Etat français et collaboration



Le 26 juin 1940, au lendemain de l’entrée en vigueur des armistices, Pétain annonce qu’ « un ordre nouveau commence ». Le 10 juillet, le Parlement lui vote les pleins pouvoirs et le lendemain, la IIIe République meurt pour faire place à l’État français. Très vite arrivent les premières mesures établissant cet « ordre nouveau » : la création de la Légion française des combattants, les internements administratifs, le statut des Juifs, le remplacement des Conseils généraux par une commission administrative nommée… La poignée de mains de Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940, symbolise la « collaboration », qui sera officiellement annoncée par Pétain une semaine après. La création des structures nécessaires à cette politique intervient rapidement.



        French State and Collaboration

June 26th, 1940, the very next day after the armistices come into force, Petain announces that a "new order is beginning". July 10th, Parliament votes him into full power, and the next day, the Third Republic dies to make way for the French State. The first measures establishing this "new order" arrive very quickly: the creation of the French Legion of combatants, administrative detentions, the status of Jews, the replacement of General Councils by an administrative panel appointed...The Montoire handshake, on October 24th, 1940, symbolises the "collaboration" which will be officially announced by Petain a week later. The creation of structures necessary for this policy comes quickly.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s): Robert Serre
Source(s):

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

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Organisation administrative sous Vichy haut ▲


Assommés par la défaite, les Français se rangent derrière l'illustre vainqueur de Verdun. Son gouvernement veut tirer profit de la situation internationale et de l'occupation de plus de la moitié du territoire français pour imposer une Révolution nationale. Dans les départements, les préfets qui, par leur serment, ont fait allégeance, sont chargés d'appliquer cette politique. Il s'agit de rénover les structures politiques, économiques et sociales du pays dans tous les domaines : agricole, industriel, jeunesse, assistance, etc.

On remarquera, en consultant les listes du personnel préfectoral, combien la Drôme a été marquée par l'instabilité pendant cette période de guerre, avec cinq préfets nommés par Vichy et autant de secrétaires généraux, et des sous-préfectures connaissant aussi une certaine fragilité.




       Administrative Organization under Vichy



Stunned, the French fall behind the illustrious victor of Verdun. Its government wishes to make a profit from the international situation and from the occupation of more than half of France's territory in order to impose a national Revolution. In the counties, the prefects who, by their oath, made allegiances are charged with putting their politics to practice. It consists of renovating political, economic and social structures of the country in all domains: agricultural, industrial, youth, assistance, etc.

One will remark, in consulting the lists of prefectural personnel, how much Drôme had been marked by instability during this period of the war, with five prefects appointed by Vichy and many secretary generals and subprefectures also experiencing a certain fragility.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Camps drômois pour Indésirables haut ▲

 

De nombreux habitants des nations sous les régimes nazis et fascistes ont dû quitter leurs pays pour échapper à la répression à partir de 1933. Ce sont les Allemands d’abord, puis les Autrichiens – parmi eux de nombreux juifs – suivis des Tchèques, et d’autres ressortissants des pays d’Europe centrale occupés par l’Allemagne. En janvier et février 1939, massivement, les Espagnols passèrent la frontière pour échapper aux troupes franquistes.

Dès 1938, surtout, une série de mesures législatives et réglementaires encadra strictement leurs conditions de séjour en France. Une propagande xénophobe, exacerbée par la presse d’extrême droite, entretenait une haine contre ces « indésirables ».

Nombre d’étrangers furent internés dans des camps. Les premiers, Gurs, Argelès, etc., « accueillirent » les réfugiés espagnols, dans des conditions inhumaines. Avec la déclaration de guerre, ce sont les « ressortissants de puissances ennemies », Allemands, Autrichiens résidant en France, qui sont internés, alors qu’ils avaient fui les persécutions antisémites ou la répression politique, et que, pour une grande partie, ils auraient souhaité participer à la lutte contre les nazis dans l’armée française – ce qui leur était refusé, sauf dans la Légion étrangère.

