Poitou-Charentes

Le mouvement est également bien implanté dans la région Poitou-Charentes. En Charente et en Charente-Maritime, le responsable des départements fut, dès décembre 1940, Edmond Grasset ; il devait tomber le 8 mai 1944, à Paris, dans un guet-apens monté par la milice et fut exécuté sur le champ. Le docteur Michel Boucher, adjoint d’Edmond Grasset, fut déporté à Buchenwald d’où il revint. Dans les Deux-Sèvres, les responsables furent le général Lugan, le général Faucher, A. Malroux (l’un des 80 députés ayant voté contre Pétain en juillet 1940 ; arrêté en juillet 1943, il devait mourir en déportation), E. Beche et son épouse, Renée Berthier, les lieutenants Louva-Valentin et Rateau. A Saint-Maixent, de nombreux officiers adhérèrent à Libération-Nord et participèrent activement au combat. Deux militants de Libé-Nord furent fusillés et 18 déportés (dont 4 morts en déportation). Enfin, dans la Vienne, les responsables départementaux de Libération-Nord furent G. Delaunay, H. Huyard et J. Madelrieu qui devait mourir sous la torture.

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Biographie(s)

Vienne haut ▲

Les responsables départementaux de Libération-Nord pour la Vienne sont G. Delaunay, H. Huyard et J. Madelrieu qui devait mourir sous la torture. Les responsables militaires et civils de la Manufacture d’armes de Chatellerault apportèrent, en bloc, leur aide à Libération-Nord.
Vingt membres de Libé-Nord furent déportés dont sept moururent en déportation.

