, where the French government has plunged, its collaboration with the occupier, and the rebuilding of a nation in sollidarity with innovative institutions for public services, nationalisation, Social Security, etc.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s): Jean Sauvageon
Source(s):

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

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AS et FTP : rapports difficiles, coordination haut ▲



Les forces de la Résistance armée se divisent en deux groupes, les FTPF (Francs-tireurs et partisans français) dont les responsables sont surtout de la mouvance communiste, et l’AS (Armée secrète) dont les responsables se reconnaissent, dès 1940, derrière le général de Gaulle. Des orientations diverses se créent à l’intérieur de l’AS aussi.

Les tactiques des FTPF et de l’AS divergent. Pour simplifier, les FTPF sont partisans d’une lutte de type guérilla, immédiate, par de petits groupes mobiles, pour que l’ennemi ne se sente pas en sécurité sur le sol français. L’AS prône plutôt la constitution de maquis entraînés et armés prêts à intervenir notamment lors du débarquement des Alliés.

Les frictions entre les deux mouvements ont été parfois rudes, mais la coexistence a été facilitée par des implantations différentes, l’AS surtout dans le nord du département de la Drôme et les FTPF dans le sud. Ces divergences n’ont pas totalement disparu, même après le 27 mai 1943, avec la création du CNR qui a fait que les Résistances sont devenues la Résistance. Cependant, à la base, beaucoup de maquisards, AS ou FTPF, s’entendent pour lutter contre l’ennemi commun.



                                               AS and FTP, different conceptions*

The forces of the Resistance army are divided into two groups, FTPF, (Francs-tireurs et partisans français), whose leaders are mostly from the Communist movement, and the AS, (l'armée secrete, or “Secret Army”), whose leaders are recognised, in 1940, by General de Gaulle. Various organisations are created inside the AS as well.

FTPF and AS tactics differ. For simplicity, the FTPF immediately favor a type of guerrilla fighting by small mobile groups, so that the enemy does not feel safe on French soil. AS promotes formation rather than trained maquisards, and armed readiness to intervene, especially during the Allied landings.

Friction between the two movements is sometimes harsh, but coexistence is facilitated by different implementations, the AS mainly in the northern part of the district of Drôme, and the FTPF in the south. These differences had not disappeared, even after May 27, 1943, with the creation of CNR, (conseil national de la Résistance), which means that the resistors have become reluctant. However, at the base, many maquisards, whether FTPF or AS, agree to fight against the common enemy.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Partis et syndicats aux côtés de la Résistance haut ▲



Si la Résistance commence d'abord par un engagement individuel, les résistants se regroupent très vite dans des structures organisées. La Résistance est aussi un combat politique contre le nazisme et la politique de collaboration de Vichy : deux partis préexistants à la guerre vont se trouver en pointe dans la Résistance drômoise, le parti socialiste et le parti communiste. Le parti socialiste compte 2 200 adhérents en 1938 et 1 400 en 1939, il est secoué par le vote des pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940 de 90 de ses députés (36 votent contre). Sur les 7 parlementaires drômois, Marius Moutet (SFIO) est le seul à voter contre, Jean Brunet votant pour. Le parti communiste avec 2 500 adhérents en 1937 est bien implanté dans le département. Le PCF est interdit le 26 septembre 1939. Ses adhérents n’acceptent pas tous le pacte germano-soviétique.

Cependant, les militants des deux partis sont parmi les premiers à s’opposer au régime de Vichy. Des socialistes adhèrent aux mouvements Franc-Tireur, Combat ou Libération et prendront des responsabilités dans la Résistance drômoise. Le PCF crée le Front national de la Résistance, qui se veut rassembleur de toutes tendances, et son propre organisme de combat, les FTPF. Ses militants sont inquiétés dès l’automne 1940.

Les syndicats existants à la veille de la guerre sont la CGT et la CFTC. Ils ne sont pas formellement interdits par Vichy, mais ils doivent adhérer à la Charte du Travail, en octobre 1941, véritable support idéologique du nouveau régime.

Aussi, dans la Drôme, la CGT se reconstitue clandestinement et s’intègre-t-elle dans le mouvement de Résistance. Elle organise la circulation de l’information dans les entreprises, déclenche des grèves contre la « vie chère » ou pour s’opposer aux réquisitions du STO.