La politique de Vichy amplifia ces dispositions de la IIIe République finissante et précéda, souvent, celles de l’occupant allemand en ce qui concerne les juifs.

Dès septembre 1939 dans la Drôme, des camps sont installés à Loriol et Montélimar : ils recevront en plusieurs périodes divers types d’internés. Créés par l’État de Vichy, les Groupes de travailleurs étrangers (GTE) se multiplient rapidement. Crest finit par devenir le centre départemental de distribution de travailleurs bon marché.

 



     Drômois Camps for "Undesirables"


Numerous inhabitants from nations under the Nazi and Fascist regimes had to leave their country to escape the oppression starting in 1933. Starting with Germans, and later Hungarians—including numerous Jews—followed by Czechs, and others escaping German-occupied central Europe. In January and February of 1932, Spaniards in great numbers crossed the border to escape Franco troops.

From 1938 in particular, a series of legislative measures and regulations strictly organized the conditions under which they could stay in France. A xenophobic propaganda, exacerbated by pressure from the far right, fostered a hatred of these "undesirables".

A number of foreigners were interred in camps. The first ones, Gurs, Argelès, etc. "accommodated" Spanish refugees in inhuman conditions. With the declaration of war, it was the "citizens of enemy power", Germans and Hungarians residing in France, who were interned, while they had fled anti-Semitic persecution or political repression and who for the most part, had wanted to participate in the fight against the Nazis in the French army—which they were refused, except for in the Foreign Legion.

The politics of Vichy amplified these provisions of the Third Republic and often preceded those of the German occupiers concerning the Jews.

From September 1939 in Drôme, the camps were created in Loriol and Montélimar: over several periods they received diverse types of prisoners. Created by the state of Vichy, the Foreign Workers Groups rapidly multiplied. Crest became the central department for the distribution of cheap workers.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

H. Mauran, V. Giraudier, J. Sauvageon, R. Serre, Des Indésirables. Les camps de travail et d’internement durant la Seconde Guerre mondiale dans l’Ardèche et la Drôme, éd. Peuple Notre Temps, Valence, 1999

Organisations et partis de l'État de Vichy haut ▲

 

Assommés par la défaite, les Français se rangent derrière l'illustre vainqueur de Verdun, le maréchal Pétain. Son gouvernement veut tirer profit de la situation internationale et de l'occupation de plus de la moitié du territoire français pour imposer une Révolution nationale. Dans les départements, les préfets qui, par leur serment, ont fait allégeance, sont chargés d'appliquer cette politique. Il s'agit de rénover les structures politiques, économiques et sociales du pays dans tous les domaines : agricole, industriel, jeunesse, assistance, etc.
Le personnel préfectoral de la Drôme a subi une grande instabilité pendant cette période de guerre.

Tous les anciens partis politiques ont été dissous et interdits. Seuls subsistent les partis collaborationnistes, tels le PPF, le seul important dans la Drôme.

Pour aider à la mise en place de la Révolution nationale et écarter les organisations existantes, le gouvernement de Vichy crée une série d'organismes qu'il veut à son service. Tous n'auront pas l'efficacité souhaitée et ne donneront pas les résultats escomptés, certains mêmes finissants par alimenter la Résistance. Mais leur rôle sur le terrain a cependant été primordial, tant sur le plan idéologique, que sur celui de la répression.



  Organizations and Parties in the State of Vichy

Stunned, the French settle down behind the illustrious hero of Verdun, Marshal Petain. Its government wishes to make a profit from the international situation and from the occupation of more than half of French territory in order to impose a national Revolution. In the counties, the prefects who are bound by their oath of allegiance, are charged with putting this politic into practice. It consists of renovating political, economic and social structures of the country in all domains: agriculture, industry, youth, assistance, etc.

During this period, the prefectural staff suffered a great instability.

All former political parties were disbanded and forbidden. The only ones remaining were the collaborationist parties, such as the FPP (French Popular Party), the only important party in Drôme.

