Les combats du 25 août

Le 25 août 1944, à 8h30, le groupe tactique Billotte arrive à la Préfecture de Police. Billotte, après des discussions avec Ely, Chaban-Delmas et Parodi, rédige un ultimatum à Von Choltitz, commandant de Paris pour le Reich. Choltitz le refuse. Suivi du groupement Dio prêt à intervenir, le général Leclerc s'est réservé avec son escadron de protection la porte d'Orléans et la gare Montparnasse où il établit son PC à 10h.
Le groupement Dio met en route deux colonnes : Noiret passe par les boulevards extérieurs pour se rabattre sur le Champ de Mars ; Rouvillois, s'assurant au passage des ponts principaux, converge par les Invalides vers le Palais Bourbon et le quai d'Orsay. Le Central téléphonique de la rue des Archives contrôlant les communications téléphoniques à distance est attaqué par les FFI  avec les renforts apportés par les hommes du capitaine Dronne. A 12h30, pour la première fois depuis juin 1940, le drapeau tricolore flotte sur la Tour Eiffel.

A 13h, Warabiot et ses hommes de la 2e DB, stationnés au Châtelet, reçoivent l’ordre de Billotte d’attaquer la Kommandantur, située place de l'Opéra. Le Sénat, dans les Jardins du Luxembourg, où sont retranchés environ 600 soldats allemands dont quelques troupes SS bien décidées, est attaqué vers 14 heures par les FFI (sous les ordres du colonel Fabien), la 2e DB (un détachement du lieutenant colonel Putz et l'escadron de protection du général Leclerc aux ordres du capitaine de Boissieu) et quelques éléments américains. 

Le groupement Langlade atteint en début d'après-midi l'avenue Victor-Hugo, l'action principale est portée sur l'avenue Kléber. Ses hommes font la jonction avec ceux de Billotte à la Concorde.
A 14h30, le groupe tactique Langlade obtient la reddition des Allemands du Majestic, ancien siège du Militarbefehlshaber in Frankreich, le commandement en chef pour la France.
Les Allemands de la Kommandantur fixent le drapeau blanc sur le balcon vers 15h. Une douzaine d’officiers et 250 hommes se rendent aux soldats de Leclerc renforcés des FFI.
A 15h, après de rapides et violents combats dans le secteur Concorde-Tuileries, les blindés du groupe tactique Billotte et les FFI prennent l’hôtel Meurice, siège du quartier général du commandant du Gross-Paris et capturent Von Choltitz.

Auteur(s): Département AERI

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Arrivée de la 2e DB - Leclerc à la gare Montparnasse haut ▲

A 7 h, à la périphérie de Paris, les groupes tactiques de la 2e DB se mettent en marche. Une heure plus tard, ils pénètrent dans Paris par les portes de Gentilly, d’Orléans et de Saint-Cloud. 

Le général Leclerc s'est réservé avec son escadron de protection la porte d'Orléans et la gare Montparnasse. Chaban, suivant l'ordre de Koenig, se porte à sa rencontre et le guide à bord de son scout-car, jusqu'à la gare Montparnasse où Leclerc établit son PC à 10h. 

Leclerc a choisi cet emplacement pour son poste de commandement car il disposait ainsi du réseau téléphonique des chemins de fer et voulait à tout moment être renseigné sur les possibilités de contre-attaque des Allemands. Comme l'a souligné le général de Boissieu, dans l'esprit de Leclerc "ce n'etait pas tout de libérer la capitale, il fallait ensuite la tenir et la protéger d'un retour des Allemands, d'où les reconnaissances vers le nord dès le 25 août et les combats meurtriers au Bourget pour arrêter la 47e division allemande qui avait reçu mission de reprendre Paris le lendemain du défilé des Champs-Elysees et la repousser".

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004
A. de Boisseu, "
La remarquable et secrète entente de Gaulle / Leclerc pour la libération de Paris" in Revue militaire suisse, n°132, 1987.

La prise du central téléphonique haut ▲

Le 25 août 1944 au matin, une auto-mitrailleuse allemande entre au central téléphonique de la rue des Archives. Le contrôle du central est particulièrement important car il assure les communications téléphoniques à distance. Les FFI attaquent immédiatement pour empêcher toute tentative de sabotage. Les Allemands s'y retranchent. L'attaque continue grâce aux renforts de policiers et de gendarmes. L'ennemi fait diversion en lançant des opérations contre la mairie du IIIe arrondissement et le square du Temple.

