Projet Vercors (avant le 6 juin 1944)
Le massif du Vercors est partagé entre deux départements, l'Isère et la Drôme. La Seconde Guerre mondiale et la Résistance vont lui offrir un destin national.
Le Vercors est un des lieux les plus célèbres de la Résistance en France, c'est une « tragédie totale qui frappe l'imagination par le sacrifice des hommes comme le décor presque religieux face auquel il s'est déroulé » (Henri Amouroux). L'histoire de ce maquis associe, en effet, la gloire et les larmes : fierté d'avoir proclamé une République défiant l'occupant durant quarante-trois jours en juin-juillet 1944, douleur de voir des habitants de Vassieux, de La Chapelle, de tout le massif et des Résistants massacrés par les troupes allemandes en juillet 1944. On peut diviser l'histoire de la Résistance dans le Vercors en trois périodes.
Le premier Vercors (1942-1943) voit la greffe du projet stratégique de Pierre Dalloz sur un semis de camps de réfractaires créé en dehors de lui. Pierre Dalloz, architecte, écrit en décembre 1942 une « Note sur les possibilités militaires du Vercors ». Cette note devient le « projet Montagnards » après la rencontre, le 10 février, entre Dalloz, Yves Farge et le général Delestraint. Accepté par la France libre, bien financé, ce projet donne une dimension stratégique de points d’appui à des camps isolés en montagne.
Le second Vercors (1943-juin1944) voit l'institutionnalisation et la militarisation des camps. Un comité de combat, animé par Alain Le Ray (« Rouvier ») chef militaire et Eugène Chavant (« Clément ») chef civil, travaille à transformer les réfractaires en combattants, à créer des compagnies civiles de réserve, et à mobiliser à leurs côtés des segments d'institutions (Églises, gendarmerie, municipalités) encadrant une population qui s'accommode progressivement au maquis. De janvier à mai 1944, le nouveau chef militaire, Narcisse Geyer (« Thivollet ») poursuit cette ligne. Il est remplacé en mai par François Huet « Hervieux ».
Le troisième Vercors (9 juin-21 juillet 1944), le plus connu, transforme la zone en petite République. L'opération militaire allemande Bettina, déclenchée le 21 juillet, met fin à cette république et conduit à de durs combats et à des atrocités. Le bilan est lourd : 456 tués (326 Résistants et 130 civils) dans les communes du massif. Le Vercors entre tragiquement dans l'histoire de la Résistance française.
The Vercors Project (prior to June 6, 1944)
The Vercors is shared between two districts, Isère and Drôme. World War II and the Resistance gave Vercors a national destiny. Vercors is one of the most famous of the Resistance as a "total tragedy that strikes the imagination by the sacrifice of men like the almost religious decor front in which it took place" (Henri Amouroux).
The history of these maquis associates, indeed, the glory and tears of pride to have proclaimed a republic that defied the occupier for forty-three days June-July 1944, and the pain of seeing the massive and resistant people massacred at Vassieux and La Chapelle by German troops in July 1944.
We can divide the history of the Resistance in Vercors into three periods.
The first Vercors (1942-1943) sees the strategic project of Peter Dalloz on a seedling of refractory camps set up outside Vercors. Dalloz, an architect, wrote in December 1942 a "note on the military capabilities of Vercors." This note becomes the "projet Montagnards" after the February 10 meeting between Dalloz, Yves Farge, and General Delestraint. Accepted by France-Libre, and well-funded, this project provides a strategic dimension of support points at remote camps in the mountains.
The second Vercors (1943-June 1944) sees the institutionalization and the militarization of the camps. A committee of fighting, headed by military leader Alain le Ray, ("Rouvier"), and civilian leader Eugene Chavant, ("Clement"), works to transform refractory combattants, civilian companies to create reserves, and to mobilize side segments of institutions, (churches, police, municipalities), flanking a population that gradually adapts to the maquis. From January to May 1944, the new military leader Narcissus Geyer, ("Thivollet"), continues this line. He was replaced in May by François Huet, ("Hervieux").
The third Vercors (June 9-July 21, 1944), the best known, transforms the area into a small republic. The German military launches Operation Bettina on July 21, ends the republic and bitter fighting and atrocities ensue. The toll is high: 456 killed (326 civilians and 130 resistants) in the communes of the mountains. Vercors is a tragedy in the history of the French Resistance.
Traduction : Grace Hoffman
Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Gilles Vergon, Le Vercors. Histoire et mémoire d'un maquis, éditions de l'Atelier, 2002.