In order to facilitate the National Revolution and eliminate existing organizations, the government of Vichy created a series of agencies to have in its service. Not all will have the desired efficiency, nor yield the desired results—some even ending up fueling the resistance. But their role in the field has been nonetheless crucial, though more focused on ideology than repression.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Relève et STO haut ▲

 

Durant les deux premières années de la guerre, les occupants nazis essaient d’appâter les Français par des promesses de conditions de vie et des salaires faramineux pour qu’ils se rendent dans les bureaux d’embauche qui les enverront outre-Rhin. En 1942 leurs besoins de travailleurs se multiplient dans les exploitations agricoles et les usines allemandes pour suppléer leurs hommes mobilisés. Besoins qui s’accentuent en fin d’année lorsque, bousculés par les forces soviétiques, il leur faut envoyer de plus en plus de combattants sur le front de l’Est. Le responsable du recrutement de main-d’œuvre dans les pays occupés, Fritz Sauckel, aggrave ses exigences. Laval, chef du gouvernement, finaude et marchande. La Relève, départ d’ouvriers volontaires pour travailler en Allemagne, est instituée par le gouvernement de Vichy pour satisfaire aux pressantes demandes allemandes de main-d’œuvre. Laval l’annonce lui-même dans une allocution le 22 juin 1942. Au moment où la France a un million de prisonniers, les Allemands promettent de libérer un prisonnier de guerre pour trois ouvriers volontaires. Cette initiative choque les Français. Ce sera un marché de dupes, les Allemands ne tenant que très partiellement leur promesse.

Le 4 septembre 1942, l’échec de la Relève conduit Vichy à passer à la contrainte : une loi établit la réquisition de main-d’œuvre, concernant les hommes de 18 à 50 ans et les femmes de 21 à 35 ans, pour « effectuer tous travaux que le gouvernement jugera utiles dans l’intérêt de la Nation ». On notera que ce texte ne mentionne nullement en quel pays seront effectués ces travaux.

La loi de réquisition n’est pas suffisante, les pressions allemandes s’accentuent : le gouvernement vote le 16 février 1943 une loi instituant le Service du travail obligatoire (STO) de deux ans en Allemagne. Un nouvel accord franco-allemand signé le 17 septembre 1943 décide de privilégier le maintien de la main-d’œuvre disponible sur le territoire français, dans les usines travaillant pour l’occupant. Le 1er février 1944, une nouvelle loi sur le STO est promulguée par Vichy : la réquisition s’applique alors aux hommes âgés de 16 à 66 ans et aux femmes sans enfants âgées de 18 à 45 ans. Tout cela n’aura guère de résultat.

Par contre, ces contraintes amènent de nombreux jeunes gens à fuir et se cacher pour y échapper : de camouflés dans les fermes ou le maquis, ils deviendront en grand nombre des résistants.



     The Relief (Relève) and the Compulsory Work Service(STO)

 

During the first two years of the war, Nazi occupiers tried to bait the French with promises of incredible salaries and living conditions, so that they would go to the hiring offices and be sent to Rhine. In 1942, the need for workers is increasing inH farms and factories to supply their mobilized troops; needs which grow by year until, jostled by Soviet forces, they are forced to send more soldiers on the eastern front. Fritz Sauckel, responsible for workforce recruitment in occupied countries, increases his demands. Laval, the head of government, is cunning and marketable. La Relève, the initial workers volunteering to work in Germany, is instituted by the government of Vichy to satisfy the Germans' pressing demands for a work force. Laval introduces himself in a speech on June 22d, 1942. The moment that France has one million prisoners, the Germans promise to liberate one prisoner of war per three voluntary workers. This initiative shocks the French. This will be a fool's bargain, as the Germans only partially keep their promise.

September 4th, 1942, the la Revele's failure drives Vichy to buckle under the pressure: a law establishes a requisitioning of the workforce, concerning men from eighteen to fifty, and women from twenty-one to thirty-five, to "perform any work that the government deems appropriate in the interest of the Nation". One will note that this text gives no mention of the country in which the work will be performed.