Charente-Maritime haut ▲

Le mouvement se développe au niveau départemental dans les milieux socialiste et syndicaliste, mais c'est surtout autour de trois hommes que son importance apparaît au fil du temps : Edmond Grasset, Michel Bouchet, Roger Faraud. Edmond Grasset crée, début 1941, le Comité d'action socialiste clandestin et regroupe autour de lui un certain nombre d'amis sûrs tels que Marcel Guillot à Saintes, Gaston Perrier et Léopold Robinet à la Rochelle, Bêche à Niort. Ce dernier fait partie du réseau CND et Edmond Grasset peut, par son intermédiaire, transmettre à Londres les renseignements qu'il collecte dans le département. En janvier 1943, Edmond Grasset rencontre à Paris trois dirigeants nationaux de Libération-Nord, Ribière, Jacquet et Tanguy Prigent. Il est désigné comme chef départemental du mouvement, ce qu'il fait connaître à Clément Juchereau et Guy Joiris du FN. A cette époque, Léopold Robinet vient de créer Honneur et Patrie avec Raymond Bouchet et quelques amis. Edmond Grasset, qui participe à cette création, recrute, entre autres, pour ce mouvement deux résistants particulièrement actifs, Deflandre et Doreau. De son côté, Léopold Robinet, qui devient l'un des responsables de l'organisation de la Résistance départementale, entretient également des relations directes avec des dirigeants de Libération-Nord. En février et en mai, Edmond Grasset a des contacts à Niort avec Renhas de Pouzet et des responsables militaires des Deux-Sèvres qui souhaitent que la Résistance de Charente-Maritime soit rattachée sur le plan militaire à leur département. La question est évoquée à Paris en mars, en présence de Brossolette et de Shelley, un délégué britannique. L'appartenance de la Charente-Maritime à la région B, puis B1, est confirmée mais cela n'empêche pas qu'une nouvelle réunion ait lieu en mai entre les responsables militaires concernés, le général Bruncher et le général Lugand, dont l'autorité s'exerce sur plusieurs départements, dont celui des deux-Sèvres. En fait, ces démarches n'auront pas de suite. Des relations ont déjà été établies depuis le début de l'année 1943 entre différents responsables de groupes résistants de Charente-Maritimes, tel Léopold Robinet, et ceux de l'OCM à Bordeaux, organisation chargée de polariser autour d'elle l'ensemble des groupes de Résistance de la région B1. En outre, plusieurs résistants d'Honneur et Patrie appartiennent également au réseau Centurie et connaissent déjà des membres et des dirigeants de l'OCM. De plus, par sa liaison avec le SOE, Honneur et Patrie obtient un premier parachutage et Edmond Grasset fait partie de l'équipe qui réceptionne les conteneurs à Saint-Jean-de-Liversay en juillet 1943. En septembre, le mouvement Honneur et Patrie subit des coups dont il ne se relèvera pas. Edmond Grasset réussit à prendre la fuite et, après un bref passage chez André Maudet à Saintes, il rejoint Paris. Le docteur Michel Boucher, de Pisany, qui est en relations étroites avec l'OCM, prend sa suite comme chef départemental de Libération-Nord. Il est en contact avec Chichéry, le responsable régional de ce mouvement à Niort. L'une de ses tâches consiste à poser les premiers jalons de la constitution du Comité Départemental de la Libération du département. Mais ses responsabilités nouvelles sont de courte durée. Après avoir reçu et soigné à son domicile des aviateurs alliés abattus, il est arrêté sur dénonciation le 9 février 1944, alors qu'il s'apprête à rencontrer Henri Ribière à Paris. Pierre Lis, qui travaillait avec lui, prend contact immédiatement avec Marcel Guillot et Roger Faraud. Ce dernier, qui a échappé par miracle à un important coup de filet dans le sud du département, est obligé de changer perpétuellement de résidence et d'identité. L'un de ses refuges est la maison de Germaine Martin-Combes, fille d'Emile Combes, à Pons. A cette époque, il cherche précisément à rétablir le contact avec les responsables de la Résistance, la plupart de ses camarades ayant été arrêtés. Il réussit à rencontrer Ribière, à Paris. Aux termes d'un accord conclu entre ce dernier et les dirigeants de l'OCM qui considèrent la région de Bordeaux comme " momentanément grillée " selon son expression, Roger Faraud se voit confier sur le plan civil la région Poitou-Charentes. Dès lors, il s'occupe de la mise en place des Comités départementaux de la Libération de cette région, informant de leur nomination les futurs préfets. Il propose ainsi, pour la Charente-Maritime, Pierre Verneuil, fortement recommandé par Germaine Martin-Combes. Il doit mettre le général Moraglia, chef des FFI de la région B1, en rapport avec les organisations paramilitaires de la région. Il est conduit aussi à travailler à l'unification et à l'armement des groupes de résistance proches de La Rochelle, sous les ordres du colonel Jean Christiaen. Le mouvement Libération-Nord apparaît ainsi avoir tenu un rôle important dans l'histoire de la Résistance en Charente-Maritime, même si ses effectifs n'ont jamais été très nombreux. Certains de ses membres n'ont pas vu la fin de la guerre. Edmond Grasset, nommé préfet de la Charente-Maritime de la Libération, est assassiné le 8 mai 1944 à Paris. Raymond Bouchet meurt en déportation, Léopold Robinet est fusillé le 11 janvier 1944 à Souges. Gaston Perrier meurt à La Rochelle en décembre 1944, alors qu'il est président du Comité local de la Libération. Il est frappant de constater que les survivants du mouvement sont appelés par la suite à exercer des fonctions civiques importantes : - Michel Boucher est conseiller général et devient, en 1981, président du conseil régional du Poitou-Charentes ; - Marcel Guillot, membre du Comité départemental de la Libération, est nommé maire de Saintes, puis, à la suite de problèmes de santé, il est remplacé dans cette fonction par André Maudet à son retour de déportation ; - Roger Faraud est président du CDL à la Libération puis il est plusieurs fois élu député de la Charente-Maritime ; - Pierre Lis, membre du CDL, devient maire de Royan en 1971. Le mouvement Libération-Nord a ainsi tenu une place très particulière dans l'histoire de la Résistance de la Charente-Maritime. Alors que par les effectifs recrutés, le mouvement semble peu développé, il est en revanche important par la qualité exceptionnelle des hommes qu'il a regroupés. Ils ont à la fois recueilli et communiqué de nombreux renseignements, participé aux actions les plus périlleuses qui soient, comme la réception de parachutages, et au travail essentiel qu'a été la mise en place des nouvelles institutions de l'après-guerre. 

Source(s) :

Yves Tricaud, « Le mouvement Libération-Nord », in CD-ROM La Résistance en Charente-Maritime, AERI, 2010.