Le rôle du CNR

Le CNR exerce une influence déterminante sur l'histoire de la Résistance. L'annonce de sa réunion achève de décider les Alliés à autoriser le départ pour Alger du général de Gaulle. Sa création a donc contribué à rendre possible un modèle démocratique de libération à travers la création du Comité français de la Libération nationale : le Conseil soutient le CFLN face aux alliés qui refusent de le reconnaître comme gouvernement légitime et face à Vichy ; il se fait aussi le porte-parole de la Résistance intérieure auprès du CFLN, car les consignes venues de Londres ou Alger montrent parfois une méconnaissance de la réalité en France. Le Conseil lance des mots d’ordre, répercutés par les organisations de Résistance (manifestations patriotiques…). Sa commission d’action contre la déportation (CAD) coordonne la lutte contre le STO. Le Conseil est aidé par les Comités de la Libération au niveau départemental ou local : représentants les Résistants locaux, ils ont pour rôle le développement de la lutte contre l’occupant et l’installation des autorités nouvelles. 
Le 6 juin 1944, le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) n’est pas associé aux opérations militaires du débarquement et le général Eisenhower s’adresse aux Français sans le mentionner ; les Résistants, par la voix du CNR et des CDL, émettent une vigoureuse protestation. Le Conseil, le 18 juin 1944, après avoir consulté tous ses membres, lance un appel général à l’insurrection.

En outre, la rédaction par le CNR d'un programme commun adopté à l'unanimité des membres le 15 mars 1944 a préparé les voies d'une rénovation démocratique dans le pays. Ce programme a inspiré les grandes réformes de la Libération : nationalisation des grands moyens de production, planification, comités d'entreprise, statut du fermage et du métayage, sécurité sociale.

Pour en citer quelques unes :
- réforme de la Fonction publique ; création de l’ENA (juin 1945) 
- premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945) 
- nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945) 
- nationalisation du gaz et de l’électricité et des grandes compagnies d’assurances (avril 1946) 
- loi sur les Comités d’entreprises ; création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946) 
- loi sur les prestations familiales (août 1946) 
- loi sur les assurances vieillesse (septembre 1946) 
- statut de la Fonction Publique (octobre 1946). 

Il faut rappeler que le droit de vote et d'éligibilité des femmes n'était pas prévu dans le programme du CNR. La décision d'un droit de vote réellement universel est prise par le Comité français de la Libération nationale (CFLN) après avis favorable de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger, le 27 mars 1944. Il faut encore attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 qui régit le fonctionnement du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) ayant succédé au CFLN pour voir officialisé dans les textes ce droit. Son article 17 précise : "Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes".

Si le CNR a surtout été un symbole, si ce n’est pas lui qui a mené en France le combat armé pour la Libération, son rôle a été fondamental vis-à-vis de l’extérieur. Il a aussi contribué à maintenir l’unité.

Si le programme du CNR a joué un rôle symbolique déterminant dans la vie politique jusqu'en 1946, il n'en va pas de même du CNR lui-même. Son effacement de la scène nationale s'est produit en trois temps : d'abord, dès les premiers jours de la Libération, en raison de l'affirmation incontestée de l'autorité du GPRF, puis avec le "retour à l'ordre républicain" définitivement adopté par le Parti communiste au mois de janvier 1945, et enfin lors de la remise en marche de la démocratie représentative avec la reprise des compétitions électorales. Vestige du passé dès 1945, il a peu à peu cessé toute activité.


The Role of the CNR

The CNR had a crucial influence on the history of the Resistance. The announcement of its first meeting prompted the Allies to authorize General de Gaulle’s departure to Algiers. Its creation also contributed to the successful democratic model of liberation used within the structure of the Comité Français de la Libération nationale (The French Committee of the National Liberation, CFLN): the Council supported the CFLN in the face of allies who refused to recognize it as a legitimate government and in the face of Vichy; it was also the spokesperson of the internal Resistance for the CFNL because the orders coming from London or Algiers were sometimes ignorant to the reality of the situation in France. The Council launched slogans which were echoed by other Resistance organizations (patriotic events…). The Commission of Action Against Deportation (CAD) coordinated the fight against the STO (Compulsory Work Service). The Council was aided by the Committees of the Liberation at the departmental and local level: the role of the local representatives of the Resistance was to develop the fight against the occupying forces and the installation of new authorities.