Le capitaine Dronne, dont le détachement du IIIe RMT est depuis la veille autour de l'Hôtel de Ville, est sollicité par les FFI en difficulté pour dégager le central, toujours occupé par les Allemands et miné par surcroît. Dronne forme deux groupes : l'un aux ordres du lieutenant Michard, prend la rue des Archives et pousse des éclaireurs jusqu'à la place de la République. L'autre commandé par le lieutenant Hélias s'engage dans la rue du Temple où il essuie des tirs d'armes automatiques. L'adjudant Caron est mortellement blessé. L'assaut du central est donné et l'objectif atteint. Les chars du IIIe RMT du capitaine Dronne arrivent pour seconder les FFI. L'officier allemand qui a miné le central est contraint de désamorcer les charges sous le contrôle des hommes du génie et de spécialistes venus de la Préfecture de Police. 31 Allemands sont faits prisonniers dont un officier.

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

La prise de la Kommandantur, de l'Hôtel Meurice et de l'Hôtel Majestic haut ▲

A 13h, Warabiot et ses hommes de la 2e DB, stationnés au Châtelet, reçoivent l’ordre de Billotte d’attaquer la Kommandantur, située Place de l'Opéra.
Le groupement Langlade atteint en début d'après-midi l'avenue Victor-Hugo, l'action principale est portée sur l'avenue Kléber. Ses hommes font la jonction avec ceux de Billotte à la Concorde. A 14 h 30, le G.T. Langlade obtient la reddition des Allemands du Majestic, ancien siège du Militarbefehlshaber in Frankreich, le commandement en chef pour la France.
Les Allemands de la Kommandantur fixent le drapeau blanc sur le balcon vers 15 h. Une douzaine d’officiers et 250 hommes se rendent aux soldats de Leclerc renforcés des FFI. A 15 h, après de rapides et violents combats dans le secteur Concorde-Tuileries, les blindés du G.T. Billotte et les FFI prennent l’hôtel Meurice, siège du Q.G. du commandant du Gross-Paris et capturent Von Choltitz.

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

L’Ecole militaire haut ▲

A l'Ecole militaire, la garnison allemande commandée par le major Neumann s'est retranchée avec quelques pièces antichars. Le combat engagé ce 25 août vers 13h est dirigé par le capitaine Gaudet assisté du capitaine de Bréville. L'assaut final de l'Ecole est lancé par trois sections de FFI et une du Génie. Des combats rapprochés se déroulent jusque dans les escaliers et les couloirs. A 16h30, deux officiers allemands présentent la reddition de la garnison qui est reçue par le lieutenant Hannezo. 470 soldats allemands sont faits prisonniers et il y a de nombreux morts. Mais les FFI et le détachement de la 2e Division blindée, chargés de l'opération, ont également essuyé de lourdes pertes.

Parmi les FFI, les maquisards du colonel O'Neill qui ont rejoint la 2e DB la veille en banlieue Sud après avoir participé à la libération de la région d'Orléans. Cinq d'entre eux seront tués : Louis Bareille, Lucien Bennetot, Robert Coudon, Maurice Legesne et Gilbert Rousset. Dans les rangs de la 2e DB on relève le caporal-chef Albert Genna du 1er RMT et le spahi Pierre Deville du 1er RMSM ainsi que de nombreux blessés. Rue du Laos ont été tués le GI américain Wladimir Obidine et Georges Rabeil. Sur une barricade près de la place Cambronne sont tombés les FFI Roger Bourlet, Louis Debailleux et Alexandre Duchet ; avenue de Lowendal, Louis Carroue et Jacques Hardy ; avenue de la Motte-Picquet-Grenelle, l'équipier de la Défense passive Roland Abon et Jean-Georges Battut ; rue de Saxe, Jean-Marie Plessier de Winter ; avenue de Ségur Jean-Robert Groslier-Douglas ; avenue de Tourville, Alexandre Druhot ; et encore le conseiller d'état Gabriel Tréteaux, alors qu'il accroche à son balcon un drapeau français, Solange Pécaut tuée à sa fenêtre.

Source(s) :

Gilles Primout, La libération de Paris
Bruno Renoult, 1944 Guerre en Ile-de-France, vol V "La chute du Grand Paris"

Le ministère des Affaires étrangères et le Palais-Bourbon haut ▲

Le groupement Dio est divisé en deux détachements. Le premier, aux ordres du colonel Rouvillois, doit se porter au Quai d’Orsay par la Gare Montparnasse, les Invalides et la Chambre des Députés. Le colonel Noiret commande le second et doit emprunter les boulevards jusqu’à la Seine pour en tenir les ponts.

A 7h15 ce 25 août 1944, les colonnes s’ébranlent. Après une progression rapide, les premiers éléments blindés entrent dans la capitale vers 9h00. Des accrochages se produisent au ministère des Affaires étrangères et au Palais Bourbon. Une section de chars y force une barricade isolant la place des Invalides. A l’angle de l’Esplanade des Invalides et de de la rue de l’Université, l’accueil réservé par les Allemands y est encore plus virulent. Le ministère prend feu, un Sherman est détruit.