Dès mars 1943, Jean Moulin a reçu du général de Gaulle mission de créer le Conseil national de la Résistance (CNR) pour unifier la Résistance devenue de plus en plus complexe depuis qu'aux mouvements proprement dits, s'étaient ajoutés les partis politiques et les syndicats reconstitués clandestinement. Il voulait ainsi montrer à ses alliés qu'il était approuvé par toutes les tendances politiques et idéologiques de l'opinion française. Les mouvements étaient opposés à ce que les partis politiques qu'ils jugeaient responsables de la défaite siègent au même titre qu'eux. Cependant, le 27 mai 1943, Jean Moulin réunissait à Paris les représentants de huit mouvements de résistance, deux des grandes centrales syndicales ouvrières (CGT et CFTC), et de six partis politiques (Parti communiste, Parti socialiste, Parti radical, Démocratie Chrétienne, Alliance démocratique, Fédération républicaine) dont certains étaient nés dans la période de clandestinité.



                                                   Parties and unions along with the Resistance

The resistance starts with individual commitment and resistance fighters quickly regroup into organised structures. Resistance is also a political struggle against Nazism and the politics of Vichy collaboration: two parties that existed before find themselves at the forefront in the Drôme Resistance, the Socialist Party and the Communist Party. The Socialist Party has 2,200 members in 1938 and 1400 in 1939, it is shaken by the vote of full powers on July 10, 1940, its 90 members, (36 voting against). Of the seven members in Drôme, Marius Moutet, (SFIO, Section française de l'Internationale ouvrière), is the only one who voted against Jean Brunet. The Communist Party, with 2,500 members in 1937 is well established in the region. The PCF, (Parti communiste française) is not on September 26, 1939. Its adherents do not accept the Nazi-Soviet Pact.

However, activists in both parties are among the first to oppose the Vichy regime. The Socialist movement adheres to the Francs-Tireurs, Combat or Libération and takes responsibilities in Drôme. PCF creates the Front national de la Résistance, which wants to bring together people of all persuasions, and its own combat body, FTPF, (Francs-tireurs et partisans français). Its activists are worried by Fall 1940.

Existing trade unions on the eve of the war are CGT and CFTC. They are not formally banned by Vichy, but are forced to adhere to the Charte du Travail in October 1941, real ideological support of the new regime.

Additionally, in Drôme, the CGT is illegally recovering as it tries to fit into the Resistance movement. It organises the information flow in enterprises, and triggers strikes against the high cost of living or in opposition to the submissions of the STO, (Service du travail obligatoire).

By March 1943, Jean Moulin has received from General de Gaulle the mission to create the CNR (Conseil national de la Résistance). To unify the Resistance so that it becomes a more complex, actual movement, he adds political parties and clandestinely reconstituted unions. He wants to show his allies, and it is approved by all political and ideological trends of French opinion. Movements opposed to the political parties they consider responsible for the defeat sat alongside them. However, on May 27, 1943, in Paris, Jean Moulin is attended by representatives of eight resistance movements, two of them major unions, (CGT and CFTC), and six political parties, (Communist Party, Socialist Party, Radical Party, Christian Democrats, Democratic Alliance, and Republican Federation), some of whom are created in hiding.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. J-F. Robert (sous la direction de), Dictionnaire des parlementaires drômois.

Formation clandestine des CDL et CLL haut ▲



Nous ne savons que peu de choses sur la création du CDL (Comité départemental de Libération) de la Drôme, les sources divergent. Selon son premier président, Claude Alphandéry, le noyau fondateur se cristallise à l'automne 1943 autour de lui-même, Fernand Bouchier et André Hérold. Selon le Front national, il se crée fin mai 1944 autour des MUR, du PC, du Front national et de la CGT. Selon André Hérold lui-même, la première réunion au printemps 1944 associe des représentants des MUR (issus des mouvements Combat, Franc-tireur et Libération) sans le Parti communiste, qui n'a pu être contacté.

Fin août 1944, élargi à la demande du commissaire de la République Yves Farge qui veut y inclure toutes les composantes de la Résistance, il se compose de dix-huit membres. En septembre 1944, deux autres membres y sont admis. D'autres modifications interviennent après la Libération. Claude Alphandéry, démissionnaire, est remplacé à la présidence le 29 décembre 1944 par Fernand Bouchier.