On June 6th 1944, the Gouvernement Provisoire de la Republique Française (Provisional Government of the French Republic, GPRF) was not associated with the military operations of the D-Day landing and General Eisenhower made no mention of the French in his speech; the Resistors, expressed through the CNR and the CDL, vehemently protested this exclusion. The Council, on June 18th 1944, after consulting all the members, launched a general appeal towards the uprising.

Additionally, the CNR’s composition of a communal program adopted unanimously by the members on March 15 1944 paved the way for a democratic restoration in the country. This program inspired major reforms of the Liberation: nationalization of capital goods, planning committees, status of rent and sharecropping, and social security.

To cite some examples:

-the reform of the Public Service; creation of the ENA (June 1945)

- the first mandates on Social Security (October 1945)

- the nationalization of the Bank of France and the principal credit banks (December 1945)

- the nationalization of gas, electricity and major insurance companies (April 1946)

- laws imposed on factory committees; creation of Charbonnages de France (Coal Mines of France) and nationalization of all coal mines (May 1946)

-the creation of a law for family services (welfare) (August 1946)

- laws imposed on state pensions (September 1946)

- status of the Civil Service (October 1946)

It is necessary to report that women’s right to vote and their eligibility weren’t originally envisioned in the CNR’s program. The decision to have the right to vote become truly universal was taken by the CFLN after the favorable opinion of the Provisional Consulting Assembly of Algiers on March 27th 1944. It was still necessary to await the order until April 21st 1944 when the Gouvernement provisore de la Republique française (Provisional Government of the French Republic) succeeded the CFLN in officially formalizing the right. Article 17 states: “Women are eligible voters under the same conditions as men.”

If the CNR was primarily a symbol, if it wasn’t this organization that led France in the armed struggle for liberation, its fundamental role was as a liaison to the outside world. It also facilitated and maintained the unity of the Resistance movement.

If the program of the CNR played a symbolic role in determining politics until 1946, that was not true of the CNR itself in later years. Its dissolution on the national stage progressed in three steps: first, in the early days of the Liberation, due to the undisputed authority of the GPRF, then with the “return of the republican order” definitively adopted by the Communist Party in January of 1945, and, finally, the renewal of the representative democracy and its resulting electoral competitions. A vestige of its past after 1945, little by little it ceased all activity. 

Auteur(s): Equipe Département AERI
Source(s):

Traduction : Gabrielle Ciceri

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Bibliographie

Le programme du CNR haut ▲

Le CNR exerce une influence déterminante sur l'histoire de la Résistance. L'annonce de sa réunion achève de décider les Alliés à autoriser le départ pour Alger du général de Gaulle. Sa création a donc contribué à rendre possible un modèle démocratique de libération à travers la création du Comité français de la Libération nationale : le Conseil soutient le CFLN face aux alliés qui refusent de le reconnaître comme gouvernement légitime et face à Vichy ; il se fait aussi le porte-parole de la Résistance intérieure auprès du CFLN, car les consignes venues de Londres ou Alger montrent parfois une méconnaissance de la réalité en France. Le Conseil lance des mots d’ordre, répercutés par les organisations de Résistance (manifestations patriotiques…). Sa commission d’action contre la déportation (CAD) coordonne la lutte contre le STO. Le Conseil est aidé par les Comités de la Libération au niveau départemental ou local : représentants les Résistants locaux, ils ont pour rôle le développement de la lutte contre l’occupant et l’installation des autorités nouvelles. 
Le 6 juin 1944, le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) n’est pas associé aux opérations militaires du débarquement et le général Eisenhower s’adresse aux Français sans le mentionner ; les Résistants, par la voix du CNR et des CDL, émettent une vigoureuse protestation. Le Conseil, le 18 juin 1944, après avoir consulté tous ses membres, lance un appel général à l’insurrection.

En outre, la rédaction par le CNR d'un programme commun adopté à l'unanimité des membres le 15 mars 1944 a préparé les voies d'une rénovation démocratique dans le pays. Ce programme, également appelé "Les jours heureux", a inspiré les grandes réformes de la Libération : nationalisation des grands moyens de production, planification, comités d'entreprise, statut du fermage et du métayage, sécurité sociale.