Il n'y aura pas d'assaut de la Chambre des députés. En effet, vers 16 heures, des draps blancs sont agités aux fenêtres et c'est dans le plus grand désordre que combattants et Parisiens pénètrent dans les lieux que la Wermacht avait transformés comme pour soutenir un siège. Les prisonniers allemands sont rassemblés dans la cour avant d'être emmenés vers un lieu de rassemblement. 

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Les combats du Luxembourg haut ▲

Le Sénat, dans les Jardins du Luxembourg, où sont retranchés environ 600 soldats allemands dont quelques troupes SS bien décidées, est attaqué vers 14 heures par les FFI (sous les ordres du colonel Fabien), la 2e Division Blindée (un détachement du lieutenant colonel Putz et l'escadron de protection du général Leclerc aux ordres du capitaine de Boissieu) et quelques éléments américains. Les combats seront particulièrement meurtriers. 

Source(s) :

DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

La place de la République haut ▲

La reddition la plus importante après celle du Luxembourg est celle de la caserne du Prince Eugène, place de la République. 

A la veille de l'insurrection, la caserne Prince Eugène est transformée en camp retranché et de nombreuses patrouilles en sortent régulièrement pour inspecter les environs. Des pièces d'artillerie ont été disposées au débouché des principales avenues qui donnent sur la place : avenue de la République, boulevard Voltaire, boulevard Saint Martin, rue du Faubourg du Temple, boulevard du Temple ; deux blockhaus prennent sous le tir le boulevard Magenta. Un champ de mines empêche la traversée entre les deux terre-pleins centraux séparés par la statue.

De leur côté, les FFI à l'appel du colonel Rol-Tanguy ont érigé des barricades rue du Faubourg du Temple, rue de la Fontaine-au-Roi, rue de la Douane ; ils se tiennent en masse sur le quai de Valmy mais ne peuvent approcher à cause de la puissance de feu des Allemands. Le camp retranché s'est transformé en piège pour les cinq cents soldats qui tiennent la caserne. L'ennemi ne pourra pas sortir mais il faudra attendre le 25 août, l'arrivée des chars du général Leclerc pour le réduire. 

Le 25 août, les FFI progressent lentement par les toits, sur les trottoirs par bonds de porte en porte. Ils arrivent de toutes parts. Les servants des pièces allemandes, installées au débouché des avenues, sont des cibles de choix mais causent des pertes sévères aux assaillants qui les encerclent. Manifestement ils n'ont pas l'intention de se rendre aux "terroristes". Certains tentent de s'enfuir par une bouche de métro. Ils seront mis hors de combat par des groupes de FFI qui ont envahi les souterrains. Le capitaine Lebert est allé en personne réclamer des renforts à l'Hôtel de Ville et revient avec environ cent cinquante hommes. La nasse se resserre. Les soldats allemands sont obligés de se réfugier dans la caserne. Mais, postés aux fenêtres, ils tiennent encore la place sous leurs feux. L'entrée principale est trop étroite pour envisager un assaut de la part des FFI.

Capturé à l'hôtel Meurice, le général Von Choltitz a signé sa capitulation à la Préfecture de Police. Il s'est engagé dans ce document à donner l'ordre à ses troupes de se rendre. Plusieurs officiers de la 2e Division blindée accompagnés d'officiers allemands font le tour des derniers points de résistance pour diffuser cet ordre et obtenir la reddition des derniers combattants. Le lieutenant de vaisseau Vivier, du régiment blindé de fusiliers marins, et un officier allemand, agitant un drapeau blanc, s'approchent de la statue de la République et annoncent au microphone de leur véhicule que le combat doit cesser. Un parlementaire sort de la caserne. Les FFI qui n'ont pas tous compris le message continuent leurs tirs. Le lieutenant Vivier remonte alors dans son char et entreprend un tour complet de la place en agitant un drapeau tricolore et en criant qu'il faut cesser le feu. Quelques balles allemandes lui font écho. Le calme s'établit enfin et la garnison se rend. Elle compte plus de cinq cents hommes.

Source(s) :

Gilles Primout, "La Caserne Prince Eugène, une forteresse"

Le sort des prisonniers allemands haut ▲

L’historien Adrien Dansette estime les pertes allemandes pendant la Libération de Paris à 3 200 tués dans les combats et 12 800 prisonniers. De nombreux témoins rapportent que les soldats craignent par-dessus tout de tomber aux mains des « terroristes ». A force de les avoir diabolisés auprès de la population civile ont-ils fini par croire à leur propre discours ? Ils n’acceptent de se rendre qu’à des militaires. La reddition auprès des Américains ou des soldats de la 2e Division blindée est, bien entendu, la solution la plus recherchée. 

Source(s) :

Gilles Primout, "Le sort des prisonniers allemands"