Du débarquement en Normandie à la Libération, le CDL, installé à Die jusqu'au 21 juillet, se déplace ensuite dans diverses localités de l'intérieur du département. il assure l'administration des zones libérées du Diois et du Nyonsais, veille au ravitaillement et au financement de l'activité de la Résistance. Il lance l'emprunt de la Libération, annoncé dans la presse résistante, qui rapporte plusieurs centaines de milliers de francs. Il édite un journal, bientôt hebdomadaire, Le Résistant de la Drôme. Le CDL, en contact étroit avec le préfet Pierre de Saint-Prix, essaie d'encadrer l'épuration, de stimuler la reconstruction et le redémarrage de la vie économique.

Il veille aussi à la mise en place, dans chaque commune, des Comités locaux (CLL) et cantonaux de libération (CCL) chargés de prendre en charge l’administration de la commune quand la municipalité est défaillante et de préparer le renouvellement des municipalités.


                                               Clandestine Formation of CDL and CLL

We only know little about the creation of the CDL, (Comité départemental de libération) in Drôme, and sources differ. According to its first president, Claude Alphandery, the founding core crystallizes in the fall of 1943 around himself, Fernando Bouchier, and André Herold. According to the National Front, it is created around the end of May 1944, from MUR, (Mouvements unis de Résistance) PCF, (Parti communiste français), the National Front and the CGT. According to André Herold himself, the first meeting in spring 1944 involves representatives from MUR, (from the militant movement, Combat, Franc-tireur, and Libération), without the Communist Party, which can not be contacted.

In late August 1944, it expands at the request of Commissioner of the Republic Yves Farge, who wants to include all components of the Resistance, and consisted of eighteen members. In September 1944, two other members are admitted. Other changes come after the Libération. Claude Alphandery resigns, and is replaced as president by Fernand Bouchier.

From the landing in Normandy to the Libération, installed at Die until July 21, it moves through various locations within the region. It ensures the administrations of the liberated areas of Diois and Nyonsais, and ensures supply and financing of the activity of the Resistance. It launches the loan of the Libération, and announces in the resistant press, which brought in hundreds of thousands of francs. It publishes a newspaper, soon weekly, Le Résistant de la Drôme. The CDL is in close contact with the prefect Pierre de Saint-Prix, tries to regulate the treatment, and stimulates rebuilding and restarting the economy.

It also ensures the establishment in each county of local committees, (CLL, Comité local de libération) and cantonal Libération, (CCL), who are in charge of taking over administration of the municipality when the municipality fails to prepare the renewal and municipalities.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Jean Sauvageon
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.

Unification des unités militaires résistantes haut ▲



Au fur et à mesure que la guerre avance, que l'opposition à l'occupant et au régime de Vichy augmente, que de plus en plus de jeunes gagnent le maquis, des groupes armés se forment. Mais ils sont mal organisés, ont peu de contacts entre eux. Il faut attendre le 29 décembre 1943 pour que les formations de l'AS (Armée secrète), des FTPF (Francs-tireurs et partisans français) signent un accord. Les FFI (Forces françaises de l'intérieur) sont nées. Si, à la base, les unités conservent leur indépendance, les commandements sont unifiés au niveau départemental, régional et national. En février 1944, l'ORA (Organisation de résistance de l'armée) intègre les FFI. En avril 1944, le général Koenig est nommé par Charles de Gaulle à la tête de l'État-major des FFI. Il est reconnu par les Alliés, notamment par Eisenhower, comme chef des FFI, forces désormais considérées comme une armée régulière.

En ce qui concerne la Drôme, l'unification des unités résistantes ne s'est pas faite sans quelques frictions entre les différentes tendances et surtout entre les hommes.



                                            Unification of Resistant Military Units

Gradually, as the war went on, opposition to the occupier and the Vichy regime increases, more and more people join the maquis, and armed groups are formed. But they are poorly organized, and have little contact between them. It is not until December 29, 1943 that the formations of the AS (l'Armée secrète), the FTPF, (Francs-tireurs et partisans françaises) sign an agreement. The FFI, (Forces françaises de l'intérieur) is born. If at the base the units retain their independence, the comrades are unified at the local, regional, and national levels. In February 1944, the ORA, (Organisation de résistance de l'armée) joins the FFI. In April 1944, General Koenig is appointed by Charles de Gaulle as the head of the General staff of the FFI. It is recognised by the Allies, including Eisenhower, and the FFI forces are now considered a regular army. Regarding Drôme, the unification of resistant units does not come without some friction between the various trends, especially among men.


Traduction : Grace Hoffman

Auteur(s) : Alain Coustaury
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.