Pour en citer quelques unes :
- réforme de la Fonction publique ; création de l’ENA (juin 1945) 
- premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945) 
- nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945) 
- nationalisation du gaz et de l’électricité et des grandes compagnies d’assurances (avril 1946) 
- loi sur les Comités d’entreprises ; création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946) 
- loi sur les prestations familiales (août 1946) 
- loi sur les assurances vieillesse (septembre 1946) 
- statut de la Fonction Publique (octobre 1946). 

Il faut rappeler que le droit de vote et d'éligibilité des femmes n'était pas prévu dans le programme du CNR. La décision d'un droit de vote réellement universel est prise par le Comité français de la Libération nationale (CFLN) après avis favorable de l'Assemblée consultative provisoire d'Alger, le 27 mars 1944. Il faut encore attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 qui régit le fonctionnement du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) ayant succédé au CFLN pour voir officialisé dans les textes ce droit. Son article 17 précise : "Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes".

Si le CNR a surtout été un symbole, si ce n’est pas lui qui a mené en France le combat armé pour la Libération, son rôle a été fondamental vis-à-vis de l’extérieur. Il a aussi contribué à maintenir l’unité.

Si le programme du CNR a joué un rôle symbolique déterminant dans la vie politique jusqu'en 1946, il n'en va pas de même du CNR lui-même. Son effacement de la scène nationale s'est produit en trois temps : d'abord, dès les premiers jours de la Libération, en raison de l'affirmation incontestée de l'autorité du GPRF, puis avec le "retour à l'ordre républicain" définitivement adopté par le Parti communiste au mois de janvier 1945, et enfin lors de la remise en marche de la démocratie représentative avec la reprise des compétitions électorales. Vestige du passé dès 1945, il a peu à peu cessé toute activité.

Auteur(s) : Equipe Département AERI

Le CNR et la libération de Paris haut ▲

Conseil représentatif et consultatif, le CNR n'avait pas a priori pour tâche d'intervenir directement dans l'action résistante. Il devait, selon son texte fondateur, "arrêter dans leurs grandes lignes les directives à donner aux formations représentées". Cependant, "en cas d'urgence, ou dans l'hypothèse où les liaisons avec le général de Gaulle ou le Comité National seraient coupées", il avait "la charge de donner les directives" voulues. Dans les faits, de mai à août 1944, le CNR ne cessa de débattre non seulement des principes mais aussi des modalités de la Libération.

Aux yeux du CNR, la Libération était envisagée comme une rupture, voire une révolution, en aucun cas comme une transition. Son allégeance au Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) était néanmoins sourcilleuse. Au moment de la libération de Paris, saisi par la fièvre insurrectionnelle déclenchée par le débarquement des Alliés, il crut pouvoir se poser en mentor du général de Gaulle et avoir son mot à dire au sujet de ses déplacements dans la capitale. Le refus que ce dernier lui opposa de proclamer la République à l'Hôtel-de-Ville, le 25 août, le ramena brutalement à la dimension consultative de ses fonctions. « Comme je me dispose à partir, Georges Bidault s’écrie : "Mon général ! Voici, autour de vous le conseil national de la Résistance et le comité parisien de la Libération. Nous vous demandons de proclamer solennellement la République devant le peuple ici rassemblé." Je réponds : "La république n’a jamais cessé d’être. La France Libre, la France Combattante, le Comité français de la Libération nationale, l’ont, tour à tour, incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du gouvernement de la République. Pourquoi irai-je la proclamer ?". Allant à une fenêtre je salue de mes gestes la foule qui ne demande pas autre chose. Puis je regagne la rue Saint-Dominique. »

C'est sur le sujet militaire que le CNR débattit le plus. Le débat sur l'action immédiate (AI), qui était déjà vif au moment de la création du Conseil, prit un tour enflammé à l'approche de l'insurrection parisienne. La question, rebondissant sans cesse, ne reçut pas de solution définitive. Elle se concentra sur les milices patriotiques, sur le statut du COMAC (Comité d'Action Militaire) trêve du 20 août.