The requisition law is not sufficient, and the Germans' demands become more marked: on February 16th, 1943, the government votes on a law that institues a Compulsory Work Service (CWS) for two years in Germany. A new Franco-German agreement signed on September 17th 1943 decides to favour the maintenance of a workforce that is available on French territory, in factories serving the occupation. On February 1st, 1944, a new law concerning the CWS will be promulgated by Vichy: the requisition now applies to men aged sixteen to sixty-six and childless-women aged eighteen to forty-five.

All of this scarcely has any result. However, these constraints force many young people to flee and hide to escape the compulsory workforce: hidden in farms and bushes, a great many of them will join the Resistance.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Fêtes du Maréchal haut ▲



La Drôme n’a pas vécu de fête en l’honneur de la venue du Maréchal car c’est un des rares départements de la zone non occupée qu’il n’a jamais visité. Néanmoins, dans le cadre de la réglementation et du calendrier officiels, l’État par son préfet, la Légion, les organismes et partis vichystes n’ont pas manqué de rivaliser de zèle et d’ardeur pour organiser des fêtes.

La fête sous Vichy est un outil de propagande. L’individu disparaît dans la masse ancrée dans son terroir et son folklore. On y célèbre le corporatisme, le colonialisme, la virilité, on y vénère la religion, la tradition, on y donne en exemple les figures mythiques de Jeanne d’Arc, de Vercingétorix, de Lyautey et bien sûr de Pétain.

Cependant ces fêtes donnent lieu à de nombreux incidents car elles sont l’occasion pour la Résistance de manifester son opposition sous des formes diverses et avec un certain éclat.

En 1940, trois semaines après l’armistice, le cœur n’est pas aux réjouissances. Le 14 juillet, à Crest, « la fête a été célébrée, cette année, dans le deuil et le recueillement. La population de Crest se pressait, en foule, aux services religieux de la matinée, avant de se masser sur le cours de Joubernon, pour y évoquer, autour du monument, le souvenir des morts de la guerre… » Devant un détachement des troupes stationnées à Crest, on procède à un dépôt de gerbes et on écoute l’allocution du maire Rozier.

Ce n’est qu’en 1941 que se mettent en place des journées festives, avec des fêtes de la jeunesse spécialement organisées le 9 mars dans plusieurs villes de la Drôme pour recevoir Georges Lamirand, secrétaire général à la Jeunesse.


     The Marshall's Holidays


Drôme did not celebrate the honor of the Marshall's arrival, since it was one of the rare counties in the occupied zone that he never visited. Nevertheless, under the rules and official schedule, the State by its prefecture, the Legion, the agencies, and Vichyist parties did not fail to emulate the zeal and ardour for organising parties.

Parties in Vichy are a propaganda tool. The individual disappears in the mass, fixed in his soil and folklore. Corporatism, colonialism and virility are celebrated; religion and tradition are revered, and the likes of mythical figures Jeanne d'Arc, Vercingetorix, Lyautey, and of course, Petain, are given as examples.

However, these parties lead to numerous incidents, since they are an occasion for the Resistance to manifest its opposition in various forms, and with a certain splendor.

In 1940, three weeks after the armistice, hearts are not in the festivities. July 14th, in Crest, "the holiday was celebrated, this year, in grief and reverence. The population of Crest flocked to morning religious services, before amassing on the Cours Joubernon, to evoke around the monument, the memory of those killed in the war..." Faced with a withdrawal of troops stationed in Crest, they lay wreathes, and heard mayor Rozier's address.

It is not until 1941 that festivities are put into place, with celebrations of youth specially organised for March 9 in several cities in the Drôme to receive Georges Lamirand, Secretary General for Youth.


Traduction : Megan Berman

Auteur(s) : Robert Serre
Source(s) :

Rémi Dalisson, Les fêtes du Maréchal, propagande et imaginaire dans la France de Vichy, Paris Tallandier, 2007. Archives communales de Crest, non classées.