L'organisation des maquis
Abris de fortune, les lieux d'accueil des maquis se diversifient et se structurent progressivement. Ces communautés clandestines s'organisent au milieu des bois ou des forêts, en maintenant des liens étroits avec la population locale qui se révèlent vitaux pour leur survie (renseignement, ravitaillement).
L'hébergement du maquis haut ▲
Avec l'instauration du STO, les jeunes citadins affluent vers les zones rurales: il s'agit de trouver des planques éloignées des grandes villes et des axes de communication contrôlées par les Allemands. Les zones forestières ou soumises à un fort exode rural constituent des lieux privilégiés (Vosges, Cévennes, Quercy, Causses, Cantal, Morvan). Les premiers maquisards s'installent alors majoritairement dans des fermes ou des chalets d'alpage le plus souvent abandonnés .La précarité de ces abris et la vigueur de l'hiver 1943-1944 expliquent pourquoi certains groupes décident de se séparer et ne se reforment qu'au printemps suivant. Les maquisards peuvent également utiliser des grottes ou cavernes naturelles, mais aussi creuser des tranchées (des « sapes ») à l'image de celle de la guerre 14-18. D'autres maquisards prennent parfois plus de risques en installant tout ou partie de leurs hommes dans des hameaux prétendument isolés. Au printemps 1944, les parachutages alliés permettent d'améliorer l'installation des maquisards en utilisant les toiles de parachutes en guise de tentes, à côté de la ferme principale. Ces constructions hétéroclites remplissent chacune une fonction particulière (intendance, cuisine, magasins). Il ne s'agit plus seulement de se cacher mais de s'installer jusqu'à la libération.
Jacques Canaud, Le temps des maquis, Editions De Borée, 2011.
La vie quotidienne au maquis haut ▲
La vie quotidienne au sein d'un maquis se structure autour d'un emploi du temps très strict et assez similaire d'un maquis à l'autre. Les corvées quotidiennes (notamment la recherche d'eau potable et de bois de chauffe) alternent avec les exercices de préparation militaire. Des chants et des jeux sont également organisés pour rompre la monotonie de cette emploi du temps quotidien.
Le ravitaillement est une des préoccupations journalières majeures au sein d'un maquis. Plusieurs sources d'approvisionnement sont possibles: à la chasse et la cueillette s'ajoute la possibilité d'être ravitaillés par les villageois ( ce qui est très difficile au vu des réquisitions imposées par l'occupant). Des « coups de mains » sont également organisés, notamment pour subtiliser de tickets d'alimentation, avec ou sans le consentement de la population. Le troc est également en vigueur. La situation varie dans des proportions très importantes selon que le maquis soit installé durablement et en lien avec les villageois ou au contraire, soumis à des déplacements incessants, qui obligent ses membres à survivre avec les denrées comestibles trouvées dans les zones forestières. Dans tous les cas, la faim et les carences alimentaires affectent les organismes. Le tabac, le thé, le vin, qui peuvent apparaître comme superflus, constituent autant de sources de réconfort qui permettent aux maquisards de tenir pendant les longs mois d'attente du débarquement. Les vivres apportées par avion sont également les bienvenus mais la réception des containers n'en permet pas toujours la consommation.
A l'été 1944, l'afflux d'hommes au sein des maquis, dont les plus importants dépassent le milliers d'hommes, nécessite la mise en place d'une logistique très importante: abattage journalier de bétail, fabrication de pain en grande quantité...Les compétences professionnelles des nouveaux arrivants sont mises à profit. Les Allemands tenteront ainsi de profiter de ce point faible des maquis pour tenter de les isoler de leurs sources d'approvisionnement.
Jacques Canaud, Le temps des maquis, Editions De Borée, 2011.
Relations avec la population locale haut ▲
Le maquis ne peut survivre sans le soutien de la population locale. L'aide des commerçants (boucher, épicier, boulanger) et des agriculteurs est indispensable pour fournir le ravitaillement nécessaire. Des agents des PTT acheminent ainsi le courrier, qui leur parviennent par poste restante et sous un faux nom. Certains paysans accueillent également les maquisards blessés ou ceux qui désirent monter au maquis. A la complicité du docteur, du curés , des commerçants et des agriculteurs s'ajoutent dans de nombreux départements la passivité de certains gendarmes, qui rejoignent parfois eux-mêmes le maquis en août 1944.
Outre le ravitaillement, l'aide des agriculteurs est également requise afin de réceptionner les parachutistes alliés et les containers disséminés en pleine nature et acheminés grâce aux chariots, charrettes et attelages des environs. Jacques Canaud emploie le terme de « maquis diffus » pour décrire l'intensité des liaisons existants entre les maquisards et des habitants d'un village, qui consacrent leur temps libre à aider le maquis.
A partir du printemps 1944, des "bons de réquisition" sont remis aux villageois, ils peuvent également être rémunérés grâce au soutien de l'organisation résistante (AS, Service Maquis, Groupes francs). La ville fournit au maquis produits rares, argent, renseignements.
Après le débarquement, l'afflux de nouveaux maquisards et leur échec militaire face à la mobilisation allemande entrainent la dispersion de maquis dont les membres trouvent alors refuge dans les fermes avoisinantes. Entre juin et septembre 1944, les fraternisations au sein de la population locale sont de plus en plus nombreuses, spectaculaires et parfois très imprudentes. Les témoignages de plusieurs chefs de maquis montrent que les représailles visant la population locale ne font qu'accroître l'aide apportée aux maquisards.
Jacques Canaud, Le temps des maquis , Editions De Borée, 2011.
François Marcot, "Vie au maquis", Dictionnaire historique de la Résistance.