La première crise surgit au sujet des milices patriotiques. Prévue dans le programme du CNR, la constitution des milices était une initiative communiste. Dans L'Humanité du 26 mai 1944, le Front national et les FTP annoncèrent la formation d'un Conseil central des milices patriotiques sans avoir consulté le CNR. Après discussion, l'accord conclu le 10 août fit du CNR "l'autorité suprême dont dépendent les Milices patriotiques comme tout l'ensemble des forces de la Résistance", mais la question du commandement concret des milices ne fut pas tranchée. Le désaccord recouvrait un conflit de conceptions sur l'insurrection nationale. Au CNR, les communistes étaient la seule force organisée à défendre l'insurrection comme "levée en masse de notre peuple". En face, les mouvements et les partis non communistes mettaient en avant le risque de représailles sur la population civile, souhaitant que l'insurrection conserve un minimum de caractère militaire en coordination avec les Alliés, et craignaient aussi que la mobilisation populaire menée par le Parti communiste lui permette d'occuper une place trop importante à la Libération.

Le conflit autour du rôle du COMAC connut son apogée au printemps 1944. Tandis que le général Koenig avait été nommé commandant des forces françaises stationnées en Grande-Bretagne et commandant en chef des FFI, le CNR nomma le COMAC "organe de commandement suprême des FFI en France". Il s'ensuivit une guerre de position entre le Délégué militaire national, Chaban, et le COMAC, qui dura jusqu'au compromis entériné par le CNR le 17 août. 

L'accord fut plus formel que réel. Le 20 août, l'affaire de la trêve faillit briser l'union de la Résistance.  Le 19 août, le CNR lança son "appel à l'Insurrection Nationale" en même temps qu'Alexandre Parodi, le commissaire délégué du GPRF. Mais le lendemain matin, le CNR incomplet vota l'adoption du protocole de trêve que lui présentait Parodi. Les opposants à la trêve étaient les communistes Villon et Gillot, Pierre Hervé et Jacques Debû-Bridel. Le 21 août, la réunion du CNR se conclut par un compromis proposé par le délégué général : le nouvel appel au combat ne serait lancé que le 22 dans l'après-midi, ce qui laissait le temps aux armées alliées d'approcher de Paris. 


Le rôle du CNR dans la libération de Paris a été conforme à celui d'un conseil représentatif. Vis-à-vis de Vichy ou des Alliés, il a fait entendre la voix de la volonté nationale résistante. A l'égard de la Résistance intérieure, fidèle à l'impératif unitaire, il a servi d'amortisseur aux tensions, en recherchant des compromis. Cependant, lorsque les rapports de force internes se sont révélés dans les affaires directement militaires, la négociation lui a échappé. Le deuxième président du CNR, Georges Bidault, a joué un rôle d'intermédiaire et de médiateur. Cette fonction symbolique, à elle seule, suffisait à justifier l'action du CNR. 


The CNR and the Liberation of Paris

A representative and consultative council, the CNR did not theoretically have the role of intervening directly in the actions of the Resistance. It became, following the founding text, “settle on broad guidelines for the represented parties.” However, “in an emergency, or, hypothetically, if contact with General de Gaulle or the Comité National (National Committee) is cut off,” It had “the responsibility of giving (the necessary) orders.” In fact, from May to August 1944, the CNR did not only discuss principles but also the terms of the Liberation.

In the eyes of the CNR, the Liberation was envisioned as a rupture, seen as a revolution and not at all as a transition. Its allegiance to the Gouvernement Provisoire de la République Française (Provisional Government of the French Republic, GPRF) was nevertheless punctilious. When Paris was liberated, seized with the fever of insurrection that had flared when the Allies had landed, the organization believed it had the power to lead General de Gaulle and to dictate his travels within the city. He rejected their request for him to proclaim the Republic from the Hôtel-de-Ville on August 25th, and sternly reminded them of their responsibilities, “As I prepare to leave, Georges Bidault writes: “My General! Here, surrounded by the conseil national de la Résistance (National Council of the Resistance) and the comité parisien de la Libération (Parisian Committee of the Liberation). We ask you to solemnly proclaim the Republic before the people assembled here.” I responded: “The Republic never ceased to exist. The France Libre (Free France), the France Combattante (Fighting France), the Comité français de la Libération nationale (French Committee on the National Liberation), they have, through and through, been incorporated. Vichy always was and still remains null and void. I myself am the President of the Republican government. Why would I proclaim that?” Going to the window, I can salute the crowd, who do not ask for anything else. Then I returned to the rue Saint-Dominique.

It is on the subject of the military that the CNR debated the most. The argument on action immediate (Immediate Action, AI), which was already pertinent when the Conseil was created, became inflamed as the Parisian insurrection drew near. The question, returned to constantly, couldn’t be met with a definitive solution. They focused their attentions on the patriotic militia, on the statute of the COMAC (Comité d’Action Militaire, Military Action Committee) treatise of August 20th.

The first crisis surfaced on the topic of the patriotic militia. Organized through the CNR program, the founding of the militias was a communist initiative. In L’Humanité of May 26th 1944, the Front national (National Front) and the FTP announced the formation of a Conseil central des milices patriotiques (Central Committee of Patriotic Militia) without having consulted the CNR. After the discussion, an agreement was reached on August 10th and made the CNR, “the supreme authority upon which the Milices patriotiques (Patrotic Militia) depends, as do all forces of the Resistance.” But the real question of command was not broached. This dissonance encapsulates the conflict of varying view points on the national insurrection. At the CNR, the communists were the sole force organizing a defense for the insurrection, calling it a “mass uprising of our people.” In fact, the movements and non-communist parties put forward the risk of retaliation on the civilian population, and hoped that the uprising would contain a minimum of military character in coordination with the Allies. They were also concerned that the popular mobilization efforts led by the communist party would ensure they held too high a place of importance after the Liberation.

The conflict surrounding the role of the COMAC reached its peak during the spring of 1944. While General Koenig was named Commander of the French forces stationed in Grande-Bretagne and Commander-in-Chief of the FFI, the CNR named the COMAC “system of supreme command for the FFI in France.” This led to a struggle for position between the Délégué militaire national (National Military Delegate), Chaban, and the COMAC that lasted until a compromise was reached by the CNR on August 17th.

The agreement was more of a formality than a reality. On August 20th, the issues surrounding the truce nearly broke the union of the Resistance. The day before, the CNR had launched its “appeal for l’Insurrection Nationale (National Uprising)” at the same time as Alexandre Parodi, the Delegate Commissioner of the GPRF. But the following morning found the CNR voting to adopt the truce protocol that had been presented to Parodi. The opponents of the truce were the communists Villon and Gillot, Pierre Hervé and Jacques Debû-Bridel. On August 21st, the CNR meeting concluded with a compromise by the Delegate General: the new appeal to fight wasn’t launched until the afternoon of the 22nd, which allowed time for the Allied army to reach Paris.

The role of the CNR in the liberation of Paris was conformed to those on the representative council. In regards to Vichy or the Allies, it gave a voice to the will for a national resistance. In respect of the Résistance intérieure (Internal Resistance), the strength of their unified goals helped to damper the tensions and facilitated compromise. Nevertheless, when the internal forces focused directly on military affairs, negotiations failed them. The second President of the CNR, Georges Bidault, played the role of intermediary and mediator. This function alone sufficiently symbolizes the action of the CNR. 

Auteur(s) : Traduction : Gabrielle Ciceri
Source(s) :

D'après Claire Andrieu, "Le CNR et la libération de Paris" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

Le CNR après-guerre haut ▲

Si 1945 est l'année de la Victoire, elle voit aussi le début de la reconstruction de la France.
"Les difficultés de la vie quotidienne, les restrictions, le marché noir, les désillusions après tant de rêves" n'arrivent pas à assombrir l'espérance du lendemain "dont le programme politique et social du CNR [Conseil national de la Résistance] est la haute expression". Décidés fin février 1945, les Etats généraux de la Renaissance française  sont organisés et coiffés par le CNR. En effet, en conclusion d'une réunion plénière tenue fin février 1945, le Conseil national de la Résistance (CNR) regrette les orientations et décisions politiques du gouvernement qui prend de plus en plus ses distances à l'égard de la Résistance d'une part et de son programme commun d'autre part. La préparation des États généraux de la Renaissance française, lancée par le CNR et les présidents des Comités départementaux de libération (CDL) a "pour objet de donner au peuple l'occasion de s'exprimer sur quelques thèmes importants de la vie publique, et le choix d'orientations démocratiques au sens plein du terme". Commence alors une vaste consultation populaire sur l'ensemble du territoire. Des modalités de travail sont diffusées notamment par une circulaire du président du CNR aux présidents de CDL sur l'organisation des États généraux. Des commissions départementales se réunissent pour faire des rapports au congrès départemental. Toutes les contributions individuelles ou collectives montrent un grand travail de préparation de ces États généraux.

Dix thèmes sont notamment soumis à la réflexion des Français :
1-  Renaissance industrielle ;
2 - Développement de la production et sa modernisation ;
3 - Expansion commerciale intérieure et extérieure ;
4 - Expansion française dans l'hexagone et la France d'outre-mer ;
5 - Construction, reconstruction et urbanisme ;
6 - Progrès social ;
7 - Armée nationale populaire et grandeur française ;
8 - Pensée française et lettres ;
9 - Jeunesse et avenir de la France ;
10 - Nouvelle constitution française.

Certaines analyses émanant des départements concernent l'électrification, les adductions d'eau, les loisirs, l'éducation, L'occasion est ainsi donnée au peuple de s'exprimer sur quelques thèmes importants concernant la vie publique et le choix d'orientations démocratiques au sens plein du terme. Le CNR porte à nouveau un grand projet de rassemblement populaire.

La rédaction de cahiers de doléances, qui sont issus de cette vaste consultation, et les rapports au plan départemental sont à la hauteur de l'espoir soulevé par la déclaration de Louis Saillant au nom du CNR, lors de l'ouverture à Paris, le 11 juillet, de ces Etats généraux de la Renaissance française : "La démocratie, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple" et il ajoute : "C'est le peuple qui ratifiera les vœux des Etats généraux". Le défilé parisien du 14 juillet et le serment solennel des délégués : "Nous jurons d'appeler les Français à rester unis dans l'attachement à la République et à la Patrie" ne viennent pas à bout des "actions ouvertement hostiles aux Etats généraux des milieux économiques et financiers alliés aux Vichyssois, [et des] réserves et freinages de milieux résistants comme le MLN". Le désenchantement des Français pèse sur la clôture des Etats, le 16 juillet 1945. 


The Post-War CNR

If 1945 was a year of Victory, it would also see the beginning of the reconstruction of France.

“The difficulties of daily life, the restrictions, the black market, the disillusionment of so many dreams” didn’t lend itself towards the spirit of a hopeful future “of which the political and social program of the CNR (Conseil national de la Résistance) is the highest expression.” Established by the end of February 1945, first round table talks on the post-war Renaissance in France was organized and designed by the CNR. In fact, at the conclusion of the plenary meeting in late February 1945, the Conseil national de la Résistance française (National Council of the Resistance, CNR) regretted the orientations and political decisions of the government that was moving further and further away from the Resistance on one hand and its communal program on the other. The preparation of the round table talks on post-war Renaissance in France, launched by the CNR and the presidents of the Comités départementaux de libération (Departmental Committee of the Liberation, CDL), had “the aim of giving to the people an occasion to express important themes in public life, and the choice of being democratic to the fullest extent of the term.” They then commenced with large scale consultation for the entire country. The work models were distributed most notably by circulation of the CNR president to the presidents of the CDL on the round table talks. The departmental committees reunited to create reports at the Departmental Congress. Every individual or collective contribution showed the huge amount of work done in preparation for the round table talks.

Ten themes in particular summarized the French mindset:

1- Industrial renaissance

2- Development of production and its modernization

3- Internal and external commercial expansion

4- French expansion within the country and overseas

5- Construction, reconstruction and urbanization

6- Social progress

7- Popular National Army and the grandeur of France

8- Scholarly pursuit of French and literature

9- Youth and the future of France

10- New French Constitution

Certain analyses permeated the departments concerning electrification, water system, leisure time and education. The occasion was thus granted to the people to expand on some important themes and the choice to be completely democratic. The CNR adapted a new popular project of the people.

A list of grievances were issued for consultation and the reports to the planning committee were full of high hopes that were further lifted by the declaration of Jean Saillant in the name of the CNR, when it opened in Paris, that July 11th, the first round table talks on post-war Renaissance in France: “The democracy, it is the government of the people, by the people” and he added: “It is the people who ratify the resolutions of the round table talks.” The delegates made a solemn oath during the Paris parade of July 14th: “We promise to call the French to stay united in their commitment to the Republic and to their homeland” but didn’t address the “overtly hostile actions of the round table talks towards the best economists and financial planners allied to Vichy, (and of the) reservations and slowing down of the best resistant forces such as the MLN.” The disenchantment of the French weighed on the collective mind of the round table talks on July 16th 1945. 

 

Auteur(s) : Traduction : Gabrielle Ciceri
Source(s) :

D'après l'équipe qui a réalisé le CD-ROM La Résistance en Lozère, AERI, 2006.